Prévention - chikungunya

Une densité de moustiques exceptionnellement élevée

  • Publié le 5 avril 2011 à 06:00

Si aucun nouveau cas de chikungunya n'a été signalé à l'ARS (agence régionale de santé) en 2011, la densité de moustiques n'a jamais été aussi élevée. Les fortes pluies de la fin du mois de janvier ont mis en eau les gites larvaires et une maison sur trois en comportait au moins un en février.

Vraisemblablement, les virus de la dengue et du chikungunya ne " circulent pas dans l'île " en ce moment, a indiqué Olivier Reilhes, responsable adjoint du service de lutte anti-vectorielle de l'ARS, lundi 4 avril 2011. En revanche, la densité de moustiques enregistrée au mois de février est la plus élevée depuis plusieurs années.

" La situation est calme sur le front épidémiologique, mais elle est très intense sur le front des moustiques ", a-t-il indiqué. Selon lui, les mois de février et mars ont enregistré des densités de moustiques très élevées, en lien direct avec les fortes pluies du mois de janvier et la baisse de vigilance des Réunionnais.

" Entre février et janvier, les indices ont doublé, surtout dans le nord ", précise Olivier Reilhes. En moyenne sur l'île, l'indice de Breteau (utilisé pour calculer la densité de gîtes larvaires) affichait 100 gîtes larvaires pour 100 maisons en février. Dans le Nord, l'indice a même atteint 200 gîtes pour 100 maisons.

" C'est beaucoup. D'habitude, on se situe plutôt entre 25 et 30 gîtes larvaires pour 100 maisons. Ce sont donc des valeurs très élevées. Plus élevées que les années précédentes ", analyse-t-il en précisant que le chiffre a commencé à baisser au mois de mars.

L'indice maison, lui, a montré qu'un foyer sur trois comportait au moins un gîte larvaire en moyenne sur toute l'île en février. Même le standard du numéro vert mis en place pour les résidents qui souhaitent faire enlever des gîtes larvaires a explosé : plus de 800 appels au mois de février.

Ces chiffres exceptionnels sont dus aux fortes pluies de la fin du mois de janvier qui ont touché toute l'île et mis en eau, d'un coup, tous les gîtes larvaires. Quelques jours plus tard, la densité explosait. Une donnée inquiétante, mais surtout le signe que les Réunionnais sont moins rigoureux concernant la prévention. Et ce " malgré des années de mobilisation ", déplore Olivier Reilhes.

Car si aucun cas confirmé de chikungunya n'a été enregistré par l'ARS depuis le début de l'année 2011, " plus il y a de moustiques, plus le risque est important ", analyse-t-il encore. Et en revanche, des cas de dengues ont été signalés : un cas importé d'Indonésie a été confirmé, un cas probable viendrait de Thaïlande et sept cas probables seraient autochtones depuis début 2011.

Pour la dengue, le risque est encore plus important : aucune épidémie n'a jamais touché la Réunion et les habitants ne pas sont immunisés, contrairement au chikungunya pour lequel 30 à 35% de la population est considérée comme protégée.

Cette situation exceptionnelle montre aussi l'échec des politiques de prévention et des messages de communication rabâchés depuis l'épidémie fulgurante de chikungunya de 2005/2006. " Les gens connaissent le message. Ils le comprennent mais ils ne le mettent pas en pratique ", explique encore Olivier Reilhes qui pointe la déresponsabilisation individuelle ou le fatalisme.

Pourtant, " on estime que si tout le monde s'y mettait, il y aurait moins de moustiques ". C'est pourquoi l'ARS a installé des stands de sensibilisation dans les eco-villages installés par les communes un peu partout dans l'île dans le cadre de la semaine du développement durable. Principal objectif : lutter contre le dépôt sauvage de déchets et promouvoir les gestes de préventions de base.

Plus que jamais, il est donc conseillé d'éliminer les eaux stagnantes autour de la maison après chaque forte pluie. Au moins une fois par semaine il faut vider les coupelles sous les pots, vases, déchets, pneus, gouttières bouchées, fosses septiques non étanches etc...

Car le spectre d'une nouvelle épidémie de chinkungunya n'est pas écarté. Celui d'une épidémie de dengue encore moins. Et encore une fois, plus il y a de moustiques, plus le risque est important.

Marine Veith pour
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