Gel des suppressions de classes de primaire en 2012

Le "coup de bluff" de Nicolas Sarkozy

  • Publié le 23 juin 2011 à 06:00

En visite dans une école primaire en Lozère, Nicolas Sarkozy a annoncé ce mardi 21 juin 2011 le gel des suppressions de classes dans les écoles primaires à la rentrée 2012 "hors critères démographiques" (forte baisse du nombre d'élèves). Une "bonne nouvelle" que les syndicats souhaitent "replacer dans son contexte" à savoir "l'approche de l'élection présidentielle". Ces derniers préfèrent parler de "coup de bluff" et de "man?uvre électoraliste". Les politiques sont tout aussi sévères à l'annonce de cette mesure.

Nicolas Sarkozy tenterait-il de caresser les enseignants des écoles primaires dans le sens du poil ? C'est le sentiment qu'a Christian Picard, secrétaire général à la FSU (Fédération syndicale unitaire) à l'annonce faite par le président de la République d'établir un moratoire sur les suppressions de classes dans les écoles primaires à la rentrée 2012. "C'est un coup de bluff à quelques mois des élections", martèle le responsable syndical. Même son de cloche du côté du SE-Unsa où Jean-François Fontaine parle de "mesure électoraliste".

Les syndicats ne digèrent toujours pas les 1 500 suppressions de classes dans les écoles primaires à la rentrée prochaine. A La Réunion, 95 classes vont être fermées pour 64 qui seront ouvertes. Argument avancé par le rectorat, "il y aura 450 élèves en moins dans les écoles primaires à la rentrée prochaine". "Nous contestons vigoureusement ce chiffre. Il y aura davantage d'élèves à la rentrée 2011 que cette année", souligne Jean-François Fontaine.

Au delà de l'annonce du moratoire, les syndicats retiennent avant tout que "les suppressions de postes vont se poursuivre". 14 000 postes devraient être supprimés dans l'Education nationale en 2012 (contre 16 000 postes en 2011). A La Réunion, 162 postes seront supprimés à la rentrée prochaine. Les chiffres de 2012 ne sont pas encore connus.

"Au delà du gel des fermetures de classes de primaire, il faut un gel des suppressions de postes", souligne Patrick Corré, secrétaire général à la CGTR Educ'Action. "Puisque le nombre de suppressions de postes est maintenu, il est fort probable que ce soit les colleges et les lycees qui paient davantage la facture", prédit-il. Jean-François Fontaine acquiesce : "c'est vrai que nous avons des craintes pour le secondaire en 2012", affirme-t-il.

Les politiques sont tout aussi sévères. "C'est une démarche démagogique", fustige Ericka Bareigts, adjointe à la mairie de Saint-Denis en charge du "projet éducatif global". "C'est maintenant qu'il faut mettre les moyens nécessaires pour les écoles primaires et non pas attendre 2012, après la présidentielle", poursuit-elle. L'élue ainsi que d'autres conseillers municipaux de la ville s'étaient mobilisés à plusieurs reprises pour empêcher la suppression d'une quinzaine classes de primaire dans le chef-lieu. Ils ont réussi a sauver 5 classes.

Ericka Bareigts rappelle que le projet socialiste pour la présidentielle de 2012 prévoit "un gel des suppressions de postes et de classes dans l'éducation nationale". "Nous ne pouvons pas laisser Nicolas Sarkozy assassiner notre système éducatif", conclut l'adjointe au maire qui annonce que "les mobilisations vont se poursuivre à la rentrée prochaine". Les syndicats n'excluent pas non plus de descendre dans la rue à la rentrée.

Mounice Najafaly pour www.ipreunion
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