Trois lynchages à mort depuis le début de l'année 2015

Madagascar : les tribunaux populaires sévissent toujours

  • Publié le 7 février 2015 à 09:34

Pas moins de trois personnes ont été lynchées à mort à Madagascar depuis le début de l'année 2015. Les tribunaux populaires, à l'origine du décès deux français en 2013, sont toujours d'actualité dans la Grande Île.

En octobre 2013, Sébastien Judalet et Roberto Gianfalla ont été lynchés à mort sur la plage d'Ambatoloaka à Madagascar. Les corps des deux Français ont été brûlés vifs, sous les cris de joie de la population. La faute à une folle rumeur de trafic d'organes sur un enfant retrouvé mort, la faute à une furie collective, la faute à une mauvaise fréquentation…  

Le parquet de Bobigny avait ouvert une enquête pour meurtre, tandis que les gendarmes malgaches avaient procédé à l'arrestation d'une trentaine de personnes. Mais depuis, les proches des victimes sont sans nouvelles. "Notre dossier criminel semble totalement oublié. Ça n’avance pas alors même que la justice malgache dispose de photos et de vidéos du crime, et que celles-ci ont été récupérées par la presse. C’est inadmissible", a expliqué Maurice Judalet à l'AFP en novembre 2014.

Autrefois "déconseillée sauf en raison impérative", le classement de Madagascar - et de Nosy-Be - en zone orange a été levé en mai 2014. L'île est à présent considérée comme un territoire à "vigilance renforcée".  Ce qui inquiète le père de Sébastien Judalet. "De nouveaux incidents et agressions ont été enregistrés depuis. Ce qui s’est passé pour Sébastien n’est pas un cas isolé", a-t-il déclaré.

En effet, malgré la condamnation unanime des autorités malgache et la fin de la crise politique, les lynchages à mort ne se sont pas arrêtés dans la Grande Île. Trois exécutions par ces tribunaux populaires ont eu lieu en janvier 2015 d'après l'Express de Madagascar.

Aucune mention sur le site du Quai d'Orsay

Le premier lynchage - qui a eu lieu le 4 janvier - concerne une personne qui s'était évadée de la chambre de sûreté de la brigade territoriale de la gendarmerie. Soupçonné d'avoir commis un meurtre quelques mois plus tôt, le fugitif a été rattrapé par la foule avant d'être passé à tabac. "Des villageois qui l’ont appréhendé, indiquent qu’il aurait opposé de la résistance", relate le site malgache.

Le 25 janvier, c'est un autre individu soupçonné de meurtre qui a été lynché à mort. "Le suspect était déjà sous la protection de quelques éléments de la brigade territoriale de la gendarmerie de Manajary, lorsqu’il leur a été arraché par une horde de villageois, conduite par les maires des communes rurales de Morafangy et de Mahavoky", écrit l'Express de Madagascar.

Le lendemain, une "vindicte populaire meurtière" a éclaté à Soavelo Farafangana. A la suite d'une dispute entre deux hommes autour d'une histoire de vol, un sexagénaire a été tué. L'homme à l'origine du coup mortel a été pris à partie par "une cohue d'individus en furie". L'auteur de l'homicide qui a essayé de prendre la duite "a fini par être appréhendé et a été aussitôt lynché à mort."

A ce jour, Madagascar est considérée par le ministère des Affaires étrangères comme "une île où les conditions de sécurité sont très dégradées bien qu’elles n’interdisent pas de s’y rendre comme touriste." Si le Quay d'Orsay parle de "risques liés à la criminalité de droit commun", aucune mention n'est faite à propos de lynchages à mort. Autrefois, la rubrique conseils aux voyageurs parlait de "forts risques d’attaques, parfois d’une extrême violence." Aujourd'hui, ces termes ont disparu. Ce qui n'est pas le cas des tribunaux populaires.

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2 Commentaires
Fred
Fred
8 ans

Donc qu'ils lynchent les politiciens corrompus et les flics véreux mais pas des innocents comme à Nosy Be. C'est au peuple malgache de se prendre en main, de voir la réalité en face, de chercher des solutions efficaces pour régler les problèmes internes à leur patrie.

Pointer sur les conséquences de la colonisation, de l'impérialisme des blancs c'est une chose, mais réaliser qu'ils ont le choix entre la soumission éternelle et la dignité en est une autre et ce n'est pas en vidant les poches des pauvres touristes ou en leur donnant des coups de machettes que leur situation va s'arranger.

Comment ont fait les indiens et les vietnamiens?



marianne
marianne
9 ans

En effet, ces lynchages sont vraiment regrettables et je comprends la famille, mais si on se pose un peu la question:
" pourquoi la foule a - t - elle agit comme tel " ? Je suis malagasy et ces cas ont commencé pendant les 2 derniers gouvernements. Je suis opérateur touristique et ces comportements abjectes ne favorisesnt pas mes affaires, donc, il ne faut pas s'arrêter aux faits, mais chercher la vraie raison, l'origine.
Ce que je pense sincèrement et juste pour dire ce qui se passe, c'est que la population n'a plus confiance aux responsables et au système de sécurité de son pays, surtout à la police,la gendarmerie et la justice, et pourquoi? c'est la corruption qui règne dans ce pays dans tous les domaines, et ceux qui ont du fric qui ont toujours raison; 90% de la population est dans la misère monstre à Madagascar depuis 2009. Ceci, c'est pour faire avancer et aider à la réflexion dans l'esprit de tous et non juste survoler le problème; je regrette sincèrement ce qui s'est passé, et espère que le gouvernement actuel fera le néces -saire , d'une manière urgente, pour que ces barbaries ne se renouvellent plus et pour que notre Beau Pays ne se retrouve plus au ban des pays dangereux comme les pays en guerre . Bonne journée à tous