Le Premier ministre n'a pas donné satisfaction à tout le monde

Manuel Valls à La Réunion : une visite et des déçus

  • Publié le 13 juin 2015 à 13:08

Après deux jours de visite au pas de charge, Manuel Valls a quitté La Réunion ce vendredi 12 juin 2015 pour se rendre à Mayotte. Le Premier ministre - qui a assuré ne pas être "le Père Noël" - a joué sur tous les fronts : emploi, logement, tourisme, agriculture, éducation... Aucune annonce marquante n'est venue dans les bagages du chef du gouvernement, de quoi en décevoir certains.

Emploi

10 000 contrats aidés supplémentaires ont été annoncés par le Premier ministre. C'est le plus grand "cadeau" qu'a fait Manuel Valls lors de sa visite à La Réunion. Mais pas de quoi rassurer élus et syndicats face à la situation du chômage à La Réunion. "Il y a des avancées, mais ce n'est pas à la hauteur. Je veux réduire le chômage de 30 à 20 %. Je vais continuer à me battre car ce n'est pas suffisant. Ces mesures là ne sont pas à l'échelle. Il faut inventer quelque chose. Je propose au gouvernement de se mettre autour de la table et de construire la solution. […] Le vrai problème, c'est le développement économique réel et marchand", estime Gilbert Annette, maire de Saint-Denis. "Nous demandons que le gouvernement remette en place le volet formation car sans cela les contrats ne peuvent pas être signés", ajoute Gérard Agathe, responsable du collectif des salariés emplois verts 974.

Logement

Deuxième grande annonce de Manuel Valls : la déclinaison réunionnaise du plan logement outre-mer et des contrats de ville. Pour le Premier ministre, "ce qui est important, c'est une bonne analyse sur la réalité réunionnaise." Mais Jean-Paul Virapoullé s'attendait à une autre déclaration. "Je suis resté sur ma soif. Ceux qui sont intervenus au nom de La Réunion n'ont pas eu le courage de soulever devant le Premier ministre le problème de la suppression de l'allocation accession-logement par la loi de finances 2015. Puis, les objectifs du plan logement sont loin de ceux des entreprises du BTP. Avec 4 000 logements sociaux par an, le compte n'y est pas", analyse le maire de Saint-André. A noter que le groupe de travail de Monique Orphé à l'Assemblée nationale a également demandé "d'annuler la réforme prévue dans la loi de finances 2015."

Tourisme

Dans un grand numéro de charme, Manuel Valls a dit quitter La Réunion avec grand regret. "Je me demande pourquoi je pars tant les atouts de La Réunion sont nombreux", s'est interrogé le Premier ministre suite à l'allocution de Patrick Serveaux, président de l'IRT (Île de La Réunion Tourisme). Mais le chef du gouvernement n'a pas totalement convaincu les acteurs du tourisme à La Réunion. "Je suis un peu déçu. A La Réunion, nous demandons un stabilité législative. Nous sommes prêts à remonter nos manches pour travailler, mais il faut nous donner les outils législatifs pérennes. Par ailleurs, nous souhaitons être présents dans le comité permanent sur la promotion touristique du ministre des Affaires étrangères. Il serait normal qu'il y ait un représentant de l'outre-mer", souligne Philippe Doki-Thonon, président de l'UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie) Réunion.

Agriculture

"Une bonne chose de faite." Après avoir chapeauté la signature de la convention canne, Manuel Valls a montré sa satisfaction. Le Premier ministre a tenu à saluer "très sincèrement le sens des responsabilités et la volonté de tous d’aboutir à un accord avant la prochaine campagne qui va commencer dans les prochaines semaines." Mais le chef du gouvernement n'a sans doute pas remarqué les agriculteurs présents devant les grilles de la préfecture. Ces derniers contestent l'accord qui a été trouvé entre les planteurs et l'usinier Téréos. "Nous étions prêts à nous engager sur la filière, tout comme l'Etat. Mais il nous manque la partie industrielle qui ne s'engage pas suffisamment pour donner des garanties aux agriculteurs. On aurait voulu qu'il y ait une revalorisation du prix de la canne. Ce prix date de 30 ans et vu le contexte de crise que nous subissons, beaucoup d'agriculteurs subissent des difficultés de trésorerie", regrette Olivier Fontaine, président des Jeunes agriculteurs de La Réunion.

Education

Cette fois-ci, ce n'est pas Manuel Valls qui a joué le distributeur de bonnes nouvelles mais sa ministre de l'Education. "J’ai le plaisir de vous annoncer que nous avons 57 créations ici, parce que nous avons voulu tenir compte de la situation sociale de ce territoire", a déclaré Najat Vallaud-Belkacem à la sortie d'un déjeuner avec les acteurs de l'éducation. "On peut dire que le gouvernement investit dans la jeunesse réunionnaise", s'est félicitée la Lyonnaise. Une annonce qui ne satisfait pas la CGTR Educ'Action. "Elle présente cette mesure comme un cadeau de bienvenue et un effort supplémentaire alors qu'il s'agit seulement du rappel des décisions budgétaires qui ont été actées lors du vote du budget de l'an dernier. Bien qu'elles soient toujours bonnes à prendre , ces créations de postes ne permettent certainement pas une remise à niveau de notre système éducatif tant les retards accumulés notamment en terme d'emploi sont importants et que notre académie demeure toujours la lanterne rouge des académies de France et de Navarre", répond Patrick Corré, le secrétaire général du syndicat.

Politique

D'un point de vue politique, certains sont globalement déçus de cette visite de Manuel Valls. "L'essentiel des annonces a déjà été faite par le président de la République il y a quelques mois. Il n'y a pas grand chose au final. La Réunion est dans une situation extrêmement difficile : la population est en souffrance, le chômage explose, les entreprises n'en peuvent plus.. Sur ces grands problèmes, il n'y a pas eu de réponses concrètes et rapides", commente Jean-Jacques Morel, porte-parole d'Objectif Réunion. D'autres y ont vu un homme en campagne. "Le premier ministre s'est attaché durant deux jours, de bains de foules en promesses de contrats aidés, à redorer le blason du Parti socialiste et de ses alliés, particulièrement terni après les dernières échéances électorales. A l'approche des régionales, il est venu ainsi déclarer son amour et celui du gouvernement aux Réunionnais.  Il est dommage que les actes ne soient pas à la hauteur des mots utilisés et de la communication habile de Manuel Valls", juge Hugues Maillot, secrétaire départemental de Debout la France.

www.ipreunion.com

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4 Commentaires
moinlépasplus
moinlépasplus
8 ans

Et pourtant ce n'était pas faute d'avoir posé les bonnes questions et de soutirer les bonnes esquisses de projets structuraux par deux super journalistes qui ont brillé par leur amateurisme...!...J'ai mal à ma Réunion...!

Républicain
Républicain
8 ans

Je suis Républicain et suis très satisfait du passage Valls sur notre île.

nous pas couillons
nous pas couillons
8 ans

Visite du premier ministre de tous les français ou visite d'un représentant du partis socialiste?

Sin 2ni dabor
Sin 2ni dabor
8 ans

Notre vote est important

Une enquête a été publiée dans un magazine nationale .
Les résultats sont stupéfiants, c’est un séisme politique.
En voici le résumé fidèle :
1. 75% des Français ne font plus confiance à l’État, ni à la république.
2. 88% rejettent catégoriquement les partis politiques.
3. 87% jugent que Hollande n’a pas l’étoffe d’un président, ça c’est moins étonnant.
4. 61% sont prêts à manifester, alors qu’ils n’étaient que 30% en 2010 !!
5. 71% ne font pas confiance aux syndicats.
Mais la stupeur :
1. 50% ne croient plus à la démocratie et souhaitent avoir à la tête du pays
" un homme fort (ou une femme) qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections".
Traduction en clair : un roi ou un dictateur, ou du moins un pouvoir personnel fort ??