Rencontre avec le directeur départemental de la sécurité publique

Jean-François Lebon : "Les atteintes aux personnes sont intolérables"

  • Publié le 4 novembre 2014 à 13:08

À l'occasion d'une rencontre avec la presse ce mardi 4 novembre 2014, le commissaire divisionnaire Jean-François Lebon est revenu sur ses premiers mois à la tête de la direction départementale de la sécurité publique, où il a officiellement pris ses fonctions le 26 septembre dernier. Il évoque notamment la question des effectifs policiers - "qui ont été remis à niveau et pour certains consolidés" - mais aussi certains dossiers prioritaires comme la sécurité routière ou encore la lutte contre les vols avec violence et les atteintes à l'intégrité physique, qui sont "intolérables" selon lui.

Quelles priorités avez-vous ciblées lors de vos premiers mois en tant que directeur départemental de la sécurité publique ?

"Sur ces premiers mois, les priorités sont conformes à celles fixées par le gouvernement, par le ministère de l’Intérieur et par le préfet de La Réunion, avec une action peut-être davantage soutenue sur la sécurité routière et la sécurité de nos concitoyens, et notamment les vols avec violence, qui sont inacceptables."

Les atteintes volontaires à l’intégrité physique (AVIP) sont en effet en augmentation à La Réunion...

"Il y a une baisse sensible dans plusieurs domaines, ce qui montre bien l’implication de nos services, mais sur certaines infractions comme les violences faites aux personnes, les atteintes à l’intégrité physique, il y a une mobilisation particulière qui a été mise en mouvement afin de contenir et de faire baisser ces atteintes qui ne sont intolérables."

"Il y a un meilleur service rendu"

Les syndicats de police mettent fréquemment en avant le manque d’effectifs à La Réunion. Quel est votre sentiment ?

"Tout d’abord, les départs ont été remplacés et, ajouté à cela, le ministre de l’Intérieur a décidé d’affecter 32 personnes de plus. Donc à La Réunion nous avons un solde positif qui a été réparti au mois de septembre sur les circonscriptions de police, notamment à Saint-Pierre où un effort a été particulièrement fait, mais aussi sur l’ensemble des services puisque globalement les effectifs ont été remis à niveau et pour certains d’entre eux consolidés. Don on a une capacité à agir. Je prends l’exemple de Saint-Denis où nous avons plusieurs patrouilles la nuit alors que nous n’en avions qu’une à flux tendu. Il y a une meilleure sécurité des personnels et un meilleur service rendu."

Les syndicats évoquaient de leur côté un manque d’au moins une centaine de policiers sur l’île...

"Je laisse à la représentation du personnel, qui est dans son bon droit, de faire ses calculs et d’envisager des postures plus élevées en terme de ressources humaines. Dans le même temps, la réponse de sécurité n’est pas du seul fait de l’individu ou du policier. Il y a aussi les moyens techniques, les moyens logistiques qui y contribuent, il y aussi la mutualisation avec les services de l’Etat ou des collectivités. C’est tout cela que nous mettons en œuvre, donc la ressource humaine n’est pas la seule réponse."

"Nous sommes à l’écoute de tous les modes d’expression"

En métropole, un jeune homme est décédé lors d’affrontements avec les forces de l’ordre sur le barrage de Sivens. À La Réunion, un adolescent a perdu un œil cette année lors d’une manifestation au Port. Y a-t-il une réflexion sur les moyens employés lors de ce type d’événement ?

"Chaque événement justifie une réflexion et avant même chaque événement il y a une réflexion pour anticiper et améliorer nos modes de fonctionnement. C’est ainsi que nous avons toujours progressé. À La Réunion comme ailleurs, c’est une attitude technique et professionnelle de qualité que nous voulons mettre en avant tout en respectant les libertés publiques, notamment des manifestants."

Ce genre de manifestations, de violences urbaines, vous préoccupent-elles au vu de la situation sociale difficile de nombreux Réunionnais ?

"À La Réunion comme ailleurs, d’aucuns s’expriment et parfois envisagent d’agir. Nous sommes à l’écoute de tous les modes d’expression et nous sommes toujours très attentifs. Au-delà de la police, il y a les élus, les services de l’Etat qui s’impliquent chaque jour pour faire progresser notre société."

Les policiers ne se retrouvent-ils pas parfois en première ligne sur une question sociale qui n’est pas de leur ressort ?

"Les élus sont beaucoup plus présents qu’on ne le croit, mais ils ne sont pas toujours visibles. Il y a un travail constant qui est fait, je leur laisse le soin de mieux le préciser. Mais c’est une certitude, ils font leur travail, et nous faisons le nôtre. Maintenant, sur des situations qui pourraient être inédites, ça fait partie de notre formation et de notre professionnalisme de pouvoir nous adapter."

Être Réunionnais, "peut-être une plus grande responsabilité"

Quatre jeunes Mahorais seraient partis faire le djihad en Syrie, on évoque également une montée de l’intégrisme à Mayotte. Ces sujets font-ils partie de vos préoccupations à La Réunion ?

"Les sujets d’ordre mondiaux sont forcément suivis avec attention à La Réunion. Toutes les problématiques sont suivies."

Lors de votre nomination, beaucoup ont insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une première pour un Réunionnais à ce poste. Est-ce important pour vous ?

"Tout le monde n’a pas insisté sur ce point, à commencer par moi-même. À chacun le soin d’examiner cette situation. Mais être à un moment donné en poste en tant que Réunionnais à l’île de La Réunion, c’est peut-être une plus grande responsabilité pour des raisons d’ordre psychologique. C’est un vrai bonheur de servir cette île aujourd’hui, mais aussi d’autres territoires demain.

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