Santé

Bisphénol A, la molécule qui rend obèse

  • Publié le 20 septembre 2012 à 06:23

Déjà visé comme perturbateur endocrinien, suspecté d'agir négativement sur la fertilité et d'induire des effets sur les maladies cardio-vasculaires et le diabète, le bisphénol A, molécule présente dans un grand nombre d'objets quotidiens, favoriserait par ailleurs l'obésité infantile. C'est ce que révèle une étude américaine parue récemment. Notons que lors de la clôture de la conférence environnementale le samedi 15 septembre, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé que le gouvernement était en faveur de l'interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires. Des chercheurs de l'Inserm réfléchissent à de nouvelles pistes pour des substituts moins toxiques.

Parmi les facteurs de risque d’obésité chez l’enfant, une alimentation trop riche et le manque d’exercice physique sont largement connus. Il faudra désormais s’inquiéter de l’exposition des enfants au bisphénol A, cette substance chimique que l’on retrouve dans certains contenants alimentaires comme les petits pots, mais aussi dans les boîtes de conserve ou les cannettes de boissons.

Une étude américaine, publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) révèle en effet pour la première fois un lien entre le bisphénol A et l'obésité infantile. Les chercheurs ont comparé le taux de bisphénol A dans les urines de plus de 2 800 jeunes âgés de 6 à 19 ans sur la période 2003-2008. Ils ont mis en évidence que les enfants ayant des niveaux élevés de bisphénol A ont deux fois plus de risques d’être obèses ou en surpoids que ceux ayant des concentrations plus faibles. Environ 22% des enfants avec un taux élevé étaient obèses contre seulement 10% chez ceux avec des niveaux plus faibles.

"Mauvaise alimentation et manque d'activité physique sont des facteurs majeurs d'obésité infantile aux États-Unis, mais cette étude montre que nous devons aussi nous intéresser aux facteurs environnementaux comme troisième vecteur important de l'épidémie", a commenté le Dr Leonardo Trasande, professeur de pédiatrie et de médecine environnementale à l’université de New York.

Avant cette étude, le bisphénol A était déjà pointé du doigt. Considéré comme un perturbateur endocrinien, le BPA a été l'objet de nombreuses études scientifiques, qui ont mis en lumière ou suspecté des effets néfastes pour la santé humaine. L’Anses (agence de sécurité sanitaire) a effectué de nombreux rapports montrant des "effets avérés du bisphénol A chez l’animal et suspectés chez l’homme (fertilité féminine, problèmes cardio-vasculaires et diabète), même à de faibles niveaux". L’Académie de médecine a démontré de son côté, via une étude scientifique, qu’il existe un lien entre l’augmentation depuis trente ans des cancers dits hormonodépendants (cancer du sein, de l’utérus) et l’exposition aux perturbateurs endocriniens.

Les suspicions sur la toxicité du bisphénol A pour l’organisme, notamment celui des jeunes, ont conduit à son interdiction dans les biberons en France en 2010. Le parlement français a par ailleurs adopté une proposition de loi en octobre 2011 visant "la suspension de la fabrication, de l'importation, de l'exportation et de la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire contenant du bisphénol A". Une mesure qui devrait entrer à partir de 2014 et dès 2013 pour les produits destinés aux enfants de moins de trois ans, le temps que les industriels trouvent des substituts au bisphénol A.

 

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