Loi sur l'égalité réelle

Patrick Karam : "Nous sommes à la veille d'une vraie révolution"

  • Publié le 4 juillet 2015 à 16:51

En tournée dans l'océan Indien, Patrick Karam est à La Réunion ce samedi 4 juillet 2015 pour défendre le projet d'égalité réelle. Pour le président du CREFOM (Conseil représentatif des français d'outre-mer), cette loi doit être soutenue d'une seule voix par les acteurs économiques et politiques de La Réunion au risque de la voir passer sous le nez des ultramarins.

Quelle est la raison de votre venue à La Réunion ?

Je suis venu défendre la loi sur l'égalité réelle. Cette loi, nous l'avons arrachée au président de la République. Et il faut parler de la stratégie mise en place pour arriver à avancer dans la République. Peut-on accepter au 21e siècle que La Réunion et les outre-mer soient en retard sur l'hexagone ? C'est ce que nous avons demandé à François Hollande. Il nous a dit que cela devait être une priorité publique.

Que représente cette loi pour l'égalité réelle ?

C'est le chaînon manquant. La première étape a été l'égalité civique avec l'abolition de l'esclavage en 1848. L'étape de l'égalité politique a été acquise avec la départementalisation. L'étape de l'égalité sociale a eu lieu à la fin des années 80 avec les lois qui ont mis au même niveau les prestations sociales. Aujourd'hui, il nous manque un dernier pallier à franchir et il faut que nous soyons tous engagés. C'est l'appel que je lance aux politiques réunionnais, dont certains sont déjà mobilisés comme Nassimah Dindar, Ericka Bareigts ou encore Paul Vergès.

La Réunion a énormément de retard à combler. Quel est votre but à court terme ?

Nous voulons deux lois. Dans la première, l'Etat doit s'imposer une obligation de résultats pour faire en sorte que sous une génération tous les indicateurs - revenu par habitant, taux de chômage, taux de pauvreté, santé publique - convergent. Pour s'assurer de ces résultats, il faut que la première loi soit une loi organique ou constitutionnelle.

Dans cette première loi - qui devrait être votée début 2016 - comment s'assurer que les objectifs soient remplis dans chaque territoire ?

Il faut un droit opposable. C'est-à-dire, la possibilité pour chaque territoire d'aller en justice et de faire condamner l'Etat s'il n'a pas respecté ses engagements. Si on n'a pas ce droit opposable, les engagements de l'Etat seront du chiffon. Tous les élus doivent se battre pour ce droit opposable car Bercy et le ministère de l'outre-mer n'en veut pas. Ensuite, pendant que ce plan se déroule, il le faut vérifier tous les deux ans par une autorité indépendante. Je propose que ce soit la commission nationale d'évaluation des politiques publiques outre-mer.

Une fois cette première loi votée. Que proposez-vous ?

Il faut une deuxième loi avec des plans territoriaux. On ne peut plus accepter ce qui s'est passé auparavant avec un plan pour l'ensemble des outre-mer avec Bercy qui arbitre au bout. Ce n'est pas acceptable. Pourquoi pas avec le préfet, il faut qu'un débat soit mené avec les responsables politiques et économiques de chaque territoire. Cette deuxième loi doit être votée avant la fin 2016 pour s'insérer dans le cadre de l'agenda des élections présidentielles. Si on le fait voter après, il n'y a aucune chance que les dispositifs particuliers dérogatoires qui permettront ce vrai rattrapage soient votés.

Quelle sera la place de cette loi au sein du calendrier politique ?

Nous avons des circonstances favorables. Nous sommes aujourd'hui dans une élection présidentielle qui a commencé. François Hollande aura besoin de l'outre-mer pour gagner, peser et se représenter. Aujourd'hui, nous sommes dans une période politique extrêmement importante. Soit nous avons l'égalité réelle avant 2017. Soit ce sera extrêmement compliqué de revenir sur cette question.

Quelles pistes pourraient permettre d'assurer un bond du développement économique de La Réunion ?

La Réunion pourrait être une zone franche totale. Ce ne serait qu'un rééquilibrage des situations particulières et des difficultés que les entreprises rencontrent à se développer parce que le marché est petit avec une discontinuité territoriale. Il y a plus de difficulté à se développer en outre-mer. Mais ce n'est pas à vous, ni à moi, ni à l'Etat de décider des instruments fiscaux et réglementaires à mettre en oeuvre.

A qui doit revenir cette décision ?

C'est aux entreprises de le dire avec les politiques locaux. Si nous sommes divisés, l'Etat fera son arbitrage et ce ne sera pas au profit des outre-mer. J'appelle les uns et les autres à beaucoup de vigilance et de responsabilité. Nous sommes à la veille d'une vraie révolution qui va conduire l'outre-mer en moins d'une génération. Cela peut être pour La Réunion encore plus rapide que pour d'autres DOM. Ne laissons pas passer cette chance. Sinon, il faut craindre que cela ne se reproduise pas. Saisissons cette opportunité tous ensemble.

www.ipreunion.com

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4 Commentaires
bayoune
bayoune
8 ans

Qui est il ce Patrick Karam? lé nésésèr kisa ilé lo boug i débarke. Pour mieux le connaître son "compatriote " claude ribes en donne un aperçu dans le lien suivant
http://www.alterinfo.net/Patrick-Karam-n-2-presume-de-la-liste-UMP-a-Paris-inaugure-sa-campagne-en-attaquant-en-justice-le-11-fevrier-2010_a42430.html

Pierre Balcon
Pierre Balcon
8 ans

Est on enfin décidé à s'attaquer aux vraies inégalités , plus que réelles donc presque pornographiques, qui ne sont pas tout à fait celles dont P Karam et E Bareigts veulent nous persuader pour faire tourner leur fonds de commerce .
J'en ai une première liste ;
- la surrémunération des fonctionnaires ;,
- la défiscalisation avec son plafond relevé pour les DOM ;
- le taux réduit de TVA , parfois récupérable alors qu'elle n'a pas été acquittée ;
- la réduction de 30% sur l’ IRPP et l’ IS ;
- l'octroi de mer et ses effets inflationnistes, ainsi que le code des douanes qui fait de La Réunion un territoire d'exportation et constituent un frein aux échanges ;
- le FIRT et la taxe spéciale sur les carburants qui renchérit le coût des produits pétroliers , notamment pour les professionnels , et qui n’a jamais contribué à améliorer ni l’état de nos routes ni la qualité de nos transports publics ;
- les conventions collectives nationales non applicables de plein droit ;
- les congés bonifiés des fonctionnaires qui perturbent le fonctionnement des services publics ;
- le régime spécifique d'aides au PME qui pervertit la concurrence et qui le plus souvent n’est absolument pas proportionné aux handicaps structurels réels en tout cas non démontrés auxquels sont confrontées nos entreprises et qui contribue le plus souvent à asseoir les marges et positions de certains groupes monopolistiques ;
- les dérogations à la politique agricole commune et à la pêche qui maintient un modèle dépassé et transforment agriculteurs et pêcheurs en agents de services publics ;
- la majoration des frais notariaux ;
- la facturation téléphonie et internet ;
- la tarification bancaire ;
- le prix du livre dissuasif contraire au principe posé par la loi Lang ;
- les prix des médicaments qui assurent de confortables rentes à nos pharmaciens mais plombent les comptes de la CGSS ;
- le contrôle des prix obsolète et inefficace ;
- le régime spécifique des aides au logement et celui des allocations logement ;
- le régime des visas d'entrée hors espace Schengen
- les dérogations à la loi Littoral qui vouent notre littoral à la spéculation immobilière avec la complicité , souvent active ,des pouvoirs publics ,
- le calendrier scolaire et les congés des enseignants.
- le comptage des chômeurs dans les statistiques nationales ;
- la préférence régionale discriminatoire à l’embauche ;
- une organisation institutionnelle incohérente , coûteuse et inefficace qui ne répond pas aux enjeux de notre développement , alors qu' une assemblée unique ou un congrès irait dans le sens de la rationalisation promue en métropole , au delà du gadget de la suppression de l'amendement Virapoullé .
Toute l’ambiguïté vient de ce concept vide d’inégalité . En fait le sort des populations des DOM et des classes qui les composent en sont absolument pas homogènes . La plus grande pauvreté côtoie la richesse la plus insolente . A Paris les ROM qui mendient exhibent sur les trottoirs leur progéniture pour apitoyer les passants ; dans les DOM on met en avant les chômeurs , les jeunes , les bénéficiaires du RSA , les personnes âgées pour apitoyer la rue Oudinot ou Bercy mais je peux vous assurer que dans les DOM il ya une bonne partie de la population qui est beaucoup plus égale que leurs homologues métropolitains ( fonctionnaires , professions libérales , spéculateurs immobiliers , patrons de PME PMI , commerçants , pêcheurs , certains exploitants agricoles , rentiers et beaucoup d’élus qui désignent souvent la même chose ) :
- La proportion des contribuables imposés sur la fortune est tout à fait comparable à la métropole ;
- Si la part des ménages imposés parmi celle des ménages fiscaux est à La Réunion globalement deux fois moindre qu’en métropole , dès qu’on arrive dans les niveaux les plus élevés de revenus le standing des contribuables est ici plus confortable que sur le continent , d’ailleurs le revenu net imposable est supérieur à celui de métropole ( 38 500 € contre 34 300 €) et grâce à la réfaction de 30% l’impôt moyen acquitté est plus faible qu’en métropole ( 2 000 e contre 2 500 €).
Ceci pour dire que l’enjeu est d’abord un ré-équilibrage interne des revenus .
Mais de cela ni M Karam ni Mme Bareigts vous parlera parce que les intéressés font partie de leur clientèle.
La préférence régionale est une escroquerie intellectuelle et morale.
Qui la portent ? Les sous chefs de bureau qui rêvent de prendre des raccourcis pour devenir chefs. Ils appartiennent déjà au système local et pestent de devoir attendre leur tour , quand il ne leur manque pas le sesame. Ils redoutent plus que tout qu’un aussi local qu’eux, mais plus diplômé , revenu de métropole leur grille la politesse. Ils évoluent dans la sphère publique où le mérite personnel s’efface vite devant des considérations politiques. Il y a aussi évidemment le ou la nouvelle professeur qui se ravise en mesurant les contraintes du statut et qui se découvre un attachement pathologique pour son quartier dont il ou elle voulait sortir quelques mois plus tôt . Le rapport Le Breton a d’ailleurs fini par considérer que c’était là l’enjeu essentiel . Dans cette « ile garnison » qu’est La Réunion il avait sans doute finalement vu juste mais avec un temps de retard
En quoi consiste-t-elle ? Ceux qui revendiquent la préférence régionale exigent non seulement de bénéficier d’une promotion , qui leur serait spontanément reconnue comme à tous les citoyens en fonction de leurs compétences, mais ils revendiquent surtout de s’affranchir des règles de mobilité qui s’imposent généralement aux cadres supérieurs .Ils veulent à la fois le jeu ouvert du concours pour entrer mais fermé aussitôt , juste le temps pour eux d’y faire leurs petites affaires.
Qui les soutient ? Les medias paresseux qui trouvent que c’est dans l’air du temps et tous les gogos qui s’identifient à leurs congénères comme on s’identifie à l’équipe locale de football , sans se rendre compte que ce jeu ne leur apportera rien d’autre que la satisfaction du valet du maître à qui l’on vient auquel on vient d’accrocher la légion d’honneur . Ils se recrutent le plus généralement dans la techno-structure administrative où l’on est sensible à ces vanités parce que l’on s’y ennuie et qu’on y cultive le ressentiment que nourrit l’oisiveté.
A quoi elle aboutit : à la promotion des médiocres et au désinvestissement des « non natifs ».Les dernières élections au Conseil Départemental auraient dû sonner comme un avertissement : 3 candidats zoreils sur 250 et au final pas un seul élu zoreil . On s’achemine vers le modèle bleu marine .
Tirer le portrait du préféré local est un exercice difficile parce qu’en général l’intéressé ne s’en vante pas . Au contraire il prévient d’emblée qu’il ne faudrait pas se méprendre et qu’il ne doit sa position qu’à son mérite. Mais on peut risquer une figure :
Le préféré local se distingue du réunionnais de base , je veux parler de l’ouvrier du BTP , de la vendeuse dans le commerce , de l’agriculteur ou de tous ceux qui travaillent dans l’économie dite marchande . Ceux là redoutent à l’occasion le plombier polonais qui va leur enlever son job . Mais beaucoup plus lucides et plus intelligents que celui ci ils trouvent ce débat plutôt comique et savent qu’ils ne peuvent se payer le luxe d’analyser la composition du capital social . Au contraire il se dit que les patrons venant de l’extérieur sont souvent plus cools et pas moins compétents.
Le bureaucrate promu préférentiellement rêve de son côté de rejoindre le comité de direction qu’on réunit autour du préfet ( zoreil ) lors des visites ministérielles ou aux grandes occasions. Mais il s’affligerait d’être mis en présence de trop nombreux compatriotes parce que ce qu’il cherche c’est la distinction , à l’instar du « sorti du rang » qui entend qu’on ne lui rappelle pas ses origines . Il s’attachera donc demain à effacer la marque du privilège dont il a bénéficié.
Sa véritable hantise c’est de devoir se soumettre après la durée admise dans le poste à la mobilité inhérente à la poursuite de son cursus . Il cherchera donc à trouver un point de chute , toujours local , une sine cure en quelque sorte où il deviendra généralement moins aimable . Parfois même dans un accès de lucidité il plaidera , après avoir empoché la recette, pour que cesse cette comédie .
Toute ressemblance avec un fonctionnaire de mes connaissances serait évidemment purement fortuite.

mécoué
mécoué
8 ans

L'organisation mondiale de la finance, des échanges commerciaux, est basée sur un système à caractère mafieux, profitant en premier et surtout à une minorité de "famille apatride du monde " 2000 ? 3000 ? en tout.
Donc avant de réformer en interne pour soi-disant apporter plus d'équité, de respect...., aux populations, il serait souhaitable avant tout de repenser de fond en comble ce système mondiale économique qui "colonise" à plus de 90% les habitants de la planète.
En effet quelque soit sa provenance, "l'oeuf" a une égale valeur nutritive, par contre son prix varie considérablement en fonction de sa provenance, l'importation est plus avantageuse avec effet destructeur en général du tissu éconmique local, (concurrence déloyale...).
Les explications fournies par les spéciales sur ces différences, restent pour l'essentiel dans le flou.
Il est indéniable de constater que hors parité des monnaies entre autres, le pouvoir d'achat d'un "travailleur", est quasi identique sous n'importe quelle latitude.
Le salaire moyen dans notre voisinage est aux environs de 300 €, pour 1800€ ici, malgré cette différence d'émoluement, chaque travailleur de la zone, s'habille, mange, dispose d'un toit..., s'il y a différence dans le pouvoir d'achat elle n'est pas énorme en ce qui concerne l'essentiel, par contre on fera tout pour mettre en une pseudo concurrence ces differentes productions (ici et ailleurs) qui forcément n'ont pas le même coût de fabrication. Par ce biais à terme, on arrivera forcément à la situation de la Grèce.
Alors aux politiques, s'il y a une réforme à mener, celle de l'organisation mondiale des échanges sur tout plan, est à revoir en priorité, autrement on ne fait qu'habiller de mots des situations qui empirent. A moins que l'actuelle situation du monde, n'est pas aussi accidentelle...?

le néant...
le néant...
8 ans

Il est venu chercher des subventions. Nassimah fine donner une fois...
Zot na pas honte ?