Rencontre avec le président de l'IRT trois mois après son élection

Patrick Serveaux : "je veux être plus proche des professionnels"

  • Publié le 1 août 2014 à 05:00

Élu à la présidence de l'Île de La Réunion Tourisme (IRT) au début du mois de mai 2014 pour succéder à Jacqueline Farreyrol, Patrick Serveaux approche des trois mois de mandat. Lui qui a la lourde tâche d'inverser la tendance à la baisse de la fréquentation touristique de l'île revient sur les dossiers en cours et les initiatives récentes, tout en essayant d'apporter un nouveau style. "J'ai voulu apporter quelques changements, notamment être plus proche des professionnels", assure-t-il, misant notamment beaucoup sur internet et le numérique. À l'international, "nous aurons à repositionner nos moyens sur des salons sur lesquels nous aurons des retombées plus directes", estime également le nouveau président de l'IRT.

Quel bilan tirez-vous de vos trois premiers mois à la présidence de l’IRT ?

" Je suis à la tête de l’IRT depuis maintenant 86 jours, ce qui est relativement court pour dresser un premier bilan. Ce que je peux dire, c’est que pendant cette période j’ai voulu apporter quelques changements, notamment être plus proche des professionnels. Je m’étais engagé dès le départ à travailler en étroite collaboration eux, je pense qu’ils doivent être satisfaits. Mon ambition est de continuer à faire plus pour les associer davantage à nos actions. "

Vous avez récemment invité des bloggeurs sud-africains à La Réunion, vous visez les 400 000 fans sur facebook... La promotion de La Réunion passe-t-elle désormais essentiellement internet et les réseaux sociaux ?

" 400 000 fans sur facebook, c’est un premier objectif, mais le véritable objectif c’est d’avoir des touristes à La Réunion. Aujourd’hui, de plus en plus, les clients se tournent vers le numérique, les réseaux sociaux, internet pour réserver, la clientèle va de moins en moins dans les agences de voyage traditionnelles. Donc nous voulons mettre l’accent sur ce nouveau moyen de communication, d’où la mise en place d’un réseau de bloggeurs qui communiquent sur La Réunion. Nous allons également rénover notre site, que nous présenterons juste avant le salon Top Résa (en septembre, ndlr). C’est la vitrine de La Réunion sur le plan numérique. "

"Il ne faut pas se gargariser des fans sur facebook"

Est-ce vraiment la priorité ?

" C’est un des moyens de conquérir la clientèle, mais il ne faut pas se gargariser uniquement car on a beaucoup de fans sur facebook. Pour moi, le véritable indicateur au final, c’est le nombre de clients qui arriveront à La Réunion. "

L’IRT a également lancé une invitation à l’équipe d’Allemagne championne du monde de football. Pourquoi cette initiative ?

" Nous avons voulu montrer à l’équipe d’Allemagne et aux Allemands que La Réunion existait. Généralement ce sont des initiatives qui sont prises par d’autres voisins de la zone et nous avons voulu faire quelque chose d’assez innovant. S’ils voulaient vraiment venir, de nombreux partenaires locaux sont prêts à faire des efforts pour les recevoir, parce que ce serait un honneur pour La Réunion et une occasion supplémentaire de mettre en avant notre belle destination. "

Inviter la Mannschaft, "une opération qui ne coûte rien"

Mais vous saviez à l’avance que la venue de la Mannschaft était plus qu’improbable...

" Ça, ce sont un peu des raccourcis... Ce que je voulais expliquer aux Réunionnais, c’est qu’il ne s’agit pas d’une dépense pour le plaisir de dépenser, car certains s’inquiétaient de savoir combien d’argent on allait mettre là-dedans. Il n’y a pas d’argent mis sur cette opération. Au contraire c’est une opération de promotion qui ne nous coûte rien. Et ça c’est remarquable. "

Où en est le grand dossier des tarifs aériens ?

" Nous avons organisé le 26 juin une réunion avec les professionnels de l’aérien pour mieux comprendre comment on pouvait travailler en plus étroite collaboration. Cette réunion nous a permis notamment de déterminer qu’il y a 20 % de sièges sur les avions qui ne sont pas utilisés et que l’on pourrait utiliser de manière différente, avec des prix beaucoup plus abordables pour faire venir des touristes à La Réunion dans le cadre de package. Nous essayons également de faire en sorte qu’on arrive à baisser les tarifs en juillet-août. C’est notre problème actuellement, sur lequel nous travaillons en étroite collaboration avec les compagnies aériennes. "

"La clientèle chinoise arrive"

La suppression des visas pour les touristes chinois et indiens a-t-elle déjà eu des conséquences ?

" Les touristes chinois qui viennent pour un séjour de moins de 15 jours n’ont plus besoin de visas dans la mesure où ils passent par une agence agréée. Le ministère des Affaires étrangères français va sortir une liste de 400 agences chinoises agréées. Les Chinois commencent à arriver par petits nombres, mais ils arrivent déjà à La Réunion, donc ce n’est pas seulement du virtuel, c’est aujourd’hui la réalité. Depuis le début de l’année, on constate que la clientèle chinoise arrive. Mais c’est sûr que ce n’est pas du jour au lendemain que nous allons être envahi par les Chinois, c’est un travail de longue haleine. Sur la clientèle indienne, le modèle va être un peu identique. Pour l’instant rien n’est paru, mais on peut s’attendre dans les semaines qui viennent à ce que le ministère des Affaires étrangères mette en place le même système pour faire venir les touristes indiens à La Réunion. "

On a souvent reproché à l’IRT par le passé des dépenses somptuaires dans de nombreux salons à l’étranger sans réelle efficacité. Qu’en est-il désormais ?

" Nous aurons à repositionner nos moyens sur des salons sur lesquels nous aurons des retombées plus directes. Top Résa, nous y serons au mois de septembre, nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas y être. C’est le rendez-vous annuel des professionnels du tourisme français. Nous avons été aussi à l’ITB Berlin, car c’est le plus grand salon mondial du tourisme, c’est là où se négocient beaucoup de choses. Nous serons également au mois de novembre en Chine, car si nous voulons séduire la clientèle chinoise, nous devons nous vendre sur les marchés chinois. Nous serons en Afrique du Sud car c’est une clientèle que nous tentons de capter. Le volume de touristes sud-africains augmente d’ailleurs régulièrement, notamment avec la suppression des visas. "

"On doit se poser certaines questions" sur les Maldives

On n’entend moins parler des îles Vanille depuis quelques mois. Croyez-vous toujours à l’efficacité de ce rapprochement régional ?

" Je crois au combiné, car la clientèle qui vient de loin, d’Europe notamment, se déplace en général pour deux destinations. On a constaté qu’au cours de l’année dernière, 25 %  des clients qui venaient d’Europe venaient à Maurice et à la Réunion, ou à Madagascar et à La Réunion, aux Seychelles et à La Réunion... Nous voulons jouer la carte de la complémentarité pour pouvoir capter une clientèle encore plus large. D’ailleurs je vais rencontrer la semaine prochaine le ministre mauricien du tourisme pour évoquer la possibilité de partager encore mieux nos flux de touristes. "

La présence des îles Maldives, qui ont rétabli la peine de mort pour les mineurs, ne pose-t-elle pas un problème moral aux autres pays membres ?

" C’est vrai qu’on doit se poser certaines questions par rapport au problème de la peine de mort pour les enfants. La question a été longuement abordée au cours de la réunion des îles Vanille. Personnellement, je ne suis pas un dirigeant des îles Vanille... "

Vous voyez-vous toujours comme un " président en CDD " jusqu’aux prochaines élections ?

" Vu que les élections doivent avoir lieu fin 2015, je pense que l’équipe de l’IRT restera en place jusqu’à la fin de l’année prochaine. Ce que je voulais dire, c’est que je n’étais pas vissé sur ce siège-là, mon tablier je le rendrai un jour. Je souhaite que pendant la période où je serai à la tête de l’IRT, je pourrai donner le meilleur de moi-même pour la promotion de La Réunion, pour faire évoluer le tourisme dans cette belle île de l’océan Indien. "

www.ipreunion.com

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