Relèvement du RSA, CMU élargie, allongement de la durée des contrats aidés...

Le plan de lutte contre la pauvreté ne fait pas l'unanimité

  • Publié le 23 janvier 2013 à 06:16

Le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté a été présenté ce lundi 21 janvier par le gouvernement. Parmi les principales mesures adoptées, l'engagement d'un rattrapage du niveau du RSA socle, de 10% hors inflation, d'ici 2017 ; la hausse, en septembre 2013, du plafond de la CMU complémentaire ; ou encore l'allongement de la durée des contrats aidés, qui devra tendre vers une durée moyenne de 12 mois. Des mesures qui sont des avancées mais qui ont un goût de pas assez pour des syndicalistes. Pour ceux-là, elles n'enrayeront pas le phénomène de la pauvreté ou ne répondent pas suffisamment au contexte réunionnais.

En décembre dernier, le Premier ministre avait annoncé les grandes lignes de son plan quinquennal de lutte contre la pauvreté. Il l’a détaillé ce lundi 21 janvier, à l’issue d’une réunion du conseil interministériel de lutte contre l’exclusion. Estimées à 2,5 milliards d’euros annuels, les nouvelles mesures, qui concernent les minima sociaux, le logement, ou encore la jeunesse, seront financées par le budget de l’Etat, sans moyens nouveaux. Il n'y aura "pas d'impôt supplémentaire (...) pas de nouveau prélèvement", a déclaré Jean-Marc Ayrault. "C'est simplement à l'intérieur du budget que nous faisons des choix", a-t-il ajouté.

Ces mesures sont assimilées à des "miettes" par Paul Junot, secrétaire général de la CFTC. "Mais ces quelques miettes sont mieux que rien", indique le syndicaliste. Pour lui, "on donne un peu d’oxygène aux plus démunis, mais ce n’est pas cela qui va leur permettre de vivre dans la dignité". Il estime que "la précarité perdurera tant que le socialisme continuera de fabriquer des pauvres". "François Hollande a laissé de grandes attentes, mais huit mois après son élection, on ne peut que constater que rien ne change vraiment", déplore Paul Junot, pour lequel il faut plutôt se concentrer sur la problématique de l’emploi et la redistribution des richesses.

De son côté, Max Banon, délégué syndical de la CGTR, déclare que "les mesures du plan de lutte contre la précarité sont mieux que rien". "Mais au niveau de la CGTR, on a demandé une conférence sociale à La Réunion parce que le problème de la misère est différent qu’en métropole ici", dit-il. "Si on veut vraiment prendre ce problème à bras le corps, il faut faire des débats au niveau local. Or, le plan qui a été adopté par le gouvernement me semble plus axé sur les réalités métropolitaines", indique-t-il.

Pour sa part, Eric Marguerite, secrétaire général de l’union départementale FO à La Réunion, déclare que "c’est une bonne chose d’avoir pensé à mettre en place un tel plan". "C’est un geste solidaire du gouvernement face à la pauvreté qui se développe dans le pays", ajoute-t-il. "Mais je ne suis pas certain que les moyens engagés soient à la hauteur de ces mesures et je ne pense pas que ces mesures permettront réellement de faire régresser la pauvreté", poursuit Eric Marguerite. Il estime par exemple que "sur l’emploi, il y a un programme plus ambitieux à mettre en place". "C’est bien de relever le RSA socle et la CMU complémentaire, c’est déjà un pas, mais il faudrait aussi créer les conditions pour que les plus démunis puissent s’insérer dans le monde du travail", poursuit-il.

D’après le plan de lutte contre la pauvreté, le RSA (revenu de solidarité active) sera augmenté de 10% sur cinq ans, hors inflation. Une première revalorisation de 2% est annoncée pour septembre 2013. A La Réunion, d’après les dernières données datant du 30 septembre 2012, ce sont 102 000 personnes qui bénéficient de cette aide. Le gouvernement a également annoncé "le lancement d’une réforme du RSA activité qui souffre d’un taux de non-recours record (68%), en articulation avec la Prime pour l’Emploi".

Autre mesure phare du plan de lutte contre la pauvreté : l’élargissement de l’accès à la CMU-C (couverture médicale universelle complémentaire) et à l’aide à l’ACS (acquisition d’une complémentaire santé), via le recours au fonds de financement de la CMU. Ce relèvement du plafond de la CMU devrait permettre d’éviter les effets de seuil, qui ont exclu bon nombre de personnes défavorisées pendant plusieurs années.

En effet, la CMU complémentaire, qui donne droit à la prise en charge gratuite de la part complémentaire des dépenses de santé, est soumise à conditions de ressources. En 2012, le plafond était de 661 euros par mois pour une personne seule en métropole, 736 euros dans les DOM. Les barèmes dépendent de la composition du foyer. Les personnes âgées vivant du minimum vieillesse, dont le montant est de 777,17 euros par mois, en étaient donc par exemple exclues, tout comme les personnes bénéficiant de l’allocation adulte handicapé, dont le montant maximum est de 776,59 euros.

Il est à noter qu’au niveau local, Nassimah Dindar, présidente du conseil général, Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul, ou encore le parti communiste réunionnais, se sont prononcés à de nombreuses reprises en faveur d’un relèvement du plafond de la CMU complémentaire. Le plan contre la pauvreté mis en place par le gouvernement prévoit une hausse simultanée, en septembre 2013, du plafond de la CMU complémentaire, de façon à faire entrer 750 000 personnes de plus dans ce dispositif, et celui qui l’accompagne, l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé.

Parmi les autres mesures, le gouvernement a annoncé la mise en place d’une "garantie jeune", pour les 18 à 25 ans qui ne sont ni en emploi, ni en formation, en situation d’isolement et de grande précarité. Le dispositif sera lancé en septembre 2013 sur 10 territoires, avant d’être généralisé.

Le plan de lutte contre la pauvreté comprend également une aide aux familles monoparentales ou nombreuses en situation de pauvreté, un investissement substantiel dans l’hébergement et l’accès au logement avec des mesures d’urgence et des mesures structurelles d’accès au logement, l’allongement de la durée des contrats aidés qui devra tendre vers une durée de 12 mois, un renforcement de l’accès aux crèches pour les enfants de familles en situation de pauvreté, et la création d’un registre national des crédits aux particuliers pour participer à la lutte contre le surendettement.

La mission de suivi de ce plan a été confiée à François Chérèque, inspecteur général des affaires sociales et ancien secrétaire général de la CFDT, ce qui n'a pas manqué de faire grincer des dents du côté des autres syndicats.

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2 Commentaires
daaazibao
daaazibao
11 ans

CMU-C mais qu'est ce qu'ils ont dans la tête??? Je pense pouvoir dire que "universel" cela désigne un tout, une totalité... mais alors le complément du tout c'est quoi??? Après réflexion je pense qu'elle est universelle puisque TOUS ceux qu'il l'ont...l'ont. Dans la même veine on nous parle beaucoup de "mariage pour tous"... cela veut dire que frères ou soeurs, père et fils entre autres peuvent se marier....??? c'est comme ça que je comprends le mot "tous". Mais quand les politiques...et les média appelleront un chat un chat??? Peut être quand le bois sera souple... puisque de cette matière leur langue est faite.

RSAistes
RSAistes
11 ans

hotaAh, grâce à eux, nou lé sauvé!! avec 4euros de plus par mois, not vie sera bien améliorée !!