Projet d'augmentation de la TVA pour les hôtels de plus de quatre étoiles

Une menace pour le tourisme à la Réunion

  • Publié le 9 septembre 2011 à 06:00

Dans le cadre du vote du plan de rigueur, le gouvernement prévoit d'augmenter la TVA de 2% sur les nuitées en hôtels 4 étoiles et plus. Une mesure qui ne fait pas l'unanimité parmi les parlementaires qui doivent la voter, et révolte les hôteliers. A la Réunion, elle est particulièrement mal accueillie. Le tourisme d'agrément commence à décoller et les hôtels haut de gamme sont les premiers moteurs de cette croissance.

La Réunion compte 6 hôtels quatre étoiles et un hôtel cinq étoiles. C'est peu mais ces établissements jouent un rôle important dans les performances du tourisme réunionnais. Et l'idée de supporter une hausse de la TVA n'enchante bien sûr pas les professionnels du tourisme, et en premier lieu, l'IRT (Ile de la Réunion Tourisme). "  Je suis très réticent à cette idée. Au moment où le tourisme d'agrément décolle, on voit bien que les 4 et 5 étoiles ont le vent en poupe " à la Réunion, indique jeudi 8 septembre son directeur, Pascal Viroleau.

D'après les chiffres publiés fin juillet et portant sur le mois de mai, les hôtels quatre et cinq
 étoiles ont réalisé la meilleure performance en terme de fréquentation 
(+ 35,3 % sur un an), grâce à une offre élargie. Les hôtels de cette catégorie ont
également le meilleur taux d'occupation (70,3 %), en progression de 10,9 points.


" Localement, notre objectif premier est de favoriser l'emploi. Je ne pense pas qu'en taxant plus, on puisse avoir suffisamment de retour pour créer de l'emploi ", poursuit le directeur de l'IRT avant d'ajouter qu' " à la Réunion, il n'y a pas de palaces à plusieurs milliers d'euros la nuit comme on peut en voir sur l'île Maurice ". Avec des nuitées à partir d'une centaine d'euros pour les quatre étoiles et plusieurs milliers pour les palaces, le terme " luxe " est très relatif et ne touche pas le même type de clientèle.

Sans compter que pour Pascal Viroleau, cela " cela creuserait l'écart avec nos concurrents de la zone ", notamment l'île Maurice. Si l'application de cette augmentation pourrait se chiffrer à quelques euros d'augmentation du prix d'une chambre en quatre étoiles, l'impact pour les hôtels réunionnais serait faible. Mais l'aspect psychologique pourrait avoir une influence. " Les clients qui ont les moyens de se payer de l'hôtellerie de luxe ne seront pas impactés. Mais ça peut avoir un effet négatif en terme d'opinion et de ressenti. Le problème, c'est que pour le client qui a un budget plus serré, le ressenti influence l'acte d'achat ", estime Patrick de Biasi, agent de voyage à Saint-Gilles.

Et du côté des hôteliers, bien sûr, on accueille très mal cette proposition. " L'état de santé économique des hôtels quatre et cinq étoiles à la Réunion ne permet pas de subir cette augmentation de la TVA. En plus, cela ne les incitera pas à augmenter leur niveau de gamme. De tels procédés vont freiner l'amélioration de la qualité des hôtels ", estime pour sa part, Michel Hirigoyen, directeur du Bellepierre, un hôtel quatre étoiles de Saint-Denis.

Un nouveau système de classification est actuellement en cours de mise en place en France pour s'aligner sur les classements internationaux. Actuellement répertoriés sur une échelle de 0 à 4 étoiles luxe, les hôtels seront, d'ici à juillet 2012, amenés à se repositionner sur une catégorisation allant de 1 à 5 étoiles. " Tout le monde va vouloir se déclasser... Où va-t-on ? Comment va-t-on se positionner par rapport à l'hôtellerie internationale ? ", indique un hôtelier qui souhaite rester anonyme.

Selon lui, les hôteliers vont chercher à rester compétitifs sur les prix et ne pas répercuter cette hausse sur les clients. " Cela va se ressentir sur l'investissement et l'emploi. Nous aurons moins d'argent pour embaucher et nous moderniser ", conclut-il.

Marine Veith pour  
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