Vente de cigarette à l'unité : la pratique illicite perdure

Quelques bouffées qui peuvent coûter jusqu'à soixante centimes

  • Publié le 5 septembre 2015 à 05:00

Pratique illégale, la vente de cigarettes au détail est pourtant fréquente à la Réunion. Les petites boutiques de quartier sont nombreuses à en proposer : une cigarette peut alors coûter entre quarante et soixante centimes. Un "bon plan" que se partagent mineurs fauchés ou fumeurs occasionnels.

Denier recours pour certains, une habitude pour d’autres… La vente de cigarette à l’unité est bien connue parmi les fumeurs réunionnais. Les petites boutiques de quartier s’adonnent à cette pratique depuis des années, bien qu’elle soit illégale. C’est le cas au Chaudron, où une commerçante encaisse quotidiennement des cigarettes au détail. "En général, on propose des Gladstone car les clients en réclament ! Je pense que c’est pour ne pas tomber dans le système d’acheter un paquet" témoigne la vendeuse.

Devant sa petite boutique coincée entre les immeubles, plusieurs hommes discutent avec, entre les mains, clope et boisson. " Une petite bière et une cigarette ", c’est le rituel de ces habitués. Le tarif proposé pour quelques bouffées de nicotine : entre trente et soixante centimes. La principale sanction encourue par ce commerce est une amende pouvant s’élever jusqu’à 100 000 euros. En cas de récidive, le tribunal peut également leur interdire la vente de tabac sur une durée de un à cinq ans. En effet, la loi interdit la vente de paquets de moins de vingt cigarettes.

Un risque bien lourd pour quelques centimes, que certaines boutiques ne préfèrent pas encourir. Le tabac-presse près du jardin de l’Etat de Saint-Denis en fait partie. Un des vendeurs l’affirme discrètement : " Ca, c’est interdit, ça peut nous faire fermer ! En plus, Malartic est juste à côté et les policiers passent par ici, il vaut mieux éviter ". Leurs clients devront donc se contenter des cigares au détail dont la vente est, elle, autorisée par la loi.

Un paquet de vingt qui reviendrait à douze euros

Des prix choisis à la guise de ces "petites boutiques chinois", comme les appelle Indiana, une lycéenne plutôt adepte des tabacs roulés. Elle précise : "Quand on est vraiment en dèche, on achète des clopes à l’unité quand elles ne dépassent pas trente ou quarante centimes". Double infraction pour les commerces qui leur en fournissent : vente à l’unité et à des mineurs alléchés par ces cigarettes peu onéreuses.

Autre "bon plan" pour ces jeunes fumeurs : les revendeurs de leur lycée qui proposent des paquets à cinq euros. Cette pratique tout aussi illégale n’inquiète pas Indiana et ses amis. Peu importe le type de vente, ce qui compte, c’est le coût !

Or, à long terme, la cigarette au détail n’est plus une aussi bonne affaire. Yohann, Saint-andréen de 23 ans, découvre l’achat à l’unité lors de ses études en métropole. Il se justifie : "Je ne fumais pas tout le temps et acheter un paquet, c’était une dépense considérable ! Tandis qu’une cigarette coûtait 50 centimes, et pour cinq achetées, c’était deux euros. Sur le coup, c’est plus abordable". Son lieu fétiche était alors un petit marché situé sur la place de la Villette, où se croisaient revendeurs de Philipp Moris, seule marque proposée. Mais, une fois de retour à la Réunion, Yohann préfère stopper ce type d’achat, en raison des prix plus élevés. A environ soixante centimes la cigarette, le paquet de vingt reviendrait à douze euros. "Si on fait le calcul, ça fait plus cher, donc c’est davantage pour les fumeurs occasionnels", estime le jeune homme.

La pratique est également monnaie courante parmi les fumeurs de zamal. Certains ne fument pas forcément des cigarettes mais s’en servent pour "rouler les joints". Ils utilisent le tabac "pour le mélanger au zamal", ce qui leur permet "d’économiser le joint et d’adoucir sa puissance". La clope à l’unité fait décidément tabac auprès de tous les types de fumeurs.

www.ipreunion.com

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