Interview avec le président de la GTOI et directeur régional de la Colas

Nouvelle route du littoral : "le cas de base n'était pas d'importer des roches"

  • Publié le 2 septembre 2015 à 11:49

221 000 tonnes de galets doivent venir de Madagascar à partir du mois d'octobre 2015 afin de consolider la digue du chantier de la nouvelle route du littoral. Depuis la révélation de cette arrivée par Imaz Press Réunion, de nombreuses interrogations ont été soulevées. Les transporteurs Michel Allamèle et Joël Mongin affirment que des autorisations d'exportations n'ont pas encore été délivrées dans la Grande Île. De son côté, le Parc national estime que "des espèces potentiellement envahissantes sont susceptibles d'être transportées avec les matériaux venant de Madagascar." D'ailleurs, la DEAL (Direction de l'environnement et de l'aménagement et du logement de La Réunion) coordonne actuellement un groupe de travail portant sur la réglementation qui permettrait de mieux contrôler l'arrivée d'espèces invasives sur l'île. Frédéric Gardes, président de la GTOI, mandataire du groupement NRL ete directeur régional de la Colas, a accepté de mettre les choses au clair.

Etait-il prévu dans le projet initial d'importer des roches de Madagascar ?

Le cas de base n'était pas d'importer des roches. Sinon, on l'aurait dit depuis le début.

Le 20 mai 2015, Dominique Fournel, vice-président la Région chargé de la NRL, a annoncé qu'il n'était pas question d'importer des roches de Madagascar. Quel était le but de cette conférence de presse ?

Il a dit qu'il n'était pas envisageable de faire une importation massive de roches. On ne fait pas d'importation massive de roches. Donc, c'est exactement ça. Il n'a jamais été envisagé de faire une importation massive, en très grosse quantité, de roches

Dans "le cas de base", est-ce qu'il a été également envisagé d'importer une infime quantité de roches ?

Non. C'est une mesure qui est prise aujourd'hui pour protéger la digue, tout comme il n'a pas été envisagé de faire les andains. C'est la même chose, c'est quelque chose de nouveau. C'est une solution qui a été trouvée parce qu'on n'avait pas encore ouvert de carrière.

Comment peut-on envisager de construire une route en mer dans une zone sujette aux cyclones et à la houle sans anticiper une protection de la digue dans "le cas de base" ?

Cela a été fait. Il y a quand même des acropodes. Il y a plein de mesures qui sont faites pour protéger la digue. Puis, on doit la protéger avec des gros enrochements qu'on n'arrive pas à trouver dans les carrières. Pour avoir ces roches, nous avons été obligés d'utiliser les andains, c'est une différence par rapport au projet du début. Dans ces andains, on ne trouve pas suffisamment de grosses roches. Du coup, pour corriger cela, nous avons été obligés d'en importer une petite partie de ce matériau spécifique.

Misiez-vous sur une ouverture des carrières quasiment dès l'ouverture du chantier ?

Non, pas du tout. Le chantier ne commençait pas tout de suite. Il y a une période de préparation relativement longue avant, pendant laquelle on misait sur les carrières déjà ouvertes.

Avez-vous tenu compte de tous les délais possibles de recours et d'appels ?

Si vous connaissez quelqu'un qui peut planifier combien il peut y avoir de recours sur un projet, vous m'en parlez. On ne peut pas prévoir tous les recours, etc.

Lors d'un précédent entretien avec Imaz Pres Réunion, vous nous disiez que la Colas avait toutes les autorisations pour importer les roches de Madagascar. Mais dans le Quotidien du mardi 1er septembre, le gouvernement malgache nie vous avoir donné l'autorisation Qu'en est-il ?

Le gouvernement malgache ne donne pas des autorisations d'importer, mais d'exporter. Et encore faudrait-il qu'il y ait besoin d'avoir une autorisation d'exporter. On avait toutes les autorisations pour pouvoir produire et exporter ces galets.

Pourtant, le Quotidien cite le directeur de cabinet du ministère auprès de la présidence, chargé des mines et du pétrole. Il dit que le ministère "n'a pas donné une quelconque autorisation d'exportation de graphites et n'a jamais été consulté en ce sens."

On ne va pas exporter de graphites. Nous n'en avons pas besoin.

Mais pour ce représentant du ministère, exporter "220 000 tonnes exige une autorisation."

Si ça parle de graphites, c'est hors sujet. Ça n'a rien à voir avec ce qu'on fait. C'est complètement hors sujet. Ce n'est pas du graphite, c'est de la roche. On peut se poser la question pourquoi il y a ce genre d'intervention. Le graphite est un minerai particulier qui nécessite des usines et des installations particulières.

Vous avez donc bien les autorisations pour exporter ces roches vers La Réunion. Dans ce cas, qu'en est-il des éventuelles menaces sur la faune et la flore de La Réunion ?

Concernant les arrivées, nous sommes en train de voir avec les services de la préfecture. Le problème qu'il pourrait éventuellement y avoir, c'est d'avoir de la terre sur ces roches. Cette terre pourrait contenir des micro-organismes envahissants. C'est ce qu'on veut éviter. Il faut savoir que cette carrière (deTamatave à Madagascar - ndlr)est une carrière de roches massives où il n'y a pas de terre. C'est de la roche pure. On va laver ces roches à l'eau de mer. Elles vont être lavées pour éviter ces risques. Et si c'était encore nécessaire, il y aurait une fumigation pour éliminer tout organisme. Mais à priori, ce ne serait pas nécessaire. Il y a des discussions en cours là-dessus pour déterminer exactement les détails.

Avez-vous obtenu les autorisations sanitaires nécessaires concernant l'arrivée de ces galets de Madagascar ?

Pour pouvoir sortir les galets de Madagascar, il faut un certain nombre d'autorisations malgaches. On les a. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut une autorisation du ministère ou un truc comme ça, parce que ce n'est peut-être pas à ce niveau là que ça se passe. Je ne saurais pas le dire moi personnellement, mais les personnes à Madagascar le savent. On a tous ces documents et toutes ces autorisations pour pouvoir exporter. Du côté de l'arrivée des roches, c'est quelque chose qui est en train d'être discuté avec la préfecture. Ce ne sont pas des autorisations lourdes. Mais il faut montrer ce qu'on a entrepris. Il y a déjà eu des discussions là-dessus. On sait ce qu'il faut faire.

Comment vont arriver ces 220 000 tonnes de roches ?

L'arrivée est à prévue à partir de mi-octobre avec plusieurs chargements répartis dans le temps (les roches seront extraites d'une carrière de Tamatave appartenant au groupe Colas - NDLR).

www.ipreunion.com

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10 Commentaires
Morgane
Morgane
8 ans

Il est temps d'arrêter cette mascarade; Le Non RESPECT DE L' ENVIRONNEMENT, avec la destruction programmée des écosystèmes marin et terrestre , est Inacceptable!!!
Tenez compte du Réchauffement climatique dont les conséquence sont déjà visibles: des cyclones plus violents et plus fréquents, des vagues de 40 mètres d'ici à 2050, qui submergeront le viaduc.
Le désastre est annoncé.
Mettez en place LA DEMOCRATIE ENVIRONNEMENTALE
Il est temps de clarifier la position du Conseil Régional, par un débat public et qu'il y ait une CONTRE EXPERTISE de ce projet qui est l'Absurdité même!
A quand le REFERENDUM ?
Les embouteillages ne seront en aucun cas, résolus à l'entrée de St Denis, car il n' y a aura qu'une voie sur 3 pour les voitures!
Comme l'a annoncé le président du Conseil Régional, en 2010, cette Nouvelle route du littoral n'est:
Ni écologique !, ni sécurisée! ni créatrice d'emplois locaux! ni gratuite ! ( son coût provisoire est de 2,5 milliards d'euros; la plus chère du monde! ni moderne ! ni pour tous les Réunionnais ( 6% n'ont pas de voitures)! et LES EMBOUTEILLAGES continueron!
Que cache ce projet pharaonique ?
Une alternative: que cet argent soit utilisé judicieusement pour La continuité de la Route des Tamarins par un VIADUC qui va de Saint-Paul à St Benoit..

.

l\'zor
l\'zor
8 ans

@Rouve lo zié: aou mèm' rouv out zié
"ils n'avaient pas planifié d'ouvertures de carrières immédiate et comptaient sur les carrières existantes"
Ben si ça ne s'appelle pas de l'incompétence voir de l'amateurisme, je ne sais pas ce qu'il vs faut!
Mais s'agit-il peut-être d'une affaire de gros sous? ;) Mais non notre dieu à tous DR est blanc comme neige lol

jeff
jeff
8 ans

Cet interview ne nous apprend pas grand chose, sinon que personne ne s'était préoccupé de l'origine des matériaux en tenant compte des caractéristiques physiques nécessaire. Pour exemple ne fallait-il pas identifier les carrières susceptibles de fournir les matériaux?

Les questions qui n'ont pas été posé sont :
Quel surcout cela va-t-il entraîné?
Les infrastructures portuaires sont-elles en mesure d'absorber un tel trafic?
Le déchargement en zone portuaire ne va-t-il créer des problèmes de sécurité?

Si l'engineering de la structure de la NRL est certainement bien pensé, les études semblent avoir été bâclé en négligeant les questions essentielles d'approvisionnement, poste important pour l'évaluation du budget du chantier.

Les entreprises devraient prendre à leur charge les surcouts dus à leur manque de prévisions.

CHABAN
CHABAN
8 ans

L'zor
+1

Jardinot a côté de ce patron est un clown triste.....

Citoyen du monde
Citoyen du monde
8 ans

De grâce COLAS, GTOI, EIFFEGE, Didier ROBERT, arrêtez le massacre, arrêtez de nous détruire.... vous êtes entrain de vendre La Réunion M Didier ROBERT

Randria Mia
Randria Mia
8 ans

La colas n'a aucune carrière à Toamasina , Mscar, elle exploitait des carrières lors de la construction de l'usine SNC Lavallin, du groupe SHERITT , encore une (supprimé pour prise à partie - webmaster ipreunion.com) de la colas, qui de plus n'a aucune autorisation d'exporter, encore moins à la Réunion d'en importer !! la lecture de l'interview, démontre biien que cette étude bâclée, contestée par les divers association environnementales, ainsi que les commune censées ouvrir leurs site pour l'exploitation des pierres!!! le President de Region s'est empressé de finir les etudes pour ces (supprimé pour prise à partie - webmaster ipreunion.com) , tous savons que dans les etudes il y a une partie pour l'(supprimé pour prise à partie - webmaster ipreunion.com) . ce projet doit avoir son existence par un referendum, avec des questions prescises, certes il faut une route securisée , mais une 2 fois 4 voies et largement suffisante et moins chere!! dans ce cas, prévoir une ceinture autorail de l'ile et une diagonale 2 fois 3 voies pour st benoit st Pierre !! total à moins d'un milliard d'euros. je connais toamasina, colas, et certifie mon écrit :: le gouvernement malagasy a besoin de fric!! il ne laissera pas la colas exporter sans la (supprimé pour prise à partie - webmaster ipreunion.com) à tous les niveau de Madagascar , pour etre franco malagsy et avoir travailler dans ce pays

Arèt ek sa
Arèt ek sa
8 ans

Qu'est ce qu'on attend pour demander l'arrêt immédiat de ces travaux ? Oté La Réunion sé nout demin lé an jeu la. Atann pa kan lé tro tar. Didier Robert est en train de détruire notre pays et encore une fois on laisse faire....Ziskakan?

Rouve lo zié pou lire
Rouve lo zié pou lire
8 ans

Incroyable comment certains arrivent à lire cet interview et prétendre l'inverse de ce qui est écrit. Soit c'est de la malhonnêteté intellectuelle soit c'est de l'ignorance.
Le monsieur interviewé dis que la période de préparation étant assez longue, ils n'avaient pas planifié d'ouvertures de carrières immédiate et comptaient sur les carrières existantes... Alors quel amateurisme ?
À croire que certain sur ce forum sont experts en planification de travaux de cette ampleur !
Arrêtez de pleurer la bouche pleine. L'actuelle route a dépassé sa date de péremption. Alors heureusement que l'actuel président de région a fait son boulot, lui, et en toute droiture vis à vis de ses électeurs et d'une grande majorité de réunionnais qu'on entend pas. Il a respecté ses engagements.
Alors oui on entendra toujours des pleurnichards aigris nous expliquer que c'est pas ce qu'il fallait faire. Ça c'est comme pour l'équipe de foot française... On a 60 millions de sélectionneurs mais au final il n'y en a qu'un qui décide. Et quand le succès est au rdv on entend plus personne.
Parler des "éventuelles" espèces invasives c'est faire référence à l'impact environnemental de ce chantier... Encore un cheval de bataille (en bois) des opposants. Savent-ils que la Région dépense 80 millions pour garantir du point de vue environnemental ce chantier (DEAL + associations indépendantes comme Globice) et surveiller certains niveaux et arrêter le chantier si ces niveaux sont atteint et dépassés ? Et ainsi financer aussi des mesures compensatoires ?
Alors parler d'espèces invasives fait appelle à une éventualité (au vue des précautions décrites dans l'article)... Et si on parlait de l'éventualité qu'un éboulement se produise de nouveau sur l'actuelle route et que nous comptions encore quelques morts en plus ? Ou qu'elle s'éffondre par dessous comme précisé par certains spécialistes qui signalent aussi ce risque ?
On ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs mais peut-être que ceux qui arrivent à faire une omelette sans casser d'oeufs seront les mêmes qui arrivent à nous tourner cari sous d'riz à St Leu ou celle qui nous propose un manger cochon avec Gilbert (alors qu'elle jurait ses grands dieux de ne jamais travailler avec des repris de justice) !
Pense sat zot i veu, mwin mi vote Didier Robert.

valval
valval
8 ans

Malgré le lavage de ces roches, il y a quand même un risque sanitaire de faire venir des microorganismes pathogènes à la Réunion. Les vers blancs sont arrivés avec de la terre de Madagascar.
La peste, l’hôte intermédiaire de la bilharziose (Bulin cernicus) ainsi que les œufs de douves (Fasciola hepatica et Fasciola gigantica) -les douves qui sont des vers plats (trématodes) qui creusent des galeries dans le foie des hommes et des ruminants- pourraient faire leur apparition ici si la Région, pour faire plaisir aux transporteur décide de la livraison des galets au port sur la terre ferme pour être acheminés sur les sites. Cette mesure de non sens du point de vue économique et de la santé publique risque de nous couter très cher. Merci Didi 1er.

l\'zor
l\'zor
8 ans

Le Directeur affirme en substance que rien n'était prévu en gros! Ce qui montre l'amateurisme et la précipitation dans ce chantier.
Aucune carrière n'est ouverte mais aucune ne devait être ouverte! C'est bien de reconnaître que les recours en cours n'ont pas d'incidence sur la fourniture des matériaux. ça n'était pas prévu de toute façon!
Très très inquiétant, on a pas fini d'entendre parler de cette gabegie...