La distribution d'eau et d'électricité a été fortement perturbée par Bejisa

Le réseau réunionnais remis en cause

  • Publié le 11 janvier 2014 à 05:00

Après un black-out généralisé sur l'île et le passage du cyclone Bejisa, la distribution électrique à La Réunion a été mise à mal ces derniers jours. Au plus fort de l'épisode cyclonique, la nuit du 2 janvier 2014, 181 000 foyers ont été privés de courant. Si le travail et la réactivité des agents d'EDF sont à saluer, la centralisation du réseau soulève quelques interrogations. Une problématique d'autant plus importante lorsque l'accès à l'eau potable dépend en partie de stations de pompages reliées au fournisseur d'électricité.

"Je ne dis pas que le réseau est vétuste, mais il est fragile par rapport aux cyclones." Ce constat, signé Daniel Alamelou, est partagé par une bonne partie de la population. Le nombre de foyers privés d'électricité a monopolisé l'actualité tout au long du passage du cyclone, de la pré-alerte à la phase de sauvegarde. Ce samedi, encore quelques cas isolés sont dans le fénoir. Les coupures de courant ont touché des milliers de Réunionnais pendant plusieurs jours, voire une semaine pour certains. Une situation exceptionnelle qui a été précédée par un autre fait rarissime à La Réunion : un black-out généralisé sur toute l'île.

Ces deux événements  ont mis sur le devant de la scène EDF et son réseau électrique particulier à La Réunion. "Notre système est insulaire, contrairement à la métropole, notre région n’est pas interconnectée à d’autres départements", précise Daniel Alamelou, président du Sidélec. La majeure partie de l’électricité réunionnaise est produite dans l'île par quelques installations : les centrales thermiques de Bois-Rouge, du Gol, et du Port ; ainsi que les centrales hydroélectriques de l'Est, notamment à Sainte-Rose.

"Nous avons assez de moyens de productions, mais mal répartis, notamment dans le Sud. On doit améliorer la situation de production par micro-régions", commente l’élu.  Chez EDF, on ne parle pas de déséquilibre, mais de soucis de pascalisation. Le fournisseur d’électricité partage en partie le point de vue du syndicat : "il y a un besoin de moyens de production complémentaires dans le sud." Un projet de turbine à combustion a été soumis à un appel d’offre, indique-t-on du côté de la compagnie.

D'autres personnes ont pointé du doigt le fait qu'EDF aille chercher des renforts et du matériel en Corse. Plus de 50 agents sont venus de métropole, avec notamment 15 groupes électrogènes. La Réunion est-elle pour autant totalement dépendante de ses antennes métropolitaines ? Non, répond le fournisseur : "on a tout ce qu'il faut ici. Mais Bejisa a été un défi énorme, avec une casse impressionnante. On ne peut pas prévoir à l'avance les aléas climatiques, ni ses conséquences. Nous avons des stocks conséquents, et des personnes, mobilisées en pré-alerte, sont venues avec du matériel nécessaire."

Si les différents acteurs sont d’accord pour renforcer les moyens de production à La Réunion, qu’en est-il de la sécurisation du réseau ? "Renforcer l’élagage en période pré-cyclonique diminuerait le risque de casse sur le réseau", souligne Daniel Alamelou. Une solution qui est en cours indique EDF : "comme nous sommes dans un milieu tropical, il doit se faire toute l’année. Des études sont menées avec des laboratoires de recherche sur place pour répertorier les temps de repousse et les tournées d’élagage."

Depuis 2010, EDF a investi 16 millions d’euros à la protection des ouvrages contre les aléas cycloniques. Et 135 millions ont été dédiés à l’entretien, la consolidation et le renouvellement des infrastructures. Présenté comme la solution miracle par de nombreuses personnes suite au passage du cyclone Bejisa, la mise en souterrain des câbles représente déjà 67 % du réseau réunionnais : "nous avons 10 ans d’avance sur la métropole, chaque année, des centaines de kilomètres de câbles sont enfouis. Mais cette solution n’est pas toujours possible, en fonction du voltage et de la longueur de la ligne", répond le fournisseur d’électricité.

Dommage collatéral des coupures d’électricité, la distribution en eau a été également fortement perturbée par le passage du cyclone Bejisa. Par exemple, du côté de la Cise, 81 000 abonnés sur 105 000 ont été privés d’eau au moment de l’alerte rouge, dont les trois-quarts l’ont été de manière préventive. "Ca pèse beaucoup", commente-t-on du côté de la compagnie. Tout comme les acteurs du secteur de l’électricité, le distributeur d’eau assure qu’il faut inclure une sécurisation de l’énergie électrique : "c’est une phase qui est en réflexion, et qui n’a pas été oubliée du tout." Seulement, les investissements devraient être colossaux pour permettre aux stations de pompage de fonctionner normalement en cas de black-out : "sur les plus gros sites de production, on est sur des puissances énormes où des groupes électrogènes ne suffiraient pas. Une station de pompage requiert une puissance qui nécessiterait presque la mise en place d’une nouvelle centrale", explique la Cise Réunion.

Malgré les dires des uns et des autres, la compagnie assure que les améliorations du réseau sont en cours : "on ne peut pas tout traiter en même temps. Mais au fur et à mesure, on voit que ça avance, pas à la vitesse voulue par tous, mais sûrement." Du côté d’EDF, la solidarité est de mise : "on est tous autour de la même table avec la préfecture. Tout le monde travaille en étroite collaboration. Dès le départ, les stations de pompages étaient une priorité, et ce, même au détriment de l’avancement du rétablissement des clients." Un bilan sera fait très prochainement avec tous les acteurs du dispositif ORSEC, autour du préfet de La Réunion. Par ailleurs, le directeur général d'EDF SEI (Systèmes Energétiques Insulaires) est attendu sur place pour fixer les objectifs des prochains investissements.

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2 Commentaires
Daoud
Daoud
10 ans

Pas assez solide le réseau actuel, dans l'ouest des poteaux béton on plié et je parle même pas des classiques en bois… il faut moderniser et renforcer le réseau mais il faut de l'€, beaucoup d'€ … QUI PAYE ?

bimalt
bimalt
10 ans

bjr, j'ai vécu Dina en 2002, à st gilles les hauts coupure d'eau et d'électricite 3 jours pour l'un, 2 jours pour l'autre (je ne me souviens plus dans quel ordre...) 2014 Béjisa, soit 12 ans plus tard, coupure d'edf et coupure d'eau 5 jours pleins, où sont les améliorations ? et encore... il parait que béjisa etait moins important que dina ...quelle chance !!!!!! j
e ne comprends pas......