Ravine Jardin à Bois-de-Nèfles

Saint-Paul : ces trois villas illicites qui poussent les riverains à bout

  • Publié le 27 février 2014 à 05:00

Depuis plus de dix ans, les riverains de la Ravine Jardin, à Bois-de-Nèfles Saint-Paul, se battent contre la construction de trois villas à flanc de ravine. Des maisons qu'ils estiment illicites puisque bâties sur des parcelles inconstructibles, qui plus est sans permis de construire valide. Ils dénoncent notamment de graves menaces sur l'environnement et la sécurité. Mais alors que la mairie de Saint-Paul confirme toutes ces infractions, les travaux vont toujours bon train et sont même en voie d'achèvement...

Les riverains de la Ravine Jardin, à Bois-de-Nèfles Saint-Paul, sont à bout. Cela fait maintenant plus de dix ans qu’ils se battent contre la construction illicite de trois villas, à flanc de ravine. Trois grandes bâtisses aujourd’hui en voie d’achèvement, mais qui selon eux n’auraient jamais dû voir le jour : "Non seulement ces parcelles sont en zone inconstructible, mais l’initiateur de ces constructions ne bénéficie d’aucun permis de construire !", affirment-ils.

"Le dossier remonte à quelques années. Cette personne a obtenu un permis de construire, mais il n’a pas été mis en œuvre en temps voulu (3 ans, ndlr) et pour nous il est aujourd’hui caduc", confirme Bernard Robert, responsable du pôle aménagement à la mairie de Saint-Paul. "D’autant plus qu’entre-temps, le PPRI (plan prévention du risque inondation) approuvé par le préfet a placé cette zone en PPRI rouge", ajoute-t-il.

La mairie confirme donc les dires des riverains : ces trois villas sont sorties de terre sans permis de construire valide et dans une zone classée PPRI rouge, donc inconstructible. Oui mais voilà, rien n’a été fait pour stopper ces constructions...

Réunis dans un collectif, les habitants ont pourtant tenté d’alerter les autorités à coups de multiples courriers, rapports et autres procédures. Les premières alertes remontent à l’année 2003, avec une lettre adressée à la mairie de Saint-Paul alors que la construction d’un mur de soutènement et des travaux de terrassement ont démarré depuis un an dans la Ravine Jardin. Dans cette lettre, les riverains expriment leurs "craintes d’un éboulement en cas de fortes pluies en période cyclonique", ainsi que "l’enfouissement de matériaux impropres".

Une démolition demandée par la préfecture en 2005

Ils indiquent également avoir été les témoins de nombreuses infractions depuis 2002 : "déplacement de borne après empiètement de son mur sur une des parcelles voisines, branchement illégal sur le réseau d’eau communal, fondations insuffisantes, béton non-contrôlé et non-vibré sans étude de ferraillage, remblai fait de matériaux hétéroclites et impropres (carcasses de camion, futs d’huile, produits phytosanitaires, matériaux divers de classe 3, plâtres, briques, parpaings...)".

À l’époque, ils n’avaient reçu aucune réponse des services municipaux. Mais en 2005, la préfecture demande "la démolition du mur dans les délais les plus brefs". Un an plus tard, c’est la direction départementale de l’équipement qui "propose la démolition du premier mur de soutènement se situant dans la ravine Jardin". Mais malgré ces injonctions officielles, le mur est toujours resté debout.

Si les travaux ont été mis en sommeil quelque temps, ils ont repris de plus belle en 2011, conduisant les riverains à lancer une pétition – réunissant une centaine de signatures – et à envoyer de nouveaux courriers à la mairie et aux diverses autorités. Ils ont également demandé l’avis d’un bureau d’étude, faisant état d’une "berge de ravine remblayée sur une hauteur d’environ 8 à 11 mètres" et d’un mur "d’environ 130 mètres". Et de conclure qu’"au regard de la réglementation, des risques naturels et de la continuité écologique, une remise en état de la berge serait à préconiser", mais aussi que "la réalisation et la pérennisation d’un tel ouvrage semblent clairement aller à l’encontre d’un développement harmonieux".

Face à cette situation, "une procédure a été engagée par la mairie, mais on nous a dit qu’elle avait été classée sans suite par le procureur en 2013", racontent les riverains. Ne se décourageant pas, ils ont depuis de nouveau écrit à la député-maire de Saint-Paul Huguette Bello et ont été reçus en mairie le 3 février dernier. "Une nouvelle procédure a été engagée, on nous a dit qu’elle était entre les mains de la DEAL (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et qu’elle allait être transmise en urgence au parquet", précise le collectif.

"Un jour, il y aura un drame"

Du côté de la municipalité saint-pauloise, on assure ainsi avoir fait le nécessaire pour tenter de mettre fin à ces constructions. "Nous avons dressé des procès-verbaux d’infraction aux règles d’urbanisme et nous les avons transmises au parquet, mais au-delà nous n’avons pas de marge de manœuvre", affirme Bernard Robert, qui reconnaît pourtant l’urgence de la situation : "Ce qui nous inquiète, c’est que les constructions se poursuivent. En cas de crue importante, ce peut être vraiment dangereux. C’est malheureux, mais on est un peu impuissant, le dossier est entre les mains du parquet."

Toujours est-il que pour l’instant, les travaux vont bon train, au grand dam des riverains qui s’étonnent de voir les choses traîner à longueur d’années. "On a vu d’autres chantiers arrêtés pour beaucoup moins que ça. Mais là c’est quelqu’un qui se croit tout permis et qui doit avoir le bras long... On voit bien que ça freine des deux pieds et que des personnes font tout pour que ça traîne", estime-t-on, soulignant que la personne en question "s’est même octroyée un numéro de boîte-aux-lettres !"

"On demande simplement que la loi s’applique et que l’on fasse respecter les règles d’urbanisme", résume l’un des riverains. "Ce qu’on souhaite, c’est que le chantier s’arrête, que des scellés soient posés et que les constructions soient démolies. Sinon un jour, il y aura un drame...", conclut-il, s’interrogeant : "Demain qui sera responsable si des gens se retrouvent écrasés par un mur ou emporté par un torrent de boue ?"

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guest
10 Commentaires
hty
hty
10 ans

c'est lamentable

Oté !?
Oté !?
10 ans

Incroyable ôté!
Un riverain a appris qu'une des constructions avait trouvé acquéreur... de la bouche même du nouveau propriétaire.
Comment cela est-il possible ?
Pas de permis de construire !
Normalement pas de conformité délivrée !
Normalement pas d'obtention de compteur d'eau ni d'électricité !
Et toujours pas de son ni d'image des autorités et services concernés, c'est la grosse mafia cette affaire.
Tous pourris et corrompus : Élus, DEAL, Justice, Notaires et tous ceux qui couvrent ces combines mafieuses.
Laissez faire, c'est pousser à la révolte et à l'anarchie.
Il n'y a plus qu'à faire péter comme dans l'île de beauté !
A suivre!

pointdevue
pointdevue
10 ans

Si les faits sont avérés, ce que confirmerait la commune, ils sont d'une extrême gravité. Bizarrement le parquet semble l'apprécier autrement.
Voilà donc le triste constat de la défaillance,de l’incompétence et du laxisme de la justice, à moins que cela ne cache autre chose.
Laissez impunis ces comportements laissera forcément la porte ouverte à d'autres personnes mal intentionnées.
Sans tomber dans le catastrophisme, mais quand on connait un peu l'effet dévastateur des précipitions cycloniques, les conséquences sur l’environnement seront alors désastreuses et le bilan humain lourd.
Mais à lire certains commentaires, l'homme a la mémoire courte et les lois sont faites pour être détournées.
La crise du bâtiment n'est donc pas pour demain quand on connait le nombre de ravine de notre île, surtout qu'il faudra reconstruire quand la nature reprendra ses droits.
Par contre une petite interrogation, une entreprise de construction ne doit-elle pas s'assurer de la délivrance et de la validité du permis de construire avant de débuter les travaux.

bibi
bibi
10 ans

il serai bon que la loi s'applique de la même manière pour tout le monde,alors! tout est permis quand on a de l'argent ; une grosse monnaie à droite , une grosse monnaie à gauche et le tour est joué? Mais quelle honte! que fait la justice !!!!!!!! c'est inadmissible.

Pti Démon
Pti Démon
10 ans

A la Réunion on n'est pas logé à la même enseigne, deux poids deux mesure. Les petites cases sans permis les écrasent avec des tractopelles sans délais et les grosses baraques on ne les voient pas. De recourt en recourt jusqu’à ce qu'on ferme les yeux. Pas de destruction et ce n'ai la faute de personne ! Courage aux voisinages.

Hibiscus
Hibiscus
10 ans

Ce n'est malheureusement pas le 1er cas dans notre île..... cela va t'il cesser un jour ? il faudrait un exemple pour montrer que l'on ne peut pas être hors la loi et en refroidir quelques uns

xav
xav
10 ans

Mais qui est donc le propriétaire caché derrière ça?
Allons 10 ans que ça dur et personne ne connait la personne au bras si long.....
Il peut donc dormir tranquille!

popo
popo
10 ans

Sommes nous en République Banna..................?
Quand ou n'a l'argent et ben toute les bon
La loi le ou dans ce zafaire?????

Ôté !?...
Ôté !?...
10 ans

Pas croyable ôté!
Quand on lit ça, pas de problème tout est permis sans permis et partout.
Pourquoi se gêner, les services compétents de l'État ne le sont plus faute de moyens et certains semblent en user.
Té gars, le proprio ce n'est pas un bras long qu'il a, mais plutôt une trompe et tout le monde le sait bien qu'un éléphant ça trompe énormément.
Au fait, sont-elles à vendre ?
Si oui, les acquéreurs faites quand même gaffe, cela ne sera pas forcément une bonne affaire!
Blague à part, cela est franchement inadmissible et pour l'exemple la démolition s'impose et calmerait sûrement les audacieux.
A suivre...

ViZe
ViZe
10 ans

Le gars construit dans une ravine. A la limite si c'est pour y vivre lui même et prendre le risque pour lui et sa famille c est stupide, cela fait courrir un risque sur les autres berges ... Mais passons.
Mais trois villas on va pas me dire que c'est pour lui seul.
Ces heureux propriétaires soucieux du sort de leurs locataires ca fait plaisir à voir.

Ha oui il y a des petits malins qui payent des experts a prix d'or pour certifier contre un cheque n'importe quoi. "Non non y a jamais eu d eau dans cette ravine mon bon Monsieur".
Ben oui c est connu les ravines c'est creusé par le vent...

Ce qui se passe dans le Var ou en Bretagne c est pas pour nous ca. Ici l eau est bien gentille dans son lit. Dormez tranquille on vous le dit.

Allez courage au colletif... C est pas gagné