Terres australes et antarctiques françaises

Focus sur la protection des albatros

  • Publié le 24 octobre 2010 à 09:00

Dans le cadre de la Fête de la Science, les Terres Australes et Antarctiques Françaises (Taaf) et l'Institut Poliare français Paul-Emile Victor ont organisé le 22 octobre dernier une conférence sur "les îles subantarctiques : un laboratoire naturel à ciel ouvert sur la biodiversité". L'occasion pour les Taaf de proposer un focus sur la protection des albatros dans les îles subantarctiques et que nous publions intégralement.

Les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) forment le territoire d'Outre-mer le plus isolé. Aux abords des 40ème rugissants et des 50ème hurlants, les îles de Crozet, Kerguelen, Amsterdam et Saint-Paul constituent de véritables sanctuaires pour la biodiversité. Pendant des millions d'années, dans l'isolement le plus total, la vie s'y est développée avec vigueur malgré les conditions climatiques extrêmes. Cet éloignement a permis aux espèces d'évoluer à l'abri des sources de pollution et de pressions humaines. Les écosystèmes nous sont donc parvenus dans un état de conservation remarquable. Ainsi, Crozet et Kerguelen abritent les populations d'oiseaux marins les plus riches et plus diversifiées au monde. Crozet accueille par exemple plus de 25 millions d'oiseaux en période de reproduction !

Un certain nombre de menaces pèsent néanmoins sur la faune et la flore de ces îles subantarctiques. Afin de les protéger plus efficacement, elles sont désormais classées en réserve naturelle nationale. Cette réserve, qui est de loin la plus grande réserve naturelle de France et le plus grand site classé d'Europe au titre de la convention internationale RAMSAR (protection des zones humides), est un site de reproduction majeur pour de nombreuses espèces d'oiseaux marins, notamment les albatros. Sept espèces d'albatros mondialement menacées s'y reproduisent.

En raison de leur rôle indispensable dans le fonctionnement des écosystèmes de ces régions, et de leur valeur patrimoniale unique, il est indispensable de conserver ces espèces menacées. Un certain nombre de mesures sont d'ores et déjà mises en place pour protéger ces oiseaux à terre, lorsqu'ils viennent se reproduire. En effet, ils sont très vulnérables pendant cette période. N'ayant jamais connu de prédateurs, ils n'ont jamais développé de mécanismes de défense et sont très fragiles face à certains mammifères introduits - volontairement ou accidentellement - par l'homme comme les chats ou les rats.

Si la réserve permet de protéger les oiseaux à terre, il n'en est pas de même en haute mer, sur leurs zones d'alimentation. Ils y sont victimes d'une mortalité élevée liée à certaines activités de pêche. Attirés par les appâts accrochés aux milliers d'hameçons disposés le long de lignes de plusieurs dizaines de kilomètres appelées palangres, de nombreux albatros s'accrochent et périssent noyés.

Les efforts développés par les Taaf et les armateurs ont permis de stopper cette mortalité dans les eaux sous juridiction française. Malheureusement, ces oiseaux qui parcourent des milliers de kilomètres pour s'alimenter, prospectent des secteurs où les mesures de protection sont inexistantes. De nombreux efforts, au sein des organismes régionaux de gestion des pêches est donc nécessaire pour protéger définitivement ces oiseaux.

Par ailleurs, les Taaf ont remis début 2010 au Ministère en charge de l'Ecologie, un plan d'action Biodiversité pour mieux protéger ces écosystèmes fragiles. Parmi ces actions et dans le cadre du Grenelle de l'environnement, les Taaf mettent en place un plan national d'action pour la conservation de l'albatros d'Amsterdam.

Cette espèce, " en danger critique d'extinction ", constitue donc une priorité absolue en matière de conservation. On estime qu'il ne reste que 25 à 30 couples reproducteurs de cet oiseau endémique de l'île Amsterdam.

Les Taaf ont associé à cette démarche la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) pour la rédaction du plan. Un comité de suivi regroupant les scientifiques du CNRS de Chizé qui travaille sur cette espèce depuis de nombreuses années, l'Institut polaire français Paul-Emile Victor (Ipev), le Muséum national d'histoire naturelle, les organismes de pêche et les différentes administrations concernées a été mis en place en janvier 2010 par le préfet, administrateur supérieur des Taaf pour suivre les travaux et valider les mesures de conservation proposées.
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