Région et importateurs se répondent par médias interposés

Octroi de mer : la bataille de la farine continue

  • Publié le 21 juillet 2015 à 15:25

La décision du conseil régional de fixer l'octroi de mer sur la farine à 6,5 % continue de faire des émules ce mardi 21 juillet 2015. De leur côté, Région et la COGEDAL (Compagnie générale d'alimentation) ont affirmé que l'augmentation du prix de la baguette ne serait que d'un centime dans les boulangeries qui utilisent des farines importées. En face, les importateurs et Huguette Bello - qui étaient reçus à la préfecture - ont dénoncé un protectionnisme régional au bénéfice d'une multinationale.

Le débat au sujet de l'augmentation de l'octroi de mer sur la farine s'est concentré autour du Barachois ce mardi. Aux alentours de midi, les importateurs réunionnais étaient reçus à la préfecture de Saint-Denis pour défendre leurs intérêts. Une démarche qui a été soutenue par certaines boulangeries, mais aussi par Huguette Bello.

"Je viens ici en tant que députée de La Réunion pour soutenir 216 artisans boulangers qui protestent par rapport à la décision qu’a prise la Région d’augmenter l’octroie de mer de 6,5%. Ce n’est pas le même comportement qu’il y a eu vis-à-vis de la COGEDAL qui est une filiale des grands moulins de Vilgrain", a dénoncé la parlementaire.

A quelques mètres de là, à l'espace des Grands Chantiers, la Région Réunion organisait une conférence de presse au même moment. L'objectif : stopper la polémique. "A un moment donné, il faut arrêter de mentir sur le problème de la farine. Il n'y a pas de flambée du prix du pain : 80 % de la farine utilisée à La Réunion par les boulangeries vient de la farine locale ou de la farine spéciale. Toutes ces farines sont exonérées d'octroi de mer", lance David Lorion, vice-président du conseil régional.

"Aucune augmentation du pain n'est liée à l'octroi de mer. L'impact sur le prix de la baguette est de 1 centime. Il n'y a pas de raison qu'il y ait une inflation du pain dans les boulangeries. La matière première représente 22 % de la baguette. Si vous appliquez 6 à 8 % sur la valeur douanière, on arrive à 1 centime d'impact sur le coût de revient", ajoute Julien Quéré, directeur général de la COGEDAL (Compagnie générale d'alimentation).

"Je pense que les deux parties peuvent s'entendre"

Du côté de Bernard Grondin, artisan boulanger à la Bretagne, le discours n'est pas tout à fait le même sur l'augmentation du prix du pain. "On demande que l’octroi de mer soit retiré de la farine qui rentre de la métropole pour que les consommateurs ne soient pas pénalisés dans leur panier de tous les jours. […] Cela va faire augmenter le pain de 5 à 10 centimes, en fonction de l’entreprise" affirme-t-il, espérant que l'Etat agisse auprès de la Région.

Pour Daniel Moreau, vice-président de l'ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion), le choix de la Région reste assez "raisonnable" : "le taux d'octroi de mer choisi par la Région est assez peu significatif : il est de 6,5 % contre 27,5 % aux Antilles. C'est un choix d'un schéma équilibré. L'enjeu de cette protection est de faire en sorte que les positions restent équilibrées entre l'importation et la production locale."

Mais quelques jours après la réunion informelle qui s'est déroulée au sein de la chambre des métiers, le courant ne passe toujours pas au mieux avec les importateurs. "Toute la dynamique qu’on a mis en place pendant tant d’années va être un peu freinée par cette mesure. […] Mais je pense que les deux parties peuvent s’entendre, parce que les arguments sont pertinents. Il n’y a pas de raison qu’on n’entende pas les artisans boulangers de La Réunion aujourd’hui", souligne Véronique Mignery, directrice d'exportation pour les moulins Foricher.

Le dossier est donc toujours à surveiller. Les artisans boulangers utilisant de la farine importée s'attendent à voir une augmentation du prix du pain d'ici le mois de septembre. De son côté, la Région souhaite exonérer d'octroi de mer la farine qui n'est pas produite localement dans les prochains mois. Reste à voir si cette rencontre avec Thierry Devimeux, le secrétaire général de la préfecture en charge des affaires régionales, sera suivie d'effets.

www.ipreunion.com

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4 Commentaires
couci-couça
couci-couça
8 ans

Il est inexact de dire que "La matière première représente 22 % de la baguette."

Exemple de dosage pour 1 kg de farine :
- 600 g d'eau
- 1 cube de levure
- 1 à 2 cuillerées à café de sel

http://goo.gl/qLDm5c

Donc la farine représente 62,5 % du produit fini.

MicheleB
MicheleB
8 ans

80% de la farine réunionnaise est "locale".
Vous avez déjà vu des champs de blé à La Reunion, vous ??!???

Marie-Antoinette
Marie-Antoinette
8 ans

En fait toutes les farines sont importées. Dans un cas, c'est la matière première et de l'autre c'est la farine elle-même. Dans les deux cas, c'est le pain qui est produit localement. Alors on ne comprend pas pourquoi pénaliser l'un par rapport à l'autre. Et pendant ce temps-là le pain surgelé, qui lui n'est pas produit localement, est exonéré. Aucune logique dans ce remue-ménage qui menace les boulangeries et les emplois et qui va augmenter le prix du pain. La Région doit revoir sa copie.

CHABAN
CHABAN
8 ans

Le VRP de la COGEDAL Mr Lorion a bien travaillé.
Le Moreau bénéficie plein pot du racket de l'octroi de mer comme la cogedal.

Entre gentlemen, Pourquoi vouloir changer?