C'est ce lundi 14 mai 2012, un an et demi après l'éclatement du scandale Mediator, que le premier procès pénal visant les laboratoires Servier et son patron Jacques Servier, s'ouvre à Nanterre. Souvent utilisé comme coupe-faim alors qu'il était destiné aux personnes diabétiques, le médicament a causé de nombreux troubles de santé chez les patients, et a même entrainé la mort de certains d'entre eux. Ce sont entre 500 et 2 000 patients qui seraient décédés à cause du Médiator. Les comprimés ont depuis été retirés du marché. L'heure est aujourd'hui à la recherche des responsabilités. A noter que les avocats de Servier vont déposer deux questions prioritaires de constitutionnalité ce lundi, demandant le renvoi du procès.
Plus de 350 personnes demanderont réparation à Servier devant le tribunal correctionnel sans attendre l'instruction menée au pôle santé du parquet de Paris pour les mêmes faits. Les parties civiles ont misé sur une procédure rapide, une citation directe pour "tromperie aggravée", dans laquelle leur revient la lourde tâche d'apporter les preuves, sans avoir accès aux investigations parisiennes, indique l'AFP.La justice a promis en mars dernier de clore l'enquête d'ici à décembre. Pour rappel, les plaignants reprochent aux laboratoires Servier de les avoir délibérément trompés sur la composition du Mediator, en ne les informant pas de la nature anorexigène de son principe actif, le Benfluorex, alors que ce dernier larguerait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine. Or, la norfenfluramine provoque des hypertensions artérielles pulmonaires, qui peuvent nécessiter une greffe, et multiplie par trois le risque de valvulopathies, poursuit l'AFP.
Le Mediator, prescrit en cas de diabète de type II, a longtemps été détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1975 à 2009, en métropole mais aussi à La Réunion. On estime à cinq millions le nombre de personnes ayant consommé le médicament. Le Mediator est soupçonné d'avoir causé au moins 500 morts en 30 ans, voire 1 000 à 2 000 selon d'autres estimations.
Jacques Servier, qui assistera à son procès, et quatre anciens cadres des laboratoires Servier et de Biopharma qui a commercialisé le Mediator encourent 4 ans de prison et une amende de 37 500 euros. Servier et Biopharma une amende de 150 000 euros ainsi qu'une interdiction d'exercer.
A La Réunion, le procès sera suivi de près par le collectif Médiator Réunion. "Nous ne sommes pas directement concernés, puisque nous avons porté plainte auprès du tribunal de grande instance de La Réunion. Mais c'est certain que les victimes regarderont le procès de Nanterre de très près", affirme Chantal Ethève, présidente du collectif Mediator Réunion.
"On attend de ce procès qu'il montre l'exemple, que justice soit faite, que Servier soit condamné, et que le scandale du Mediator ne se reproduise plus", poursuit Chantal Ethève, qui a été l'une des premières réunionnaises à porter plainte contre Servier en mars 2011. Une centaine d'autres Réunionnais l'ont rejoint dans sa démarche.
Quel scandale cette affaire ! on a joué avec la vie des gens, j'espère qu'ils auront réparation, et que les laboratoires Servier seront condamnés. Courage aux victimes !