La grève des stations se poursuit, le ravitaillement de l'aéroport bloqué

Gérard Lebon : "Je ne suis pas un maître chanteur, ni un preneur d'otage"

  • Publié le 30 janvier 2014 à 14:14

De retour sur l'île après son séjour infructueux à Paris, le président du SRESS (Syndicat réunionnais des exploitants de stations-service) Gérard Lebon s'est rendu auprès des gérants rassemblés depuis ce matin devant la SRPP (Société réunionnaise de produits pétroliers). Il a confirmé la poursuite du mouvement de grève illimitée, ajoutant que les transports de kérosène vers l'aéroport Roland-Garros seraient désormais bloqués. S'il doit rencontrer le préfet et les pétroliers cet après-midi, aucune nouvelle rencontre n'est pour l'instant prévue avec le gouvernement. Répondant aux 24 parlementaires ultramarins ayant exhortant à "ne pas céder au chantage de la filière carburant", Gérard Lebon a lancé : "Je ne suis pas un maître chanteur, je ne suis qu'un chef d'entreprise qui essaye de sauver ses emplois ! Et je ne prends personne en otage."

Gérard Lebon, comment réagissez-vous aux réquisitions décidées par le préfet ?

"On n’est pas au service du préfet et des différents corps de métier qui en ont besoin. Nous on préconise une seule plage horaire, 8-12 heures ou 14-18 heures, car on ne va pas faire venir le personnel, le faire repartir et le faire revenir. A partir de là, il n’y a aucun problème."

À quel stade en est la mobilisation ?

"La mobilisation est bonne, les gérants ont bien compris quel était l’enjeu. Je crois qu’il y a encore 5 stations ouvertes, et je comprends que des gens estiment qu’ils n’ont pas les moyens économiques de fermer. Maintenant j’espère qu’après l’arrêté interministériel ils auront toujours les moyens de travailler. Maintenant je vais aller voir les pétrolier et essayer de rentrer en contact avec la préfecture et puis on verra bien... En sachant que la préfecture, à La Réunion comme dans les autres DOM, n’a pas trop la main sur cette affaire."

"On n’a rien contre la transparence et la baisse des prix à la pompe"

Avez-vous également décidé de bloquer les jets qui ravitaillent l’aéroport Roland-Garros ?

"Oui. Lorsque la RATP fait grève ça gêne les gens, lorsque la SNCF fait grève ça gêne les gens, lorsque les transporteurs font grève, ils bouchent la route et ça gêne les gens, je ne vois pas pourquoi les gérants de stations-service lorsqu’ils font grève devraient ne gêner personne."

Quelles sont vos revendications ?

"Ce que nous demandons au gouvernement, c’est de discuter sereinement de cet arrêté interministériel qu’ils veulent promulguer. On n’a rien contre la transparence et la baisse des prix à la pompe. Franchement, je serai content que les gens payent moins cher, ça leur donnerait les moyens de consommer plus, donc pour moi c’est une meilleure rentabilité pour les stations-service. Mais encore faut-il que le texte qu’ils veulent faire paraître soit stabilisé, autant pour les pétroliers que pour les gérants. A Bercy, on nous a fait savoir qu’on pouvait parler, qu’on avait bien reçu nos propositions, mais que l’arrêté sortirait malgré tout au 1er février. Alors on discute de quoi ? On va où ? Est-ce qu’on peut avoir le texte ? Non, on ne veut pas que des versions circulent !"

Quelles sont vos craintes concernant ce texte ?

"Demain, si les pétroliers ne sont pas stabilisés et qu’ils ont des marges ne leur permettant pas d’avoir de rentabilité sur La Réunion, ils viendront les chercher chez nous ! Et on sera mort nous les gérants stations-service ! Et les 1500 emplois qu’on a vont disparaître et notre statut de gérant aussi ! Et on sera peut-être comme à Mayotte avec des mandataires et un seul pétrolier sur l’île, et là on verra si les consommateurs payent leur carburant à 1,56 euro ou à 2 euros ou 2,50 euros. Et on verra qui seront les dindons de la farce à la fin : les gérants et les pétrolier ou alors les consommateurs... Quand on leur demande de combien ils veulent faire baisser les prix, ils ne savent pas... On est en train de jouer aux apprentis sorciers avec un métier où il y a 1500 emplois à La Réunion et 4000 en Outre-mer. On doit poser les textes et savoir où on va. Si on veut sauver la filière, c’est ce qu’il faut faire."

"Je demande à Victorin Lurel de descendre à notre hauteur"

Comment jugez-vous l’attitude du ministre Victorin Lurel dans cette affaire ?

"Je respecte la fonction, je respecte l’homme et je comprends ce qu’il veut faire. Lorsqu’il dit qu’il ne mettra pas un genou à terre, je réponds très humblement que je ne lui demande pas de mettre un genou à terre, je lui demande de descendre à la hauteur des gérants de stations-service. Nous sommes de petites gens, venez à notre hauteur monsieur le ministre !"

Que répondez-vous aux 24 parlementaires exhortant le gouvernement à "ne pas céder au chantage de la filière carburant" ?

"Je ne suis pas un maître chanteur. Je suis un chef d’entreprise qui est acculé et qui dit vous êtes en train de jouer avec la vie de nos entreprises et les emplois qui vont avec. Je ne suis pas un maître chanteur et je ne prends personne en otage. Ni les consommateurs, ni les députés, ni les pétroliers. On essaie de sauver un outil de travail à La Réunion, qui est une spécificité intéressante pour notre île économiquement et en terme d’emplois. Les députés qui ont signé, je les invite à venir me voir et à discuter ensemble du fond du problème. Car peut-être qu’ils n’ont pas bien pris la mesure du texte, qu’ils ne sont pas suffisamment informés."

Comment peut évoluer la situation dans les prochains jours ?

"Je suis prêt à discuter à partir du moment où on nous enlève l’épée de Damoclès du 1er février et qu’on nous dise : ce n’est pas grave si on prend 20 jours de plus, l’essentiel c’est qu’on stabilise l’ensemble du système. J’aimerais que ces nos interlocuteur au ministère des Outre-mer écoutent vraiment le président de la République et mettent en place de vraies tables de concertation où on peut exposer les problèmes et savoir où nous allons."

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
La filière des carburants dans les DOM
La filière des carburants dans les DOM
10 ans

Bonjour nous vous invitons à prendre connaissance de l'actualité et des positions de la filière carburants dans les DOM sur le blog : www.carburantdom.com

bernard.dumont
bernard.dumont
10 ans

Vas-y Gégé ! Je suis aussi chef d'entreprises, nous devons protéger nos emplois

Momo
Momo
10 ans

Dommage qu'il ait eu du kérosène pour rentrer sur la Réunion, cela lui aurait montré comment les usagers sont pris en otages s'il avait du "poireauter" à Paris pendant une semaine mais c'est vrai qu'il avait un super hôtel aux frais de qui????. Je pense qu'il défend plus son porte monnaie que les emplois ce monsieur