Séjours à répétition dans l'île soeur

Maurice : vacances "Royal" pour Ségolène

  • Publié le 29 mai 2014 à 13:21

L'album de vacances de Ségolène Royal a récemment fait scandale à Maurice, où l'on s'est étonné, jusqu'à l'Assemblée, de la fréquence des visites de la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, et du faste semi-protocolaire qui les accompagnait.

Jean-Claude Antoine, (Week-End), s'est fait le chroniqueur des riches heures d'une Ségolène Royal qui n'était pas encore ministresse de l'Ecologie. Le 9 mars dernier, il écrivait à propos du Salon du Livre, "comment faire l’impasse de l’omniprésente Ségolène Royal. Elle est si souvent présente à Maurice qu’on devrait lui donner une carte de fidélité. Ça fait trois fois de suite en deux ans" qu’elle  "vient se promener à Maurice aux frais des contribuables mauriciens. L’année dernière, elle était l’invitée d’honneur de la Journée de la Femme ; cette année, elle est celle du Salon du Livre. Pour faire un discours de quelques minutes, elle a eu droit à un billet d’avion aller-retour Paris/Maurice en première classe, un séjour dans un hôtel cinq étoiles tous frais payés et une voiture avec chauffeur pour ses déplacements. On dirait que la brave Ségolène fait partie des invités ad hoc de Navin Ramgoolam et, en tout cas, se comporte comme telle : elle met une veste rouge, de la couleur du parti politique de son hôte et fait un discours pour le flatter. En fait, elle vient donner un spectacle par intermittence à chacun de ses passages à Maurice…"

La charge est féroce, politiquement ciblée, mais les passages officiels de la citoyenne Royal alternent avec des séjours privés lors desquels lui sont prodiguées des attentions spéciales.

Sous l’égide du très féministe et polygame Jacob Zuma

En conséquence,  Le Mauricien du 5 février dernier interrogeait le gouvernement  sur les conditions d'accueil qui seraient réservées à Valérie Trierweiler  lors de son récent séjour au Beachcomber Paradis, en compagnie de l’épouse du ministre du Travail, Michel Sapin et de la compagne de Gérard Jugnot : " cette ancienne compagne de François Hollande obtiendra-t-elle le même traitement et les mêmes faveurs que la précédente, Ségolène Royal, lors de ses multiples déplacements à Maurice  (…) À chaque visite Ségolène Royal (…) est reçue à dîner par le Premier ministre (P.M), Navin Ramgoolam, et l’entourage de ce dernier. Lors de la dernière rencontre, à la Clarisse House (Ndlr : la résidence du P.M), le chef du gouvernement avait dû revoir le planning de l’enregistrement de son message à la nation pour le Nouvel An pour accommoder cette personnalité française, devenue  "une amie de Maurice"…

Sans remonter à Bernardin de Saint-Pierre, l'idylle entre Ségolène Royal et Maurice, date de 2011, année où Navin Ramgoolam, Premier ministre, l'invite à dîner le 18 décembre, en compagnie de membres éminents du gouvernement, repoussant une réception prévue pour le 50e anniversaire du Racing Club de Maurice. Madame Royal en visite privée, avait précédemment été accueillie sur le tarmac de Plaisance "par des hauts-fonctionnaires du service protocolaire du ministère des Affaires étrangères", qui lui avaient fait escorte jusqu’à son hôtel.

Mme Royal et M. Ramgoolam se reverront en septembre 2012, à Cape Town, en Afrique du Sud à l'occasion du 24e congrès de l'Internationale Socialiste, sous l’égide du très féministe et polygame Jacob Zuma, puis en décembre de la même année à Maurice lors des vacances de fin d'année de la Dame, au très luxueux 5 étoiles Beachcomber Trou aux biches Resort and Spa.

"Présidente d'honneur d'un festival du livre quand on n'écrit pas ses propres livres"

En Mars 2013, pour les cérémonies de l'indépendance, Mme Royal trônera en tribune d'honneur ; Jean-Claude Antoine explique : " elle était l’invitée spéciale pour le jour de la Femme (…) On l’aura surtout entendue à la télévision chanter les qualités de Navin Ramgoolam  (…) Que ne doit-on pas faire pour répondre à une invitation pour un séjour cinq-étoiles tous frais compris avec voyage en business class à Maurice !"

Pour justifier du caractère féministe de sa mission, Mme Royal devait crânement déclarer : "Maurice est un exemple au niveau planétaire en termes d’unité, de solidarité et de l’émancipation de la femme (…) en mai 2010, le gouvernement mauricien a changé l'appellation du ministère des droits des Femmes en ministère de l'Egalité du Genre, du Développement de l'enfant et du bien-être de la famille. Alors qu'en France, il y a tout un débat sur la question du Genre… " ; CQFD : la France devrait suivre l'exemple de l'île Maurice en matière d'égalité hommes-femmes.

Ce zèle féministe avec emphase sera pourtant mal perçu.  La journaliste Deepa Bhookhun, sur lexpress.mu, déclenchera les hostilités dans un brûlot qui dit à peu près ceci : "Ainsi Segolène Royal pense que nous sommes très avant-gardistes en termes d'égalité des Genres. Vraiment. Quelle intéressante pensée. Je me demande jusqu'à quel point le séjour gratuit dans le bungalow d'Etat de l'hôtel Trou aux Biches a influencé son schéma de pensée. Je crois vraiment que pour venir ici et dire de telles inepties, pour oser penser que les Mauriciennes sont assez bêtes pour leur dire que tout va bien, on doit être fou à lier, complètement idiot ou tout simplement n'en avoir rien à faire tant que l'on obtient ce que l'on veut (…) Comment Ségolène Royal est-elle venue sur l’île Maurice ? A-t-elle payé pour son vol ? A-t-elle bénéficié de privilèges de VIP une fois posée ? (…) Qu'avons-nous encore payé ? (…) Et en retour de "notre" générosité, qu'elle a du confondre avec la générosité de Navin Ramgoolam, Madame Royal nous révèle que nous sommes un exemple pour l'Europe…"

Le pamphlet se termine par une pique féroce centrée sur le terme créole " moufta " (Ndlr : parasite), "que Mme Royal devrait apprendre, tout comme elle doit savoir que nous en avons assez ici…" Pas de quoi l’empêcher de passer les fêtes de fin d'année 2013 à Maurice.

Et d'y retourner au mois de mars pour le 2ème salon international du livre Confluences, dont la présidente d'honneur était… Ségolène Royal. Une litanie de "people" de France, voyageait avec elle, dont Edwy Plenel, Mazarine Pingeot, (fille de François Mitterrand), Nicolas Hulot… La vertu littéraire de Mme Royal n'étant pas évidente, il faut préciser qu'elle faisait la promotion du dernier opus de son œuvre, "Cette belle idée du courage" et par réflexion de sa personne. Ce qui n'a pas vraiment séduit le philosophe Michel Onfray ; interviewé par Le Mauricien, il  déclarait : "Présidente d'honneur d'un festival du livre quand on n'écrit pas ses propres livres, c'est une plaisanterie ! Pire qu'une plaisanterie, c'est de l'indécence! Si on veut honorer le livre dans un salon, on cherche comme président quelqu'un qui écrit lui-même les livres qu'il publie !"

Madame Royal userait-elle de "nègres" littéraires ?

Le ton était donné, la critique acerbe. Le Mauricien écrivait le 2 mars : "il semblerait que l’on ait à nouveau privilégié la célébrité à la qualité littéraire en ce qui concerne les têtes d’affiche en provenance de France…", une affaire de "petits arrangements entre amis", de millions de roupies investis  dans le salon, sans parler des sponsors et mécènes officiels ou obligés. Les esprits s'échauffant, la polémique s'est élevée jusqu'à l'Assemblée nationale ; le député  Kavi Ramano, du Mouvement Militant Mauricien, se hasardera à poser une question au Premier ministre pour savoir si Mme Royal "était l’invitée officielle du gouvernement mauricien en marge du deuxième Salon international du livre et ce que cette visite a coûté aux contribuables mauriciens" (Week-End du 24 mars 2014).

La réponse a été donnée dans le Canard Enchaîné, fin avril. La nouvelle ministre de l'Environnement y désamorce le sujet, admet avoir été invitée à Maurice, deux fois, tous frais payés, avion first class et hôtel 5 étoiles, pour la Journée de la femme et le Salon du livre Confluences, précisant que la chose était prise en charge par des entreprises privées, notamment celles qui sponsorisent le Salon du livre… qu’elle n’était pas la seule ; Edwy Plénel aussi…

Ces explications n'arrangent pas les affaires de la nouvelle ministre qui apparaît débitrice d'intérêts privés et étrangers. Quant à l'annonce de l'escapade sponsorisée d'Edwy Plénel, elle amène naturellement à s'inquiéter pour l'indépendance de Médiapart,  si chère à son directeur.

Philippe Le Claire pour www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Gramoun FM
Gramoun FM
9 ans

Madame Royal illustre bien par son comportement et son mode de vie la véritable nature de grand nombre de personnalités dites "de gauche", grands donneurs de leçons, moralisateurs intransigeants et accusateurs publics qui vivent comme des princes aux frais des contribuables.