Surpêche, réchauffement, érosion, piétinement...

Menaces sur le corail réunionnais

  • Publié le 4 octobre 2013 à 05:00

Le 18 septembre dernier, une étude publiée dans la revue "PLOS One", menée en Australie et en Indonésie, démontrait que la surpêche des requins contribuait à fragiliser les récifs coralliens. C'est effectivement le cas à La Réunion, où les coraux souffrent également du réchauffement climatique, mais aussi de l'érosion et du piétinement. De quoi inquiéter Michaël Rard, président de l'Observatoire marin de la Réunion (OMAR).

"Lorsque le nombre de requins est réduit, nous voyons un changement fondamental dans la structure de la chaîne alimentaire sur les récifs", note Mark Meekan, l’un des auteurs de l’étude, cité par lemonde.fr. "Les requins sont une bonne police d’assurance pour les récifs. Nous savons qu’en raison du changement climatique, il y aura davantage de cyclones et de blanchiment. Avoir des requins est l’une des meilleures façons de nous assurer de la bonne santé des récifs", ajoute-t-il.

Selon l’étude, la surpêche des requins constitue donc une menace pour les écosystèmes marins et notamment, par ricochet, pour les coraux. "Les requins sont au sommet de la chaîne alimentaire et permettent de réguler l’écosystème, en débarrassant les eaux des éléments trop vieux ou en mauvaise santé", confirme Michaël Rard, président de l’Observatoire marin de La Réunion (OMAR).

L’absence du prédateur laisse ainsi la place à d’autres qui, eux, se nourrissent essentiellement de poissons herbivores. "De fil en aiguille, on se retrouve avec de plus en plus d’algues qui supplantent les coraux", poursuit Michaël Rard, constatant d’autres conséquences : "A La Réunion, il y a moins d’espèces de requins de récif que dans d’autres zones, du fait de la trop grande présence de l’homme. On se retrouve du coup avec un récif dégradé, sans la protection de ces requins et avec la présence de requins plus problématiques comme les tigres et les bouledogues."

Le corail réunionnais se retrouve d’autant plus exposé qu’il souffre d’autres maux. A commencer par le réchauffement climatique, favorisant la décalcification du corail autrement appelé blanchiment. Un phénomène déjà observé sur les récifs de l’île.

"Le corail est également victime du piétinement et de la pêche dans le récif. Il y a davantage d’algues qui se développent et le corail meurt...", continue le scientifique de l’OMAR. "Si on pêche trop d’herbivores, ils ne pourront plus se nourrir des algues sur le corail. Cela a pour conséquence plus d’envasement, plus de sable et moins d’oxygène dans l’eau. Sans compter que l’érosion est constante, ce qui entraîne une dégradation de la plage et une augmentation de la quantité de sable dans le récif", explique-t-il. "C’est d’autant plus inquiétant à La Réunion, car il s’agit d’un petit récif et la plus grande zone balnéaire se trouve sur ce récif corallien", ajoute encore Michaël Rard.

C’est ainsi toute une accumulation de menaces qui planent aujourd’hui sur le corail des eaux réunionnaises. "La préfecture a autorisé les pêcheurs à marcher sur le récif, a rouvert des passes pour la chasse sous-marine, a ouvert des zones dans la réserve marine pour les pêcheurs professionnels et l’on se retrouve avec la situation d’aujourd’hui", déplore le président de l’OMAR. "Ce n’est pas simple, mais dans un concept de développement durable, il faut savoir ce que l’on veut...", conclut-il.

A titre d'exemple, la couverture corallienne de la Grande Barrière de corail, en Australie, a diminué de moitié en 27 ans, passant de 28 % à 13,8 %, selon l'AIMS (Australian institute of marine science).

www.ipreunion.com

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5 Commentaires
seb974love
seb974love
10 ans

Bonjour,

Les requins bulldog ne sont pas endémiques de la Réunion, et ne sont ni des espèces menacées, ni en voie de disparition . Ils sont arrivés il y a quelques années, à cause de la pollution. Leur surnombre actuel, nuit terriblement à l'écosystème:
- ils chassent les autres requins (pointes blanches, pointes noires, marteau, etc.), alors que ces requins "mis dehors" et dévorés par ces derniers, ont un rôle important et sont des espèces menacées.
- certains poissons se voient fuir la pleine mer pour se cacher dans le lagon (où ils n'ont rien à faire), car ils sont trop chassés. Ces poissons bouffent alors des poissons du lagon qui ne devraient pas être bouffés (exterminés), ce qui dérègle l'écosystème.
- la psychose (justifiée) des Réunionnais et des touristes, engendre une baignade massive dans notre lagon...(là où on peut..). En témoigne les annonces systématiques des compagnies aériennes avant l’atterrissage sur l'île: "En raison du risque requin, on ne peut se baigner uniquement que dans le lagon.." La baignade massifiée dans le lagon engendre: des piétinement, de la crême solaire et autres pollutions, ainsi qu'une présence qui nuit à la tranquillité et au développement du lagon.

Allez au lagon, ouvrez les yeux dans votre masque. Ne voyez vous pas? un lagon complètement détruit, gravement malade, qui va de plus en plus mal.
La situation actuelle, est tout sauf écologique !
La situation actuelle à la Réunion, est unique dans le monde, n'est comparable à aucun autre cas, et encore moins à des généralités.
Le requin bulldog n'est pas un simple requin, c'est un espèce très particulière très très différente des autres.

Nous avons besoin d'aide ici à la Réunion.

Merci

Sucett
Sucett
10 ans

Je pense que le lagon réunionnais souffre plus d'une surpopulation
Du au fait qu on ne peut plus se baigner nulle part
Surtout qu'il n'y a pas de requins prélevés à la reunion
Étant donner que la situation est bloqué par des gens
Comme mr RARD par exemple venez le samedi
Ou le dimanche au lagon et on en reparlera .....

Framboise
Framboise
10 ans

Je lit régulièrement les nouvelles de l'Océan Indien.....
Apres la conclusion de ces études :il n'y a pas assez de requin pour protéger la barrière de corail et trop d'hommes qui dégradent ,polluent , pêchent....
Je ne vois qu'une chose a faire :supprimer les hommes...

alcibiade
alcibiade
10 ans

A La Réunion ce n'est certes pas la surpêche des requins qui provoque la dégradation du corail !!!! En revanche, la sur-fréquentation dudit lagon, le piétinement, les pêcheurs qui utilisent des filets-moustiquaires, les effluents non traités, les polluants de toutes sortes qui s'y déversent, en sus des effets de l'érosion, du bétonnage des hauts de plage… tout un faisceau de paramètres agressifs qui participent de la dégradation du corail, à l'intérieur du lagon. Autant de défis à relever pour les collectivités réunionnaises, sans pour autant oublier ou relativiser l'impératif de sécurité publique que l'Etat doit aux Réunionnais qui ont le droit de se baigner ou de pratiquer des sports nautiques sans se faire bouffer par des requins, n'en déplaise aux Khmers verts et autres fanatiques de l'écologisme anti-humaniste. Au fait, quand l'Etat prendra-t-il la responsabilité de faire démanteler le DCP géant abandonné dans la baie de Saint-Paul ? Interdire la baignade et les activités nautiques sur la côte Ouest et continuer d'attirer les requins sur ces mêmes sites en laissant en place les installations de l'ex-ferme aquacole paraît bien peu cohérent. Les gentils plongeurs de Latitude 181 devraient peut-être s'atteler au problème, avec Didier Dérand comme vigie… Ils pourraient ainsi agir utilement et intelligemment… Et pourquoi ne pas inviter Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique de Monaco, dont l'aquarium a accidentellement provoqué la diffusion de l'algue caulerpa taxifolia, en 1984, dans les eaux de la mer Méditerranée ? Ce brave homme ne déclarait-il pas dernièrement qu'il faut travailler sur la cohabitation des requins et des hommes. A La Réunion, en sus des coraux et du lagon qui souffrent, il y a aussi des familles victimes d'attaques de requins qui n'étaient pas des accidents, et toute une population qui se voit privée de ce qui fait le charme de la vie, au quotidien ou presque, l'accès à l'océan et la pratique des sports nautiques.

jean-pierre espéret
jean-pierre espéret
10 ans

Cela ne surprendra guère ceux qui s'intéressent un tant soit peu à l'écologie. En effet la Nature est le modèle du "vivre ensemble". Pour faire savant, on va le traduire en grec et ça va donner "symbiose". Au cours des millénaires, il s'est établi un équilibre entre les êtres vivants, et les plus intelligents des êtres vivants sont en train de le démolir. Trop peser sur cet équilibre finit par le rompre. Les thons mangent les méduses, les requins mangent les thons, on surpêche les thons comme on l'a fait en Méditerranée dans les années quatre-vingt, les méduses prolifèrent et envahissent les plages. On surpêchent les thons comme on le fait actuellement dans l'Océan Indien, on voit apparaître les méduses, et les requins se rabattent sur les humains et leurs compagnons à quatre pattes! Conclusion logique : il faudrait arrêter la surpêche, mais des humains-requins ont décidé de tout rafler en un minimum de temps pour faire un maximum de profits, en satisfaisant l'appétit insatiable de l'espèce humain qui prolifère, comme au Maïdo l'ajonc que l'un de ses membres a cru bon d'apporter de Bretagne. Le professeur Jacquard disait : L'injonction biblique "Croissez et multipliez, peuplez la Terre et soumettez-la" c'est fait. Il faut passer à un autre mode de développement, passer du quantitatif au qualitatif. Mieux vaut un enfant au Paradis que deux en Enfer. Il devient de plus en plus urgent d'avoir cette sagesse. Cela ne veut évidemment pas dire faire la chasse au Rom ou au Comorien. Cela veut dire vivre et construire ensemble, d'un bout à l'autre de la Terre : symbiose!

jean-pierre espéret