Permis de conduire

Conduire lorsque l'on est porteur d'un handicap

  • Publié le 19 août 2015 à 05:02

Débrayer, passer les vitesses, enclencher les clignotants,... des gestes simples à première vue et pourtant, conduire peut devenir une véritable épreuve pour les personnes en situation de handicap. Qu'il s'agisse d'un handicap moteur, auditif ou mental, les personnes atteintes ont la possibilité de passer l'examen du permis de conduire sous certaines conditions. D'autres déjà détenteur du papier rose et victimes d'aléas de la vie (accident vasculaire cérébral, accident routier, ...) doivent quant à elles régulariser leur permis.

A première vue, les équipements des véhicules aménagés pour les personnes en situation de handicap paraissent faciles à utiliser. Entre le levier qui enclenche une accélération ou un freinage et la manette ovoïde placée sur le volant facilitant le maniement d’une main en passant par une pédale d’accélérateur pour pied gauche, ces dispositifs ont été pensés en vue de permettre aux personnes ayant des incapacités physiques à conduire.

À La Réunion certaines auto-écoles proposent des cours de conduite destinés à ces personnes "autrement capables". Georgette Miranville, souffre d’une maladie génétique occasionnant une paralysie des membres inférieurs. Battante dans l’âme, elle décide de passer son permis en juillet 2014 après avoir pris des cours sur un véhicule aménagé. La quinquagénaire raconte : "c’était important d’être autonome pour mes déplacements au quotidien. Je me souviens que le moniteur me disait souvent : sur la route ne te considère pas comme une malade".

Claude Moinard, gère l’auto-école Start-Conduite à Sainte-Marie. Il accompagne les personnes en situation de handicap depuis une dizaine d’année. C’est "l’envie d’aider" qui l’anime. Pour lui, chaque handicap est différent et chacun mérite une aide appropriée. Depuis décembre 2014, il est le secrétaire d’une association nommée APIC Handi (Accompagnement personnalisé pour l’insertion pour la conduite) dont le but est de soutenir les personnes en situation de handicap afin de leur permettre de retrouver une autonomie. L’association travaille actuellement sur plusieurs axes. Informer et communiquer sont les maîtres mots. "Il est capital de d’informer les gens car ils ont une méconnaissance sur le sujet, beaucoup de personnes conduisent alors qu’ils devraient régulariser leur permis", explique Claude Moinard.

La régularisation du permis, une démarche obligatoire

En effet, bon nombre de personnes victimes d'un accident où d'une maladie dont ils gardent une séquelle ne savent pas qu’il est nécessaire de signaler leur déficience auprès de leur assurance et de repasser tout ou une partie du permis de conduire. Or, en cas d’accident, si le conducteur ne détient pas un permis en conformité avec la législation, sa responsabilité pénale est engagée. Sur le plan civil, il sera considéré en tort et pour les assurances, il ne pourra pas se dégager de son obligation de couvrir les éventuels dommages tels que le contractant l’a souscrit (article R.211.10 alinéa 2 du code des assurances).

Pour régulariser son permis, une visite médicale chez un médecin agréé est obligatoire. L’objectif de la visite est de déterminer si la personne est apte ou non à conduire un véhicule classique. Si elle doit utiliser des aménagements spécifiques, la deuxième étape de la régularisation du permis consiste à passer un test devant un examinateur. L’objectif est montrer la maîtrise des aménagements spécifiques. Cela nécessite parfois la prise de cours de conduite. Chez Start-Conduite, l’heure de conduite sur un véhicule aménagé coûte 40 euros. Mais le gérant est catégorique : "l’heure est plus cher mais ce n’est pas une question d’argent. C’est un véhicule à boite automatique et en plus il consomme du sans plomb".

Louis-Gibet François a dû effectuer une régularisation de son permis en raison d’un trouble neuromusculaire, la sclérose latérale amyotrophique (SLA). Atteint depuis deux ans, l’homme a dû prendre de nouveaux cours dans une auto-école afin de maîtriser les commandes d’un véhicule aménagé. La maladie engendre chez lui une faiblesse dans la jambe droite, il ne peut donc plus appuyer correctement sur la pédale d’accélérateur. "Ce n’est pas évident, notre vie entière bascule. C’est difficile d’accepter cette situation Ces deux années ont été très dur. J’ai dû repasser mon permis, mais avant de l’obtenir il y a deux mois, je devais me faire déposer tous les jours à mon travail", insiste l’homme.

De nombreuse personnes présentant une atteinte physique (amputation d'un membre), sensoriel (perte d'un oeil) ou psychique (traumatisme crânien) susceptible de perturber la conduite automobile souhaitent préserver malgré tout leur statut de conducteur. Claude Moinard intervient régulièrement dans certains centres de rééducation de l’île afin de faire passer des essais de conduite aux patients. Il réalise entre 150 à 200 essais par année. "Beaucoup de personnes ayant un handicap ou un trouble estiment qu’il est important de conduire car cela permet d’être autonome", souligne t-il.

L’association Apic Handi aimerait fédérer les personnes ayant divers handicap. "Nous aimerions faire évoluer les choses pour les personnes en situation de handicap, c’est une mission qui me tient à cœur", explique Claude Moinard. Un concert à la salle des fêtes de Bois de Nèfles à Saint-Denis est prévu le 30 août 2015 en vue de faire connaître la jeune association.

Alyssa Mariapin pour www.ipreunion.com

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3 Commentaires
Jean
Jean
8 ans

Intéressante initiative, il serait important de parler de toutes les personnes cérébrolésées (qui ont eu un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme crânien) et des séquelles cognitives et sensorielles liées (réduction du champ de vision, troubles de l'attention divisée, mémoire...) La conduite reste très difficile d'accès.

8 ans

bon courage à tous .

DANORD
DANORD
8 ans

Très belle initiative , courage à l'association Apic Handi