Deux femmes violemment agressées en trois jours

La maison, lieu de tous les dangers

  • Publié le 15 novembre 2011 à 16:45

Ce lundi 14 novembre 2011, une femme de 51 ans est retrouvée inanimée et gisant dans une mare de sang à son domicile, à Sainte-Clotilde. Ce dimanche, c'est une gramoune de 86 ans qui a été violée à Saint-André. Son propre fils est l'agresseur présumé. En moins de trois jours, ces nouveaux faits-divers relancent une fois de plus le débat sur une loi cadre contre les violences faites aux femmes. Dans l'île, le Cevif (Collectif pour l'éliminations des violences intrafamiliales) se dit dépassé. Selon Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul, la maison est devenue le lieu le plus dangereux pour une femme.

Alors que la députée-maire de Saint-Paul, Huguette Bello, relançait, ce lundi 14 novembre sa proposition d'une loi cadre sur les violences faites aux femmes, Marie-Jeanne, 51 ans, était agressée sauvagement à son domicile, à Sainte-Clotilde. Nez et mâchoire fracturés, mains et pieds brûlés, et portant plusieurs traces de blessures, la quinquagénaire, qui vivait seule, a été transportée dans un état préoccupant au CHR (centre hospitalier régional) de Bellepierre, où elle se trouvait ce mardi matin entre la vie et la mort.

Agression sexuelle ou simple cambriolage qui a mal tourné ? Huguette Bello condamne, une fois de plus, ces faits. "La maison est devenue aujourd'hui l'endroit le plus dangereux pour une femme", lance-t-elle. La députée-maire estime qu'il y a déjà quelques avancées dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle fait ainsi référence à la proposition de loi votée à l'unanimité le mardi 29 juin 2010 par l'Assemblée nationale. Mais elle déplore que les textes soient encore éparpillés entre code civil et code pénal.

À l'image d'un texte adopté en Espagne, Huguette Bello veut un "débat national", un texte qui apporte une "réponse globale" et qui développe de "véritables stratégies" en matière de prévention - dès l'école -, de suivi et soutien aux victimes. "Il faut également que les médecins et magistrats soient davantage formés pour accueillir ces femmes", souligne-t-elle. Huguette Bello demande également la mise en place de tribunaux spécifiques et la création de juges spécialisés afin d'alléger la tâche des juges aux affaires familiales "peu nombreux" et déjà "surchargés". Marie-Thérèse Baillif, présidente du Cevif , abonde dans ce sens. Elle affirme qu'"une loi cadre apporterait plus de visibilité mais il faut aller au-delà et mettre en place tout un plan global".

Cette loi cadre sur les violences faites aux femmes a été proposée à l'Assemblée nationale par la députée-maire saint-pauloise depuis 2007. En vain. La faute à la majorité actuelle, dit Huguette Bello. Mais pour Marie-Thérèse Baillif, "il n'y pas de responsables identifiés et identifiables". "C'est tout un ensemble de mesures, de comportements qui font que les choses n'avancent pas. Et, nous n'en pouvons plus de continuer comme ça, de pleurer et de faire des marches blanches avec les familles. Il faut que les forces vives se réunissent enfin", ajoute-t-elle. La présidente du Cevif se dit complètement "dépassée".

"La violence n'est pas un problème spécifique à La Réunion car les Réunionnais ne sont pas plus méchants que les autres. Mais il y a urgence sociale", dénonce la députée-maire. "Ce n'est pas une affaire de femmes mais de l'État. Les marches blanches, je veux bien mais nous tournons en rond et avons l'impression d'expier de fautes qui ne sont pas les nôtres", poursuit-elle. Mais Huguette Bello n'est pas prête pour autant à baisser les bras. "Ce n'est qu'une histoire de combat et de persévérance pour que les choses bougent enfin" commente-t-elle.

Depuis le début de l'année 2011, cinq femmes ont déjà été tuées.

Émilie Sorres pour
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