Elevage

Pour la sanctuarisation du cheptel réunionnais

  • Publié le 25 mars 2013 à 17:00

Chambre d'Agriculture, CGPER et professionnels de la filière bovine montent au créneau pour préserver le cheptel "pays", rudement affecté par les épidémies ces dix dernières années, des risques sanitaires induits par la reprise des importations de bêtes vivantes sur le territoire réunionnais.

La Chambre d’Agriculture, qui annonce avoir "signé avec la CGPER" et "l’ensemble du monde de l’élevage" une motion demandant au préfet de La Réunion "l’arrêt de l’importation de ruminants à La Réunion" - à savoir bovins, ovins et caprins - organise ce mardi 26 mars, à Bourg Murat, une conférence de presse pour expliquer les motivations de cette démarche.  En premier lieu, la Chambre met en exergue le risque sanitaire lié à "la volonté de certains de vouloir réintroduire des animaux à l’engraissement", initiative à laquelle est opposé le véto consulaire "le plus absolu". Cette position tranchée est fondée sur la dévastatrice expérience vécue par les éleveurs de la filière bovine, laitière et viande, ces dix dernières années, notamment suite à l’importation, depuis la métropole, de bêtes porteuses de diverses affections, dont la rhinotrachéite infectieuse bovine. En 2006,  confrontés à une crise sanitaire sérieuse, nombre d’éleveurs et de professionnels de la filière s’étaient mobilisés au sein de l'ADEFAR (Association de défense des agriculteurs de la Réunion), pour rendre publique la situation économique catastrophique de certaines exploitations laitières, à ce point affectées par les maladies du cheptel qu’elles ne pouvaient plus écouler leur production dans le circuit commercial, sans parler de la surmortalité qui affectait leur cheptel.

Des familles entières en étaient réduites à dépendre de l’aide du Secours catholique… Scandale aidant, des failles inquiétantes étaient apparues dans le tableau sanitaire de l’élevage "péi". Les éleveurs victimes de flambées épidémiques inédites dénonçaient pêle-mêle des cas de paratuberculose, d'IBR, de fièvre Q, fièvre catarrhale, anéosporose entre autres hémoparasitoses, l’absence de contrôles sanitaires dignes de ce nom à l’importation, de prises de sang et de quarantaines scrupuleusement pratiquées et respectées. Et comme certaines des affections susdites sont des maladies qui ne figurent pas dans la liste des maladies réputées contagieuses définie par le code rural, les éleveurs  ruinés étaient même privés de recours légal… D’où leur révolte face à ce qu’ils percevaient comme une insupportable injustice. Leur fronde contre la Sicalait et la Sicarevia, stigmatisées pour être à l’origine des importations de bêtes malades – notamment en septembre 2003, d’un bateau de vaches porteuses du virus de la rhino-trachéite Infectieuse bovine (IBR) -  a néanmoins suscité une lente réaction de l’Etat, quelques procédures et contentieux passionnés et, début 2008, la suspension des introductions de ruminants vivants sur le territoire réunionnais, à la demande de la Chambre d'Agriculture et professionnels de la filière. 

Quelques savants rapports ont tempéré la crise, en relativisant l’impact de la rhino-trachéite Infectieuse bovine (IBR) entre 2003 et 2005, tout en reconnaissant les surmortalités dénoncées par les éleveurs - "la mortalité des vaches de plus de 3 ans a fortement augmenté de 2000 à 2008, passant de 5 % à 10 %, avec un pic à 13 % en 2007" - mais il n’avait jamais été question de remettre en cause la suspension des importations de bêtes sur pieds décidée en 2008. Tout au plus, l’Expertise sur la mortalité des bovins laitiers à la Réunion (avril 2009) préconisait-elle prudemment : " Si l’introduction d’animaux sur pied s’avérait nécessaire pour des questions d’amélioration génétique, il sera nécessaire que ces animaux remplissent les garanties de biosécurité par rapport à l’introduction de maladies sur l’île. Si des plans de lutte contre des maladies non réglementées sont en place les animaux importés ne devraient pas compromettre ces programmes… "

guest
0 Commentaires