Vaccin contre le cancer du col de l'utérus

Le Gardasil fait débat

  • Publié le 12 octobre 2011 à 12:15

Le Gardasil, vaccin censé protéger du cancer du col de l'utérus, suscite de plus en plus le débat. Les publicités n'ont cessé de mettre en avant les mérites du Gardasil, autorisé sur le marché depuis 2006, incitant les mères à faire vacciner leur fille dès l'adolescence. Pourtant, depuis trois ans, les médecins du collectif Méd'Océan, présidé par le docteur Philippe de Chazournes, montent au créneau pour dénoncer cette vaccination qu'ils estiment inefficace. Pire, le Gardasil serait à l'origine de violents effets secondaires. Cependant, si son efficacité dans la lutte du cancer utérin n'a pas été prouvée pour le moment, rien ne confirme non plus la relation entre le vaccin et les éventuels troubles rencontrée par certaines patientes.

En juillet dernier, en métropole, deux jeunes femmes ont signalé des effets indésirables apparemment liés au Gardasil. Un article paru dans le journal Le Monde le mardi 12 juillet 2011, fait état d'une jeune femme âgée de 16 ans qui aurait eu des crises violentes après qu'on lui ait administré le fameux vaccin. Le journal parle notamment de "fourmillements, suivis d'une paralysie dans la jambe gauche".

Dans le même article, une autre jeune femme, âgée de 20 ans, raconte avoir connu fièvre, nausées et vertige après sa première injection de Gardasil. A la deuxième, elle décrit ressentir "des coups de poignard dans le ventre". Le vaccin est-il à l'origine de ces troubles ? Aucun médecin n'a formellement établi cette relation de cause à effet pour le moment. En tout cas, les deux jeunes femmes ont saisi la commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux de Lyon afin que des experts se lancent sur l'affaire.

A La Réunion, le collectif Méd'Océan met en garde contre le vaccin depuis déjà trois ans. "L'efficacité du Gardasil n'a jamais été prouvée", souligne le Dr de Chazournes. Le médecin était à l'initiative d'une réunion de travail, suivie d'un débat public le lundi 3 octobre 2011 à l'Assemblée nationale, en compagnie des auteurs de "La piqûre de trop", du député Gérard Bapt, président de la mission d'information sur la pharmaco-vigilance, et d'un autre médecin du collectif Méd'Océan. Etaient également conviés la Haute autorité sanitaire (HAS), le Haut conseil de santé publique (HCSP), le Comité technique de vaccination (CTV) et l'Afssaps (agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). Sur ces organismes, seule la HAS s'est déplacée pour participer au débat.

Pour le docteur de Chazournes, "le Gardasil est une affaire bien au-delà du Médiator", car "c'est l'ensemble de la planète qui se fait vacciner et qui s'expose à des risques". Il insiste bien sur le fait qu'il n'a "pas de conflit d'intérêts ni de liens avec l'industrie pharmaceutique". "Mais en tant que médecin, il est de mon devoir d'informer mes patients, et on ne pourra pas dire que le corps médical n'était pas au courant des risques si ça devait prendre une ampleur plus importante", souligne-t-il.

De son côté, le docteur Sandra Gréget, oncologue à Sainte-Clotilde et présidente du comité local de la ligue contre le cancer, estime que "tant que le bénéfice/risque n'a pas été réévalué, le vaccin Gardasil reste une arme de prévention". "Quand un médicament est autorisé à la vente sur le marché, c'est qu'il a été testé et donc, jusqu'à preuve du contraire, il ne pose pas de problème. Face au cancer du col de l'utérus, toute prévention est la bienvenue. Bien évidemment, procéder à un frottis régulièrement est la meilleure façon d'éradiquer le cancer utérin, mais malheureusement, beaucoup de femmes ne font pas ces examens car elles ne sont pas suffisamment sensibilisées sur la question. Si le Gardasil peut aider, et tant que la causalité entre le vaccin et les troubles rencontrés par certaines patientes n'est pas prouvée, je pense qu'il n'est pas à proscrire", raconte-t-elle.

Pour rappel, le vaccin a été autorisé sur le marché en 2006. Il vise à la prévention du col de l'utérus. Il est proposé aux jeunes femmes, âgées entre 14 et 23 ans, n'ayant jamais eu de relations sexuelles, ou dans l'année suivant leur premier rapport. Il ne dispense toutefois pas du dépistage par frottis, qui est le seul moyen pour prévenir les lésions précancéreuses et cancéreuses, et qui est recommandé tous les trois ans à toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans, vaccinées ou non.

Depuis 2007, environ 1,5 millions de jeunes Françaises ont reçu les trois injections de Gardasil. Lancé aux Etats-Unis en 2005 comme un produit miracle par Merck, puis en Europe et en France par Sanofi MSD, il fait aujourd'hui partie de la liste des 77 médicaments placés sous surveillance par l'Afssaps. Dans son troisième bilan du plan de gestion des risques, daté du 12 juillet 2011, l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé concluait que le rapport bénéfice/risque du Gardasil restait favorable.

Samia Omarjee pour
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