Insertion professionnelle des personnes handicapées

Quand le gouvernement tape dans la caisse du handicap

  • Publié le 10 novembre 2014 à 05:15

Si Gilbert Annette et François Hollande se disent prêts à distribuer 40 000 emplois d'avenir à La Réunion, au niveau national, il apparaît que le financement de ces contrats aidés nécessite de taper dans des caisses qui n'étaient pas prévues à cet effet. Le projet de loi de finances pour 2015, qui est en cours de lecture au parlement prévoit, entre autres originalités économiques, la ponction par l'Etat de 29 millions d'euros sur les fonds de l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph).

Un prélèvement appelé à être reconduit à la même hauteur pour les budgets 2016 et 2017 de l'association. S'agissant de la gestion de fonds paritaires, la décision unilatérale du gouvernement a vivement ému les syndicats et les associations qui siègent au conseil d’administration de l’Agefiph, qui ont dénoncé l'oukaze du ministère de l'Emploi et la totale absence de concertation qui le caractérise en sus de s'y opposer vertement. Officiellement, ces prélèvements auraient notamment pour vocation de financer 10 000 emplois aidés - contrats uniques d'insertion et des emplois d'avenir - dont bénéficieraient des personnes handicapées.

A ceci près que les dits contrats et emplois sont de la compétence de l'Etat. Et que l'Agefiph soutenait déjà les emplois d’avenir dans le secteur marchand, en complétant l’aide de l’État de façon à les aligner sur les emplois d’avenir du secteur non marchand. Ces prélèvements sur trois ans ne sont autres que des transferts de charges déguisés, redoublés d'une violation des missions légales de l'Agefiph. En effet, ces 87 millions d'euros pris sur les réserves de l'Agefiph, ne seraient pas exclusivement destinés aux seules personnes handicapées signataires de tels contrats. Le comité d’entente des associations de personnes en situation de handicap dénonce le fait que "l’État n’apporte aucune garantie sur l’utilisation de cette ponction…"

Par ailleurs, ces prélèvements vécus comme un véritable hold up d'Etat par les personnes handicapées, interviennent dans un contexte de marasme général qui ne les épargne pas, bien au contraire. Dans cette catégorie d'actifs, le taux de chômage national atteint 24%, quasiment le double des actifs valides, et la situation tend à empirer, selon des données comparées entre 2008 et 2013, environ 420 000 personnes en situation de handicap qui sont concernées au plan national, soit une hausse de 80%.

À La Réunion, selon Catherine Vignaud de l'Agefiph, on dénombrait 4000 demandeurs d'emplois souffrant de handicap en juin dernier, contre 2000 en fin 2011 sur une population d'actifs handicapés évaluée à 23 000 personnes.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
pathenri
pathenri
9 ans

Je trouve cette solution inacceptable.
En effet la législation demande à toutes les entreprises de plus de 20 salariés de participer au financement de l'intégration des personnes handicapées.Elles peuvent le faire en étant actif dans ce domaine (embauche, formation,...) ce qui ,constitue pour moi le bon choix mais pour ne forcer personne il est aussi prévu de pouvoir payert une contribution qui doit être utilisé pour les personnes handicapées.
Pour la fonction public il y a l'équivalent de l'Agefiph, alors pourquoi ne pas ponctionner aussi le FIPHFP?

St Paul Handisports
St Paul Handisports
9 ans

Ce 'est pas la première fois que l'Etat ponctionne ces caisses (AGEFIPH et FIPHFP). Sous Sarko il en avait été de même et personne n'y a trouvé à redire… En 2008, 50 millions d'€ sur les réserves de l'AGEFIPH qui avait été "détournés". Ceux qui applaudissaient hier, s'offusquent aujourd'hui pratiquement à la même date.
Pour répondre à Payeur : seules les entreprises de plus de 20 salariés sont concernées. Si toutes ces entreprises, et administrations, atteignaient le seuil des 6 % ces caisses disparaitraient, c'est leur vocation. Toutefois, elles permettent de financer à l'entreprise des aménagements spécifiques des postes de travail, du transport adapté si besoin ; une prime fixée par l'Etat est également versée aux entreprises qui embauche un travailleur handicapé…
Là également, la concertation n'a pas été de mise : http://www.lemonde.fr/talents-fr/article/2008/11/17/des-fonds-tres-convoites_1119433_3504.html

Payeur
Payeur
9 ans

leurs caisses sont pleines d'autant qu'on oblige les entreprises qui n'emploient pas cette catégorie de personnes à verser à leurs institutions des sommes colossales. les bilans financiers de ces organismes doivent être rendus publiques