Enquête de l'INSEE - Un Réunionnais sur 7 vit en métropole

L'exil pour éviter le chômage

  • Publié le 2 février 2012 à 07:00

La dernière enquête de l'INSEE (institut national des statistiques et des études économiques), présentée le mercredi 1er février 2012, porte sur les migrations des Domiens vers la métropole. On apprend ainsi que 108 000 natifs de La Réunion vivaient dans l'Hexagone en 2008, ce qui représente un Réunionnais sur sept. Si les causes de ces départs ne sont pas expliquées, l'enquête démontre tout de même que la population réunionnaise installée en métropole s'insère relativement bien. 67% des Réunionnais vivant en métropole, âgés entre 15 et 64 ans, occupent en effet un emploi, contre 44% de la population active vivant sur l'île.

En 2008, 364 800 personnes nées dans un département d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion) vivaient en France métropolitaine. Un chiffre en constante augmentation depuis le milieu des années 1950. Cette population domienne installée en métropole a d'ailleurs doublé entre 1975 et 2008.

L'augmentation des flux migratoires vers la métropole correspond à des périodes où la mobilité a été facilitée par des organismes successifs. D'abord avec la création du Bumidom (organisme chargé d'accompagner l'émigration des habitants des départements d'outre-mer vers la France métropolitaine), puis avec celle du Cnarm (comité national d'aide et d'action pour les Réunionnais en mobilité) et finalement avec le dispositif de l'ANT qui remplacera le Bumidom afin d'aider les résidents de l'outre-mer cherchant une qualification ou une insertion professionnelle ailleurs.

En ce qui concerne La Réunion, ils sont 108 000 natifs de l'île à résider dans l'Hexagone, soit un Réunionnais sur sept. "On remarque que la population réunionnaise installée en métropole concerne aussi bien les hommes que les femmes. Il s'agit d'une population concentrée entre 20 et 50 ans, c'est-à-dire une population en âge de travailler", souligne Valérie Roux, directrice de l'INSEE.

Le rapport de l'INSEE montre aussi qu'en 2008, ils étaient ainsi 9 000 étudiants réunionnais installés en métropole. On note que le taux d'emploi des Réunionnais vivant dans l'Hexagone et ayant entre 15 et 64 ans, est de 67%. Ce même taux est de 64% pour les natifs métropolitains résidant en France métropolitaine et de 44% pour la population vivant à La Réunion.

Cette donnée est probablement l'une des raisons qui poussent les Réunionnais à quitter leur île natale. A l'heure où le chômage touche 30% de la population active, dont 60% des jeunes actifs, la mobilité est vue comme une opportunité.

Christophe fait partie des Réunionnais qui sont allés tenter leur chance dans l'Hexagone. Aujourd'hui âgé de 28 ans, il est installé dans le Var avec sa compagne et travaille en tant que technicien dans le domaine de la métallurgie et de la plasturgie. Son exil, plus qu'un choix, était un passage obligé : "Après mon BTS en électronique, je ne trouvais pas de boulot à La Réunion, c'était très difficile. Trois mois plus tard, j'ai décidé de partir au lieu de rester là à ne rien faire".

Arrivé en métropole, Christophe a commencé à travailler au sein d'une agence d'intérim. "On m'a proposé un contrat dans la métallurgie qui n'avait pas grand chose à voir avec ma qualification. Mais, c'était mieux que rien, et finalement, ça m'a bien plu, j'ai continué dans cette voie", raconte ce natif réunionnais résidant en métropole depuis déjà six ans.

Par ailleurs, le rapport de l'INSEE met en évidence que les deux tiers des Réunionnais installés dans l'Hexagone vivent en couple, et souvent avec un ou plusieurs enfants. Ils sont ainsi 43% de couples avec enfant, un chiffre supérieur par rapport aux métropolitains résidant en France métropolitaine et aux Réunionnais habitant l'île.

Quant aux destinations choisies par les Réunionnais pour leur installation, Valérie Roux indique : "Ils ont tendance à se diriger vers le sud de la métropole. 72% ont décidé de vivre en province, là où deux tiers des Antillais de métropole sont installés en Ile-de-France".

Concernant les autres départements d'Outre-mer, en 2008, ils étaient 117 000 natifs de la Martinique et 115 400 natifs de la Guadeloupe à avoir 'sauté la mer' pour rejoindre l'Hexagone. Les natifs de la Guyane étaient moins nombreux avec 24 000 personnes installées en France métropolitaine. Au total, il y a quatre ans, ce sont presque 365 000 personnes originaires des DOM qui résidaient en métropole.

Outre la répartition des Domiens en métropole, l'enquête de l'INSEE portait sur le recensement de la population. Au 1er janvier 2009, La Réunion comptait 816 364 habitants, soit 220 000 habitants de plus en 20 ans. Le nombre de naissances avoisine les 14 000 chaque année, tandis que le nombre de décès est d'environ 4 000 par an, mais ce chiffre risque d'augmenter dans les années à venir avec le vieillissement de la population. Toutefois, l'INSEE projette qu'il y aura 1 061 000 habitants à La Réunion d'ici 2040.

Enfin, la campagne du recensement 2011 débute ce jeudi 2 février 2012 dans l'île. Jusqu'au 3 ou 10 mars, 200 agents iront collecter les informations sur le terrain dans 18 communes. 90 000 Réunionnais sont concernés par ce recensement. Plus de renseignements à ce sujet sur le www.le-recensement-et-moi.fr.

Samia Omarjee pour
guest
2 Commentaires
Vinz
Vinz
11 ans

Certains jeunes réunionnais quittent également leur île pour d'autres raisons, en ce qui me concerne je supportais (et supporterais encore) mal l'insularité. C'est quelque chose qui me pesait et me poussa, à l'âge de 19 ans à mettre 9500 km entre mon île et moi. Arrivé dans le froid et mal habillé (service militaire oblige), j'étais tout de même heureux d'avoir enfin à ma disposition de grands horizons, et de pouvoir prendre la route pour faire 500, 1000, ou 2000km sans tourner en rond. Rencontrer d'autres gens, parler d'autres langues, découvrir d'autres climats, d'autres régions, habitats, etc... Je vis aujourd'hui dans la région genevoise, à cheval entre 2 pays (France/Suisse) et profite pleinement de pouvoir me déplacer en avion comme si je prenais le bus ! Avec les compagnies low cost, on parcourt le pays et même l'Europe pour moins cher que la voiture, le car ou même le train ! Mon seul regret ? Que les réunionnais de métropole (et de l'étranger) ne puissent pas bénéficier du dispositif d'aide à la continuïté territoriale. Ce serait un geste apprécié de la part de l'Etat, en remerciement à ceux qui, par leur départ, ont contribué non seulement au désengorgement démographique, mais aussi au désengorgement du marché du travail (car que serait la situation de la Réunion à l'heure actuelle si nous étions tous restés sur l'île ?) Je ne demande pas grand chose, juste de pouvoir voyager en période rouge au tarif de la période verte, rien que ça déjà, nous permettrait à ma famille et moi-même de venir nous ressourcer dans nos racines sans devoir attendre 3ans, voire plus (notre record étant 7ans) cause budget ! A bientôt.

jean
jean
11 ans

Oueps!! "Juste avant l'exile" comme dit la chanson! Moi personnellement j'ai quitté LA REUNION pour bosser aussi ,parce que justement on ne pouvait pas faire autrement si l"on voulait faire un metier qui vous plaisait. Quant tu passes ton CAP/BEP/BAC pro d'électrotechnique et tu te rends compte que malgré cela on te dis t'es pas assez qualifié pour, ou bien que le poste que tu cherches n'est pas disponible, automatiquement tu fais tout pour trouver une solution,tu sautes sur la première occasion qui se présente.Heureusement je pourrais dire que l'ANT était la pour certains. Moi j'ai eu le service militaire et certains n'ont pas eu ce choix. Mais je veux bien dire que au moins 23% de ces Réunionnais rentreront pour leurs vieux jours chez eux. Moi par exemple, ciao bye