Le PDG du groupe pétrolier menace de quitter Mayotte

Le drôle de jeu de Total dans les DOM

  • Publié le 16 janvier 2014 à 09:44

L'audition du PDG de Total, Christophe de Margerie, ce mercredi 15 janvier 2014 devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, a jeté le trouble au sein de la filière carburant dans les Outre-mer. S'il s'est dit "prêt à accepter une réduction de notre rémunération, mais pas n'importe laquelle", le patron du géant pétrolier s'est également montré menaçant sur l'avenir de Total dans les DOM, notamment à Mayotte. "Si vraiment vous pensez qu'on gagne trop d'argent à Mayotte, on vous le rend (...). Il n'y a pas de raison qu'on reste en étant haï et critiqué", a-t-il lancé.

Pour le journal France Mayotte Matin, "c’est un énorme coup de tonnerre qui vient de s’abattre sur Mayotte". Et pour le député mahorais Ibrahim Aboubacar et la députée réunionnaise Ericka Bareigts, les propos du PDG de Total reviennent à prendre "les Ultramarins en otage", écrivent-ils dans un communiqué commun. "Le temps des colonies est fini : les Outre-mer ne seront plus la vache à lait de grandes compagnies qui les mettraient en coupe réglée", ajoutent-ils.

Lors de son audition devant les parlementaires, Christophe de Margerie était pourtant tout d’abord apparu plein de bonnes intentions : "On est prêt à accepter une réduction de notre rémunération, mais pas n'importe laquelle (...) Il s'agit maintenant de clairement discuter et de voir ce qu'on peut accepter, sans se battre", a-t-il affirmé, alors que des négociations sont en cours entre les différents acteurs de la filière au sujet des "arrêtés de méthode" des décrets Lurel visant à faire la transparence sur les coûts et les marges des compagnies pétrolières en dans les DOM.

Mais comme le relève France Mayotte Matin, "le ton a brusquement changé en ce qui concerne le 101ème département, où Total est en situation de monopole globale en terme d’importations, de stockage et de distribution".

Jugez plutôt. "À Mayotte (...), c’est tellement intéressant tout ça que personne ne veut y aller...", lançait d’abord Christophe de Margerie, répondant à un député lui reprochant ses marges de 22 % sur l’île. Et le PDG de Total de poursuivre ironiquement : "Si vraiment vous pensez qu’on gagne trop d’argent à Mayotte, on vous le rend. Allez chercher quelqu’un qui va vous faire tout, en transparence, en mieux, en plus propre." Et ce avant de conclure, sarcastique : "Nous partirons gentiment. Il n’y a pas de raison qu’on reste en étant haï et critiqué tout le temps."

Des propos qui ont fait vivement réagir les députés ultramarins Ibrahim Aboubacar et Ericka Bareigts. "Christophe de Margerie s’est permis, en présence des représentants de la Nation rassemblés pour l’auditionner, de menacer et de mépriser les parlementaires que nous sommes", s’indignent-ils, ajoutant que "c’est intolérable de la part d’un grand patron quand on sait les marges réalisées dans les Outre-mer, trois fois supérieures à celles réalisées en métropole".

"C’est prendre les Ultramarins pour des moins que rien, une quantité négligeable et compter sur un abandon par l’Etat", poursuivent les deux parlementaires, avant de conclure : "La transparence doit se faire et Total, comme tout le secteur pétrolier en Outre-mer, devra l’accepter. Non à ses termes mais à ceux votés par les institutions démocratiques de ce pays."

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