Santé

Mediator : 80% des dossiers d'indemnisation rejetés

  • Publié le 4 octobre 2012 à 05:35

Nouveau rebondissement dans l'affaire Mediator. Selon le journal Le Parisien, 86% des dossiers de malades déjà examinés par le collège d'experts de l'Oniam (office national d'indemnisation des accidents médicaux) ont été jugés "sans lien de causalité" entre la prise du médicament des laboratoires Servier et la maladie. Au niveau local, on se rappelle que le 29 septembre 2011, le tribunal de grande instance de Saint-Denis acceptait 24 demandes d'expertise sur les 52 déposées par maître Alain Antoine, avocat de victimes réunionnaises du Mediator. Selon ce dernier, 40% des plaintes à La Réunion sont fondées, et une expertise a montré que huit dossiers sont favorables, ce qui signifie que pour ces cas, la prise du Mediator a bien engendré des pathologies cardiaques graves.

Durant sa commercialisation de 1976 à 2009, le Mediator, médicament antidiabétique, a souvent été détourné de son usage et prescrit comme coupe-faim pour des cures d’amaigrissement, notamment à La Réunion. Retiré du marché en novembre 2009, il serait responsable de 500 à 2 000 décès et de milliers de pathologies cardiaques.

Toutefois, selon une information du Parisien, parue ce mercredi 3 octobre 2012, 86% des dossiers de victimes présumées du Mediator qui ont été examinés sont jugés irrecevables par les experts du ministère de la Santé. Le collège d’experts de l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux aurait jugé qu’il n’y a pas de causalité entre la prise du médicament des laboratoires Servier et les maladies des victimes.

Depuis septembre 2011, 831 dossiers médicaux ont été examinés par l’Oniam, organisme d’indemnisation rapide, qui évite de passer devant les tribunaux. 712 ont été rejetés et seuls 112 ont été jugés recevables. Le Parisien indique que dans 7 cas, les patients ont renoncé aux poursuites. Ce qui signifie que moins de 15% des dossiers sont reconnus comme légitimes. Quelques heures plus tard, le président de l’association des victimes du Mediator confirmait l’information : environ 80% des dossiers ont été jugés irrecevables.

Ce mercredi, la ministre de la santé, Marisol Touraine, s'est dite "très attentive à ce que les victimes" du médicament Mediator "puissent être indemnisées correctement, soulignant que le laboratoire Servier qui le commercialise "devra assumer ses responsabilités" sur ce point.

L’examen des demandes d’indemnisation est loin d’être terminé, puisque ce sont 7 500 dossiers qui ont été présentés au total. Mais le premier point d’étape interpelle. Les exigences et les critères de sélection semblent être drastiques.  Contacté par 20 minutes, Dominique Courtois, médecin et président de l’association des victimes de l’Isoméride et du Mediator, estime que les critères des experts sont trop stricts. Précisant que "ce ne sont pas les critères qui avaient été définis avec Xavier Bertrand lors de la mise en place du fonds d’indemnisation, il explique : "Aujourd’hui, les malades doivent prouver qu’ils n’ont pas fait d’angine étant petit, qu’ils n’ont pas pris de traitement anti-migraineux…Pour certains, cela remonte à trente ans. Comment voulez vous prouver cela".

Si les demandes d’indemnisation n’aboutissent pas, c’est donc avant tout parce que les victimes présumées ne doivent pas seulement souffrir d’une maladie cardiaque, elles doivent aussi fournir un dossier détaillé, documenté par des ordonnances, des examens médicaux. Puis les experts doivent juger cette maladie cardiaque suffisamment invalidante pour justifier un dédommagement.

Pour Irène Franchon, pneumologue au CHU de Brest, auteur du livre qui a révélé le scandale du Mediator, "Servier fait pression sur les experts". Interrogée par Le Parisien, elle dit trouver "incroyable que l’Etat ait retiré le Mediator en s’appuyant sur des études prouvant sa dangerosité, et que deux ans après, des experts prennent des décisions souvent contraires".

A La Réunion, le 29 septembre 2011, le tribunal de grande instance de Saint-Denis rendait sa décision concernant la demande des expertises pour évaluer si le Mediator était la cause de problèmes cardiaques rencontrés par certains patients. Sur les 52 demandes déposées par maître Alain Antoine, avocat des victimes réunionnaises, seules 24 avaient été acceptées. L'avocat a indiqué que sur cette vingtaine d'expertises, une expertise a mis en évidence que "40% de plaintes sont fondées". "Huit expertises sont jugées favorables, c'est-à-dire que les experts ont affirmé avec certitude que la prise du Mediator a engendré des pathologies cardiaques graves sur certains patients", dit-il.

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