Tandis que les bourses jouent au yoyo

L'or, la nouvelle valeur refuge

  • Publié le 29 septembre 2011 à 07:00

Depuis quelques semaines, la chute des bourses et devenue habituelle. Affolés par la crainte d'une récession mondiale, les marchés financiers ne cessent de dévisser. Dans ce contexte, le cours de l'or augmente en permanence et le métal précieux est devenu une valeur refuge sur laquelle les Réunionnais se jettent. Beaucoup vendent leurs bijoux pour un peu de cash. Les opérateurs se sont multipliés et la revente d'objets en or est devenue un véritable sport local.

Poussés par la crise et la monté en flèche du cours de l'or, les réunionnais ont commencé à vendre massivement leur or en 2009. Cette pratique s'installe peu à peu dans les moeurs et les acheteurs d'or fleurissent. De 2000 à 2005, le kilo d'or s'achetait environ 10 000 euros. Aujourd'hui, ce même kilo vaut 42 000 euros. Une manne inespérée pour les victimes de la crise mais aussi pour les acheteurs qui profitent de ce juteux nouveau marché.

" Il y a quatre ou cinq ans, vendre son or n'était pas rentable. Aujourd'hui, c'est devenu une valeur refuge. Le but n'est plus de revendre les bijoux mais de récupérer la matière première, l'or fin ", indique Camille Booz, responsable du service de la garantie aux douanes de la Réunion. De deux opérateurs spécialisés en 2005, l'île est passée à une dizaine avec plus de 20 points de vente. Les bijouteries s'y sont mises également : une dizaine d'entre-elles achète désormais de l'or sur une trentaine de points de vente. La majorité de cet or est exporté vers des fonderies en Europe et selon les douanes, sur les trois dernières années, l'exportation d'or a plus que doublé.

" A partir de 2009, nous avons senti l'effet de la crise : les gens voulaient se séparer de leurs bijoux pour avoir de l'argent. Des fois, je leur disais de réfléchir car cela apporte de l'argent ponctuellement, mais ce n'est pas une solution à long terme. Il m'est arrivé de refuser d'acheter ", indique Béatrice Chesneau, de la société Némo. Elle affirme avoir été la première, en compagnie de son mari, à proposer ce service dans l'île il y a 9 ans. L'or qu'elle achète quitte l'île pour être fondu en Europe et est réutilisé dans la bijouterie.

Si son activité a doublé depuis 2009, " aujourd'hui, nous avons de la concurrence ". Et les offres les plus juteuses sont à regarder avec prudence. " A la Réunion, le phénomène est en train d'exploser. On voit des gens sérieux, d'autres non ", poursuit Béatrice Chesneau. Elle demande une pièce d'identité pour vérifier que le bijou appartient bien à la personne, elle teste la teneur en or de l'objet, le pèse et paye le client en fonction.

Selon elle, le cours du bijou cassé se situe à environ 18 euros le gramme. Les bijoux en or sont fabriquées à partir d'un alliage et la teneur en or fin est variable. Un gramme de bijou à 18 carats n'a pas le même prix qu'un gramme à 14 ou 22 carats... Et certains peuvent avoir la désagréable surprise de se voir proposer un prix bien en deça de leurs attentes.

Mais cette frénésie vendeuse pourrait-elle vider la Réunion de son or? Ce fut le cas aux Antilles il y a quelques années : les bijouteries locales n'avaient plus de métal à fondre pour réaliser leurs créations. Mais selon Camille Booz, les entrées d'or sont permanentes et les possesseurs de pièces en or fin son en général des gens qui ont suffisamment de moyens pour ne pas s'en séparer. Malgré la mode qui se porte plus sur les parures argentées, " il y aura toujours des mariages et des baptêmes ". Des achats de chaînes et d'alliances qui assurent une entrée d'or dans l'île.

Marine Veith pour
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