Innovation - Substitution au sucre

Vers une filière stévia à La Réunion

  • Publié le 2 avril 2013 à 06:00

La stévia, la plante miraculeuse des anciens Guaranis, qui pousse facilement à La Réunion, offrira une heureuse diversification aux planteurs de géranium et l'opportunité pour les Réunionnais de soigner leur ligne et leur santé en consommant un nouveau produit "péi" et qui plus est "bio".

Obésité, diabète, trop de Réunionnais paient fort cher, en termes de santé, leur involontaire et excessive consommation de sucre. Faut-il pour autant abdiquer tout goût pour le sucré et les douceurs ? Sans éluder une nécessaire alimentation équilibrée et un minimum d’exercice physique, il est possible, pour les diabétiques aussi, de substituer au sucre une substance naturelle, la stévia, empruntée depuis peu à la culture traditionnelle des Indiens guaranis (Paraguay). La stévia est véritablement une plante miraculeuse, son pouvoir sucrant, en terme de sapidité est extraordinaire, souvent évalué à 300 fois celui des saccharoses, issus de la canne ou de betterave, quand sa valeur calorique est nulle… De fait, la stévia peut en sus du sucre, se substituer avantageusement aux édulcorants artificiels tels que l’aspartame, aujourd’hui controversé, car soupçonné de ne pas être anodin en termes de santé. De la stévia, ou des produits élaborés comportant de la stévia, on en trouve un peu partout dans les grandes surfaces, en ersatz de sucre, en poudre ou en morceaux, nombre de marques de sodas, voire de yaourts se sont aussi engagées dans ce créneau porteur ; des artisans ont fait de même, à l’instar du glacier dionysien L’igloo… De respectables initiatives à n’en pas douter, encore que selon le procédé d’extraction employé par les industriels de l’agro-alimentaire, qui ont massivement investi dans la culture et la transformation de cette plante d’origine amérindienne, le qualificatif de " naturel " accolé à cette substance puisse être sujet à caution.

En métropole, le boom mondial de la stévia fait des envieux et la chambre d’agriculture de l’Hérault est engagée depuis 2009 dans l’adaptation de cette "astéracée " sud-américaine au climat méditerranéen. Le conseil général de l’Hérault soutient financièrement  l’expérimentation qui se déroule avec un certain succès ; d’autres essais ont été lancés sous l’égide du conseil régional et des chambres d’agriculture, dans l’Aude, le Gard et les Pyrénées-Orientales.

Si l’adaptation de la stévia à la métropole n’est pas si facile, c’est parce cette herbe pousse naturellement en zone subtropicale, ce qui implique une forte pluviométrie et une température moyenne de 25°c, sans oublier s’agissant de la région native de la stévia, l’Amambay, au Paraguay, une zone de culture située entre 500 et 1500 m d’altitude… A La Réunion, ce paradigme agricole n’a pas laissé indifférent les responsables de la CAHEB et les agriculteurs qui cultivent le fameux géranium "péi", dans les hauts de l’Ouest, du Tampon et de Saint-Joseph.

La stévia intéresse énormément cette filière, au-delà de quelques initiatives de culture individuelles. Elle permettrait d’asseoir efficacement une diversification toujours nécessaire. Selon Laurent Janci, directeur de la CAHEB et membre très actif de l’Association pour le Développement, la Défense et la Promotion des Plantes A Parfums Aromatiques et Médicinales (ADPAPAM), la stévia serait " une bonne plante à potentiel de culture biologique ", à condition d’en assurer la transformation à La Réunion, quête de valeur ajoutée oblige.

Pour M. Janci, la culture de stévia est adaptée à celle du géranium, sur les mêmes terres, et il suffirait de lui dédier une centaine d’hectares pour récolter l’équivalent-sucre de  2000 hectares plantés de canne. L’impact d’une telle production est immédiatement significatif. Et correspond parfaitement aux objectifs retenus par l’ADPAPAM, à savoir la valorisation des matières premières par de nouvelles technologies pour l’obtention de produits à haute valeur ajoutée, l’évaluation et l’expérimentation de nouvelles plantes à parfums aromatiques et médicinales, pour rendre durable la filière réunionnaise. Laurent Janci explique volontiers que le projet stévia n’est en rien utopique. Mais avant d’entrer en culture il faut se mettre en situation de produire un extrait enrichi et " bio ", selon un process industriel correspondant pleinement à ce critère, et donc sans employer des produits chimiques comme le font certains industriels présents en force sur ce marché en plein développement. Pour ce faire, un projet porté par Jessie Brabant est en cours de développement dans le cadre de l'incubateur de La Réunion (Technopole). Et les initiateurs du projet réunionnais collaborent avec le français Stévia Natura. Il est primordial pour la future filière stévia réunionnaise de verrouiller ce marché de niche et d’excellence que représente une stévia bio, cultivée par des agriculteurs porteurs de traditions, dont l’expérience est internationalement reconnue, sur des terres qui se situent dans la zone d'adhésion du Parc national.

Pour ne rien gâter, il faut savoir que la culture de la stévia est pour ainsi dire naturellement bio. Ces plantes dont la durée de vie est d’environ cinq ans, sont insectifuges, se contentent de sols pauvres et produisent quatre à cinq récoltes par an.

 

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2 Commentaires
Charly
Charly
10 ans

Je suis responsable des essais menés en métropole dans le département de l'Hérault et en Région Languedoc Roussillon. Je pense sincèrement que la Réunion, de part ses conditions pédo-climatiques offre de bonnes perspectives au développement de cette culture. Bonjour à tous.

atebo
atebo
10 ans

100/100 pour, évidemment; quand il s'agit de santé publique, on ne peut qu'approuver le projet; si en plus, on peut lancer une filière agricole nouvelle, sans risque phytosanitaire ni apport de plantes invasives, l'économie de notre département ne peut que s'en porter mieux. Il faudra sans aucun doute travailler en amont la sensibilisation à l'utilisation de ce nouveau produit. Il existe déjà sur le marché réunionnais mais à des tarifs prohibitifs, voire rédhibitoires....affublés de taxes ....douteuses: un pot à 3 euros en métropole est vendu dans les supermarchés réunionnais à 8 euros!!!! Une suggestion pour le panier "LUREL": tenir compte des problèmes graves de diabète dans notre Ile et faire rentrer la stévia dans le fameux panier, en supprimant les taxes d'importation de ce produit; le diabète deviendrait grande cause nationale, les malades y gagneraient beaucoup et la sécu aussi; les diabétiques les moins fortunés pourraient s'acheter le produit, qui serait placé en bonne vue dans les rayons et ainsi continuer à déguster des mets au goût sucré sans risque d'altérer encore plus leur santé. Elle est pas belle mon idée????