Francis Collomp a commencé à raconter sa détention au Nigéria

"80 grammes de biscuits et un demi-litre d'eau par jour"

  • Publié le 19 novembre 2013 à 14:50
  • Actualisé le 13 juin 2019 à 01:58

Ce mardi 19 novembre 2013, vers 15 heures (heure de Paris), Francis Collomp est reparti à l'hôpital du Val-de-Grâce pour subir de nouveaux examens complémentaires, avant de pouvoir passer sa première soirée en compagnie de son épouse depuis 11 mois. Un peu auparavant, l'ex-otage avait commencé à livrer à ses proches quelques bribes de sa détention de 333 jours dans une geôle insalubre dans le nord du Nigeria. Des paroles souvent entrecoupées de larmes à l'évocation de ces souvenirs douloureux. "Il m'a dit qu'il avait construit un cadran solaire pour se repérer dans le temps", a ainsi confié son neveu Alexandre Marbois, ajoutant que "pendant le ramadan, on ne lui donnait que 80 grammes de biscuits et un demi-litre d'eau par jour".

Les premiers témoignages des proches de Francis Collomp après les émouvantes retrouvailles révèlent la même chose : tous ont été impressionnés par l’allure physique d’un homme ayant perdu plus de 35 kilos mais aussi par la force morale de l’ingénieur français, qui leur a raconté quelques épisodes de ses conditions de détention par le groupe islamiste Ansaru. Un récit toutefois douloureux, l'ingénieur français ayant beaucoup souffert de la faim et de l'isolement.

" Quand je l’ai quitté, il faisait du 48-50 en taille de pantalon, et là il fait du 34-38, c’est impressionnant ! ", a confié son beau-frère Jean-Paul Bréda, ajoutant : " Mais ça lui va bien ! " Et surtout, " j’ai été impressionné par ce qu’il a dans la tête ", a-t-il insisté.

" J’ai essayé de le faire rire et de le faire parler un peu sur sa détention ", a de son côté raconté son neveu Alexandre Marbois, poursuivant : " Le peu qu’il m’a dit, c’est qu’il avait construit un cadran solaire pour se repérer dans le temps, mais aussi qu’il passait ses journées à imaginer ce qu’il pouvait faire ou construire pour aider les Africains. "

Ce à quoi son épouse Anne-Marie Collomp a immédiatement réagi : " Elle lui a dit qu’il n’était pas question qu’il retourne en Afrique ! ", témoigne Jean-Paul Bréda.

Mais Francis Collomp ne s’est pas arrêté là, décrivant des conditions de détention très éprouvantes. " Pendant le ramadan, on ne lui donnait que 80 grammes de biscuits et un demi-litre d’eau par jour ", reprend son neveu, expliquant que dès son arrivée, il avait mesuré sa cellule de 5 m2. " Il a mis un point d’honneur à faire ses 15 km de marche chaque jour pour rester en forme. J’ai l’impression que dès le début son idée a toujours été de s’évader ", confie-t-il.

Les mots ont été toutefois difficiles à sortir pour Francis Collomp, ayant souvent du mal à retenir ses larmes. Il a tout de même pu expliquer qu'il arrivait à ses ravisseurs de le déplacer. Il se retrouvait alors les yeux bandés, violemment chahuté dans le coffre d'une voiture. Il s'est également inquiété du sort du geôlier qu'il a lui-même enfermé avant de s'enfuir, pensant qu'il ne devait sûrement plus être en vie aujourd'hui.

Dès son arrivée à Paris, ce lundi, son premier souhait a été de manger un steak-frites, qu'il n'a cependant pas pu finir, n'étant plus habitué à ces quantités de nourriture.

Un important dispositif de sécurité est encore en place autour de l’ancien otage, qui a manifesté une grosse envie de rentrer à La Réunion, où il devrait arriver lundi 25 novembre prochain.

Mahdia Benhamla, de Paris, pour www.ipreunion.com

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