Télécommunications

Les salariés de Only et SRR dans le flou

  • Publié le 20 novembre 2014 à 05:15

La concentration du marché des télécommunication à La Réunion et à Mayotte impose des restructurations qu'appréhendent les salariés des réseaux Only et SRR. D'autant que rien ne filtre pour l'heure sur l'identité du futur repreneur de la licence de téléphonie mobile de Only.

Les télécommunications à La Réunion et Mayotte sont historiquement marquées par des monopoles qui ont fait les riches heures de France Télécom, puis de SFR-SRR qui a trusté la téléphonie mobile à son seul et exorbitant bénéfice de 1996 à l'an 2000 à La Réunion, de 2002 à 2006 à Mayotte. La "concurrence" est ensuite venue diversifier l'offre, tant en matière de "GSM" que d'internet, avec la coexistence de marques telles que SRR donc, Orange, issu de la mue de l'opérateur national enfin autorisé à s'engager à La Réunion sur le marché du mobile, Only, IZI (Mobius), mais aussi sur les réseaux, Mediaserv, et Intercable devenu Zeop, après son rachat par Abdeali Goulamaly, en mars 2011.

Mais si la nature a horreur du vide, la mondialisation et les marchés adorent les concentrations. Tant et si bien, qu'au fil des ans et des stratégies commerciales des grands groupes, la situation s'est décantée.

Et jusqu'au rachat de SFR, dont SRR, par Numericâble-Altice, le marché de la téléphonie mobile réunionnaise était partagé par trois gros opérateurs : SRR-Vivendi (56% de parts de marché), Orange (33%), Only-Outremer Telecom (11%).

Le groupe Altice ayant phagocyté successivement Outremer Telecom et SFR-SRR, se trouverait à La Réunion et Mayotte dans une situation de position dominante voire de monopole- ne serait ce qu'en matière de téléphonie mobile - avec plus de 60% des parts de marché, si l'Autorité de la concurrence, qui a autorisé l'acquisition de Numéricâble par Altice, son actionnaire minoritaire, ne lui avait imposé des conditions de rééquilibrage. Numericâble devra céder l'activité téléphonie mobile d'Outremer Télécom à La Réunion (Only) et à Mayotte, mais aussi ouvrir son réseau câblé aux opérateurs concurrents.

Localement, on imagine que le câblo-opérateur Zeop pourrait être intéressé, de même que Mediaserv (Canal+)... Du côté de Zeop qui donne une conférence de presse, ce jeudi matin 20 novembre 2014, à Saint-Denis, pour faire état "d'annonces très importantes concernant le très haut débit à La Réunion", on admet avoir consulté le dossier de reprise de la licence Only, sans plus de confidences. L'intérêt se porterait-il plutôt sur l'ouverture du réseau câblé d'Outremer Télécom ?

Le climat des affaires est maussade pour Altice

Jean-Michel Hégésippe, président de SRR et des activités ultramarines d'Altice, est sans doute le seul à pouvoir répondre à ces interrogations. Sans doute est-ce pure coïncidence, mais il donne lui aussi une conférence de presse aujourd'hui,en compagnie de Jean-Yves Charlier, pour commenter le rachat de SFR par le groupe Altice.

Les seuls à ne pas trouver ce suspens excitant sont sans doute les salariés de SRR-Only qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Leur devenir devrait être préservé pendant 36 mois à compter de la date officielle de rachat de SFR par Numéricable début 2015. Mais le climat des affaires est maussade pour Altice qui vient d'enregistrer une perte nette quadruplée de 285 millions d'euros au troisième trimestre 2014, du fait de la flambée des frais financiers engagés pour financer ses récentes acquisitions, dont SFR.

L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's vient d'ailleurs d'abaisser la perspective de notation d'Altice SA et de ses filiales, Numericable et Altice International de stable à négative,  "suite à l'annonce par le groupe Altice du dépôt d'une offre contraignante d'achat des actifs portugais de Portugal Telecom pour une valeur d'entreprise totale de 7,025 milliards d'euros (...) Selon nous, l'acquisition de PT augmenterait sensiblement les risques d'intégration et d'exécution pour Altice", alors même que Numericable vient de recevoir les autorisations réglementaires nécessaires pour l'acquisition de SFR, dans un contexte de "baisses de prix dans sa division mobile et un environnement de prix de plus en plus agressif dans le fixe".

SRR se sent visiblement très concerné par tout cela. Un audit - état des lieux sur la situation de l'entreprise a été lancé il y a quelques jours. L'objectif est, notamment, d'identifier tous les postes de dépenses jugées trop élevées et de les revoir à la baisse...

www.ipreunion.com

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