Le directeur général de l'ONF est en visite à La Réunion

Pascal Viné : "Très important de revenir après le drame que nous avons vécu"

  • Publié le 27 octobre 2014 à 12:30

Pascal Viné, le directeur général de l'ONF, débute ce 27 octobre 2014 une visite de trois jours à La Réunion. Le responsable de l'office national des forêts a échangé ce lundi les agents réunionnais, réunis à Saint-Denis au siège de l'établissement public. Une rencontre qui a évidemment été marquée par un hommage à Albert Chemtov, le secrétaire général de l'ONF qui avait été tué en février 2013 par Jean-Claude Ramsamy, un employé de l'Office en conflit avec sa hiérarchie qui s'est ensuite donné la mort. "C'est pour moi très important de revenir après le drame que nous avons vécu", a déclaré Pascal Viné, devant le personnel présent au parc de la Providence. Un arbre a été planté pour honorer la mémoire des deux hommes, une minute de silence a été respectée.

Vous venez à La Réunion un an et demi après l'assassinat d'Albert Chemtov. Votre déplacement est-il toujours marqué par ce drame ?

Je suis venu à La Réunion pour parler technique, mais aussi pour un moment de mémoire en souvenir de nos collègues décédés en février 2013 : Albert Chemtov et Jean-Claude Ramsamy. Au nom du président du conseil d'administration de l'Office, nous avons voulu honorer leur mémoire ainsi que celle de l'ensemble des collègues décédés à La Réunion en plantant un arbre. Nous avons voulu marquer cette mémoire par la vie, et pour le renouvellement forestier.

Deux enquêtes ont été menées. Pour quels résultats ?

Il y a eu une enquête administrative que j'avais lancé et une enquête du comité hygiène et sécurité. Ces enquêtes ont été ensuite fusionnées. Une synthèse a été transmise en juin dernier à l'ensemble du personnel de l'Office qui a pu avoir les grandes lignes du dossier et un certain nombre de recommandations ont été formulées. Elles sont aujourd'hui en cours de mise en oeuvre.

En parallèle, nous avons mis à jour le site dans lequel s'était déroulé le drame. Nous avons fait évoluer la structure. On a mené au pas de course une rénovation de la salle ou le drame a eu lieu, en créant une nouvelle salle de réunion. On a un peu mieux sécurisé le site. On a pris un certain nombre de mesures physiques et internes avec un plan d'action.

Jean-Claude Ramsamy était en conflit depuis plusieurs années avec sa hiérarchie. Des actions ont-elles été menées pour améliorer le dialogue et la prise en charge de certains cas ?

Nos recommandations préconisent un meilleur encadrement des situations difficiles. Elles préconisent aussi une approche plus collégiale qui implique les partenaires sociaux, la direction de l'Office. Nous recommandons surtout d'anticiper :  lorsque nous voyons apparaître des difficultés il faut les prendre en considération et d'élargir le champ de la discussion afin de pouvoir mieux partager les responsabilités. Il est compliqué pour une seule personne de prendre la décision.

N'y-a-t-il toujours pas un certain malaise chez les agents ?

Oui. Nous avons fait un audit socio-organisationnel. On a beaucoup travaillé depuis quelques années avec les partenaires sociaux. Il y a eu beaucoup de discussions sur l'organisation de l'établissement, sur le fonctionnement et la mise en oeuvre du management. Aujourd'hui les choses s'améliorent progressivement. Evidemment, c'est un travail de longue haleine, mais je suis déterminé à poursuivre la démarche engagée.

Dans le cadre de votre chantier à la Roche Ecrite, le bureau du Parc national a décidé il y a quelques semaines d'interdire le passage des hélicoptères de l'ONF dans le but d'assurer la protection du tuit-tuit. Vos relations sont-elles vraiment au beau fixe avec le Parc national ?

Je verrai demain le président du parc. Je pense qu'il y a eu un travail collaboratif effectué tout au long de ce projet. Un certain nombre de retard a été pris, mais tout le monde est de bonne volonté. Il faut trouver les bons équilibres entre les enjeux de la biodiversité et les enjeux économiques. Nous sommes tous les jours dans un équilibre difficile, il faut arriver à concilier des enjeux contradictoires : la préservation du tuit-tuit et l'avancement des travaux.

Il n'y a vraiment aucune tension entre les deux établissements ?

La seule façon d'y répondre : c'est le dialogue. Il faut trouver un consensus, et c'est dans cet esprit que le préfet souhaite que nous travaillons. Je regrette qu'il y ait eu une polémique autour de ce dossier qui est dans l'intérêt de La Réunion. Voilà pourquoi nous voulons finaliser la convention entre l'ONF et le Parc national pour simplifier notre manière de travailler. Il doit y avoir un principe de confiance : le Parc suit le code de l'environnement, nous le code forestier. Des sujets sont en interaction et traitons-les autour d'une table jusqu'au bout. C'est le message clair. Cette convention doit sortir de terre.

La cour des comptes a épinglé l'ONF pour sa gestion financière. Des économies devront être réalisées. La Réunion pourrait-elle être concernée par une éventuelle restriction de budget ?

Je ne viens pas pour de mauvaises nouvelles. Il n'y aura pas de modification de la trajectoire. Il faut consolider notre maillage sur le territoire. Le sens de l'ONF est d'être sur le terrain que ce soit pour la gestion ou les travaux forestiers. Des efforts ont été réalisés, voilà pourquoi nous avons souhaité stabiliser les effectifs à La Réunion. On renforce le terrain et on essaiera de limiter la vacance des postes. On va réduire notre encadrement légèrement pour bien équilibrer les choses. Nous devons assoir l'office sur ses fondations : le terrain.

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