Saint-Leu

Les anciens ouvriers de l'usine Stella attendent leur terrain depuis plus de 30 ans

  • Publié le 20 juillet 2015 à 09:30

Entièrement rénové depuis le 7 juin 2015, le nouveau musée Stella Matutina propose aux visiteurs de retracer l'histoire du sucre à La Réunion. En revanche, le site touristique ne mentionne pas les déboires que connaissent les anciens ouvriers depuis la fermeture de l'usine. Certains d'entre eux attendent depuis près de 35 ans un terrain qui leur avait été promis.

A plus de 70 ans, Richard Lauret n'a pas fini de se battre. Cela fait plus de 30 ans que ce retraité tente de récupérer un terrain qui avait été cédé par l'usine Stella lors de sa fermeture. "La direction nous a promis un terrain. Mais jusqu'à aujourd'hui, on n'a toujours rien", résume-t-il.

L'affaire remonte à 1978. L'usine sucrière cède à la commune de Saint-Leu un terrain de sept hectares, dont 38 parcelles doivent revenir aux membres du comité d'établissement du personnel. Ces personnes sont pour l'essentiel des ouvriers qui ont travaillé toute leur vie sur le site.

L'accord est passé verbalement entre les sucreries de Bourbon et les travailleurs. Mais les années passent et les anciens de l'usine ne voient toujours pas le moindre petit bout de terrain leur revenir. "Il a manqué l'acte de cession. Et nous n'avions pas le droit d'assister à toutes les affaires", se souvient Richard Lauret.

Les anciens ouvriers se mettent alors à la recherche d'une trace écrite, qui pourrait alors prouver cette cession. Ce sera chose faite au bout de 30 ans, auprès de la municipalité de Saint-Leu. En 2008, les travailleurs ont réussi à mettre la main sur une délibération du conseil municipal, alors dirigé par Marie-Thérèse de Châteauvieux.

"La mairie expose que le comité d'établissement et des délégués au personnel de Stella, au cours de sa réunion du 9 août 1978, a cédé à la commune de Saint-Leu, un terrain qui a été mis à disposition par les sucreries de Boubon. Cette cession est faite à la condition que 38 parcelles soient réservées aux membres des comités", relate le document daté du 6 septembre 1978.

"Donner un petit bout à mes enfants"

Malgré cette déclaration officielle, les anciens ouvriers ne peuvent pour autant récupérer leur dû. Le temps a passé et le terrain appartient aujourd'hui à CBo Territoria qui refuse pour l'instant de rétrocéder les parcelles promises. Joint par la rédaction, le groupe n'a pas donné suite à nos sollicitations. "Je ne sais pas ce qu'ils font", regrette tristement l'ancien mécanicien.

Lorsqu'on lui demande s'il possède une autre preuve de cette cession, Richard Lauret montre alors ses nombreuses cicatrices qu'il a accumulé après 45 ans de travail au sein de l'usine : "j'étais à la mécanique. J'ai fait les pièces pour tirer le sirop, j'ai fait les coussinets, les pattes d'araignées, j'ai mis les turbines en place, changer les roulements…"

L'homme a aussi une pensée pour ses camarades, dont certains se sont littéralement tués à la tâche. Sur les 38 travailleurs à qui les terrains ont été promis, seul 18 sont encore vivants en 2015. Une situation qui inquiète fortement l'ancien ouvrier. "Il y en a qui dorment dans les maisons de leurs enfants qui se sont mariés. Beaucoup de personnes sont dans cette situation", témoigne-t-il.

Les parcelles, sujettes au schéma d'aménagement régional, sont sur une zone non constructible située non loin de la RN1. Mais Richard Lauret veut coûte que coûte récupérer ces terrains qui profitent d'une superbe vue sur l'océan, ne serait-ce que pour pouvoir transmettre quelque chose à sa descendance.

"J'ai envie d'avoir un terrain pour le donner. A la maison, j'ai quatre garçons qui ne travaillent pas. Je n'ai pas de terrain, je n'ai rien. J'ai juste envie de donner un petit bout à mes enfants", réclame-t-il, lui qui ne vit qu'avec une pension de moins de 1 000 euros par mois.

www.ipreunion.com

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4 Commentaires
Minm listwar
Minm listwar
8 ans


L'histoire des ouvriers de l'ancienne usine de Stella est étroitement liée à celle de l'établissement, devenu aujourd'hui musée. Cela parait evident de mettre les deux histoires en parallèle. Minm listwar sa !!! Avis donc sabine et à PFF

david
david
8 ans

Vraiment de bine drôles de méthodes dont souffrent Monsieur Lauret, merci à IPR d"avoir révélé l'affaire, heureusement tous les médias ne sont pas aux ordres

pfff
pfff
8 ans

C'est vraiment dommage pour ce monsieur , par contre je m'interroge sur l'enfumage d'IPR! je ne vois pas en quoi l'ouverture de stella a un rapport avec l'histoire de ce monsieur! surtout si la délibération vient de la mairie de ST LEU. Thierry Robert peut il nous éclairer et retrouver trace de tout cela pour le bien des st leusiens? lui qui sauve tout le monde !

sabine
sabine
8 ans

J'espère qu'une issue heureuse sera trouvée à ce litige et qu'une solution soit apportée à la situation de Monsieur LAURET bien qu'elle me semble fort compliqué.
Mais je ne comprends pas IPR qui met en parallèle le nouveau musée à cette triste histoire.
Bref