Rapport 2014 de la CNUCED sur les pays les moins avancés

Madagascar, pauvre parmi les pauvres

  • Publié le 6 décembre 2014 à 05:15

Le rapport 2014 de la CNUCED (conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) sur les pays les moins avancés (PMA), rendu public le 28 novembre dernier, a mis en exergue "le cercle vicieux dans lequel se trouvent les pays les plus pauvres de la planète". Parmi ceux-ci, deux États du sud-ouest de l'océan Indien : Madagascar, 8ème pays le plus pauvre du monde selon le revenu national brut (RNB) par habitant, mais aussi les Comores, qui occupent le 26ème rang.

440 dollars : tel est le RNB par habitant de Madagascar établi par la CNUCED pour l’année 2013. Seuls 7 pays font pire : la Somalie (111), le Malawi (270), le Burundi (280), la République centrafricaine (320), la République démocratique du Congo (400), le Libéria (410) et le Niger (410). Les 21 dernières places sont occupées par des pays africains, l’Union des Comores se situant au 26ème rang avec 880 dollars par habitant. En comparaison, le RNB de la France s’élève à 42 250 dollars par habitant, celui du Qatar à 85 550 dollars, celui de la Norvège à 102 610 dollars...

Dans son rapport intitulé "Croissance – La transformation structurelle : Un programme de développement pour l'après 2015", la CNUCED évoque un phénomène nommé "le paradoxe des PMA". Soit "l’incapacité de ces économies de procéder à des changements structurels alors qu’ils enregistrent une croissance vigoureuse en raison du niveau élevé des prix des exportations et de l’augmentation des courants d’aide".

En effet, la CNUCED note qu’entre 2002 et 2008, la croissance des PMA a été supérieure à l’objectif de 7 % décidée par la communauté internationale. Même après la crise financière de 2008, ces pays ont connu une croissance plus rapide que d’autres pays en développement, avec un taux moyen de 5,7 % par an.

Oui mais voilà, cette croissance économique n’a pas permis d’enrayer la pauvreté, encore moins "le cercle vicieux (...) dans lequel les pays pauvres sont piégés", selon les mots de la CNUCED.

D’après le rapport 2014, le développement n’est pas seulement une question de croissance économique mais il exige aussi "une transformation structurelle de la base économique par deux processus parallèles" : l’accroissement de la productivité au sein des activités productives et la réallocation d’emplois d’activités à faible productivité − telles que l’agriculture à petite échelle et les services hors économie formelle − vers des activités plus dynamiques et à plus forte productivité, telles que l’industrie manufacturière et les services de haute valeur.

Selon la CNUCED, "le cœur du programme de développement pour l’après-2015 devrait être un cercle vertueux entre développement économique et développement humain, permettant de rompre le cercle vicieux dans lequel les PMA se trouvent". Le fait de réduire la pauvreté, d’améliorer la nutrition et la santé, et de développer l’instruction permet d’accroître le potentiel productif des personnes, ce qui contribue alors à réduire la pauvreté, améliorer la nutrition et la santé, et développer l’instruction. Cela suppose toutefois que l’augmentation du potentiel productif donne lieu à des revenus plus élevés, ce qui, selon le rapport, signifie qu’il faut créer davantage d’emplois mieux rémunérés en procédant à une transformation économique.

Quarante-huit pays sont actuellement désignés comme PMA par l’ONU : Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Bhoutan, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Haïti, Îles Salomon, Kiribati, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire lao (Laos), République Unie de Tanzanie, Rwanda, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Sud-Soudan, Tchad, Timor-Leste, Togo, Tuvalu, Yémen et Zambie.

www.ipreunion.com

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6 Commentaires
JérÃ'me
JérÃ'me
4 ans

1 commentaire: Cet article utilise plusieurs fois l'expression " le cercle vicieux (...) dans lequel les pays pauvres sont piégés ", et affirme que, " malgré une croissance plus rapide que d'autres pays en développement " (supérieure à 7% ! de quoi faire pâlir de jalousie les pays industrialisés), il faut " des réformes structurelles " pour " un accroissement de la productivité " (paradoxe puisque celle-ci progresse déjà énormément) en délaissant " l'agriculture à petite échelle " (vivrière, traditionnelle) pour " l'industrie manufacturière " notamment.
Au lieu de s'étonner que la croissance très supérieure à celle des pays industrialisés ne permette pas à ces pays les moins développés de s'enrichir ou au moins de sortir de l'extrême pauvreté, on conseille donc à ces mêmes pays de s'endetter pour s'industrialiser.
A aucun moment l'article ne parle de la nature réelle du "cercle vicieux". Le problème c'est que ces pays sont déjà surendettés ! Des dettes illégitimes imposées, avec le consentement de dirigeants corrompus, parfois par les anciens pays colonisateurs et qui continuent à exploiter ces pays pauvres notamment grâce à la monnaie (l'exemple du franc CFA est le plus criant).
Voir, au sujet du franc CFA, l'émission "Jeudi Chouard" #12 du 30 mai 2019 : https://www.youtube.com/watch?v=niaziPvv1QM
Au lieu d'utiliser la production de richesses pour se développer (infrastructures diverses, routes, écoles, hÃ'pitaux, etc.), les pays pauvres donnent tout ou presque pour le remboursement des intérêts de dettes qu'ils ne pourront jamais rembourser et dont ils ont pourtant déjà payé plusieurs fois le montant du capital en intérêts.
Voilà le vrai scandale !
A Madagascar, par exemple, des campagnes de vaccinations ont d" être annulées pour pouvoir payer, à la place, des intérêts d'une dette contractée auprès de banques telles Golman Sachs ou équivalents.
Lire à ce sujet : Dette 5000 ans d'histoire de David Graeber; un anthropologue qui connaît d'autant mieux Madagascar qu'il y a fait une enquête de terrain pendant deux années.

koto_son
koto_son
9 ans

La question est: pourquoi ça s'est arrêté en 2008? je ne pense pas que la conclusion de la CNUCED sur ce point soit la seule ni la bonne. Le rapport ci-dessus et les résultats qui y sont mentionnés ne sont pas arrivés par miracle, du genre, Madagascar et les Malagasy se sont endormis le 31 Décembre 2008 et patatras le 01 Janvier 2009 tout part en vrille et ce jusqu'en 2013. non non et non, ça ne se passe pas ainsi, ce sont des erreurs de jugement répétés tous les jours et cet article n'y échappe pas de par son orientation rédactionnelle, oui, dès que tu prends la plume pour "spread-er" des infos, des faits, etc ... tu prends part au devenir de ton sujet et c'est pareil avec le micro.
Malheureusement l'article a raison sur un point: il exige aussi "une transformation structurelle de la base économique par deux processus parallèles" et là les Malagasy n'ont aucune carte en main, eux-mêmes connaissent qui possède les 95% de son tissu économique, quelle puissance étrangère domine ou essaie de dominer tout ce domaine.
Dommage, la seule issue pour Madagascar c'est de ne plus avoir aucuns ressources minier, marine et terrestre (je parle de la terre en elle-même), à partir de la, ce pays pourra relire cet article et appliquer toutes les recommandations pour ce faire.

Tsimanekiresy
Tsimanekiresy
9 ans

C'est qui m'étonne, pourquoi tous les pays colonisés par La France sont presques devenus pauvres, pas comme ceux colonisés par l'Angleterre.

gegecemoi
gegecemoi
9 ans

Français : Didier Ratsiraka possédait la Nationalité Française il est donc chez lui en France. Assez d'accord avec vous pour les dirigeants didier compris..... Mais dire que c'est les réunionnais de la sakay qui ont développé ce territoire me fait sourire, c'est faux. De plus vous pourriez mentionner que beaucoup de réunionnais viennent faire les riches au pays alors qu'ils n"ont pas grand chose chez eux...A mada les réunionnais sont des prédateurs.

Domie
Domie
9 ans

Madagascar était le fleuron de l'Océan indien. Qu'en reste-t-il ?? Comme tous les pays soit disant majeurs qui ont été colonisé. Décidément l'Afrique n'est pas encore prêt à entrer dans l'histoire. Y a qu'une bande de socialos à l'esprit gangréné par leur idéologie qui peuvent encore prétendre le contraire.

Francais
Francais
9 ans

Et que font leurs dirigeants qui vivent dans l'opulence après avoir décidé un jour qu'il faillait extirper le pays colonisateur, que les malgaches étaient majeurs et qu'ils savaient gérer leur vaste pays; ils ont même expulsé les Réunionnais de la sakay qui avaient développé ce territoire. Et ce même président de l'époque est allé couler de beaux jours en FRANCE, ce couillon de pays d'accueil,après que ce grand cerveau de président malgache avait semé la misère dans son pays; mais lui n'est pas parti sans avoir pillé son propre pays et ses frères