Un débat aura lieu ce mercredi à l'Assemblé nationale et au Sénat

Intervention en Syrie : les parlementaires réunionnais divisés

  • Publié le 4 septembre 2013 à 05:00

Alors que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réaffirmé ce lundi 2 septembre 2013 la détermination du gouvernement à engager une action militaire en Syrie, le Parlement doit se réunir ce mercredi (à 16 heures, heure de Paris) pour un débat - sans vote - sur ce sujet qui divise la population française mais aussi les députés et sénateurs de La Réunion. Si les parlementaires socialistes se montrent solidaires du gouvernement tout en restant très prudents, plusieurs réserves se font jour du côté des opposants.

Selon un dernier sondage publié ce vendredi 30 août, 64 % des Français sont opposés à une intervention en Syrie. Cela n’empêche pas le gouvernement de maintenir sa volonté d’engager une action militaire, comme l’a confirmé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ce lundi, après avoir reçu les principaux responsables parlementaires. Quelques minutes auparavant avait été publiée une note confidentielle déclassifiée des services du renseignement français prouvant la responsabilité du régime de Damas dans l'attaque chimique du 21 août, qui aurait fait au moins 281 morts.

La détermination gouvernementale est toutefois loin de convaincre tout le monde, à commencer par la députée-maire de Saint-Paul, Huguette Bello. " C’est vrai que Bachar El-Assad est un tyran, mais on ne sait même pas si des gaz ont vraiment été employés, lesquels et par qui ? Les analyses ne sont même pas terminées et on veut déjà intervenir ", regrette-t-elle, estimant que " le gaz est un prétexte ".

Membre du groupe GDR (Gauche démocrate et républicaine) à l’Assemblée nationale, Huguette Bello reste ainsi fermement opposée à toute intervention française. " Tout conflit n’a de sens que s’il débouche sur un projet politique. Les expériences passées en Irak, en Afghanistan, en Libye devraient porter conseil. Ces pays sont aujourd’hui à feu et à sang. Cela revient à s’engager à l’aveugle dans une offensive dont les finalités demeurent obscures ", souligne-t-elle, considérant que le débat de ce mercredi au Parlement " ne va servir à rien ".

Sans surprise, les parlementaires socialistes ne partagent pas cette opinion. Pour Monique Orphé, députée PS de la 6e circonscription, " il est important qu’il y ait un débat au Parlement, afin d’entendre ce que les parlementaires ont à dire pour éclairer le président dans sa décision ". Suivant la ligne gouvernementale, elle considère que l’utilisation d’armes chimiques justifie la position française. Selon elle, " la ligne rouge a été franchie avec l’utilisation du gaz ".

Huguette Bello : "de mauvaises habitudes coloniales"

Pas question toutefois pour les socialistes de partir en guerre la fleur au fusil. " Il faut faire très attention dans cette zone délicate, très instable ", prévient ainsi Ericka Bareights, députée PS de la 1re circonscription. " Il faut protéger les populations, mais pas non plus se laisser guider par de bonnes intentions sur un conflit qui peut prendre de l’ampleur ", ajoute-t-elle. " Je suis pour une intervention avec les forces de la coalition, mais contre une intervention seule de la France comme au Mali, ce qui ne serait pas sérieux ", complète Monique Orphé.

Tout comme François Hollande, les parlementaires réunionnais ont donc eux aussi le regard tourné vers les Etats-Unis, où Barack Obama a demandé à la surprise générale un vote du Congrès sur le sujet, qui aura lieu le lundi 9 septembre. Député Modem de la 7e circonscription, Thierry Robert aurait ainsi souhaité que le président français suive l’exemple de son homologue américain. " Un tel engagement mériterait la consultation exceptionnelle du Parlement ! Pour ma part, j’irai à l’Assemblée ce mercredi à la seule condition que l’exécutif sollicite le vote des députés, car à quoi bon se déplacer à l’Assemblée si c’est pour discuter et ne pas voter ", a lancé le maire de Saint-Leu dans un communiqué.

Ce mardi 3 septembre, le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a indiqué qu’un éventuel vote du Parlement, au-delà du débat de ce mercredi, n’était " pas un sujet tabou ". Il a également précisé que le président de la République allait s’adresser directement aux Français.

Pas sûr toutefois qu’il parvienne à convaincre la majorité de Français opposés à une intervention militaire, à l’image d’Huguette Bello : " La France est un vieux pays, mais se pense encore en gendarme du monde. Ce sont de mauvaises habitudes coloniales qui reviennent... ", conclut-elle.

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1 Commentaires
zorey st paul
zorey st paul
10 ans

D'accord avec H. Bello... Je me souviens lorsqu'on nous a promenés avec les armes de destruction massives de Sadam Hussein... pour nous avouer plus tard qu'elles n'avaient jamais existé ! Mais elles avaient servi de prétexte à l'intervention occidentale. Ce coup ci du gaz ? Des preuves tangibles s'il vous plait, messieurs les politiques et va t'en guerre ! ! Bien sur que c'est une pourriture ce dictateur, mais s'il est en place et depuis si longtemps, qui cela arrange t'il ? Quels intérêts politico-économiques ? Si on le laisse massacrer son peuple depuis si longtemps, c'est que quelque part, des "décideurs" ont tranché en sa faveur parce que cela les "arrange" ! Combien de dollars vaut pour eux la vie d'un homme, d'une femme, d'un enfant ?