Santé

La FMF Réunion se veut un "rempart indépendant"

  • Publié le 26 septembre 2015 à 07:30

La Fédération des médecins de France (FMF) à La Réunion espère profiter des prochaines élections des Unions régionales des médecins libéraux (URML), au début du mois d'octobre, pour porter sa voix, marquer son assise syndicale dans l'île et continuer de dénoncer la loi de santé, qui promet l'institution d'un "système à l'américaine".

Le danger guette… Sous la forme d'une loi de santé, il va s'attaquer au secret médical, transformer les médecins en enquêteurs, accentuer la pénurie démographique (nombre de médecins par habitant), etc. Le syndicat de la Fédération des médecins de France (FMF) veut interpeler la population et la profession sur une législation qui, selon les dires de ses adhérents, donnera les rênes de la santé aux financeurs, assurances, mutuelles et autres complémentaires.

L'exemple des informations échangées entre le patient et son médecin et la question de leur partage cristallisent les critiques les plus virulentes. Philippe de Chazournes, président de FMF Réunion, explique qu'un contrat de cinq ans vient d'être passé avec la société Cap Gemini pour organiser la collecte des données médicales et les réunir au sein d'un cloud, pour un montant de 19 millions d'euros sur les deux premières années. "Ces données sont capitales pour les industriels, glisse Hector Simon, jeune médecin généraliste à Saint-Paul. C'est la fin du secret médical. Après cela, quand vous irez demander un prêt, votre banque-assurance pourra connaître votre dossier de santé. S'y opposer est un véritable enjeu démocratique."

Un "plan Marshall" de 5 milliards d'euros

Au delà de l'éventuelle "perte de la relation de confiance avec les patients", les membres de la FMF veulent lancer un "plan Marshall" en demandant une enveloppe de 5 milliards d'euros pour "redonner de l'attractivité à la médecine libérale". "Il faut éduquer la population au bon usage de l'hôpital. Un système de garde peut être mis en place pour désengorger les urgences", propose Philippe de Chazournes. La loi de santé, au lieu de valoriser l'acte de soin, obligera les médecins libéraux à faire de l'administratif et à recourir au tiers payant généralisé. "Nous le pratiquons déjà en partie, relève Daniel Perriaux, médecin généraliste aux Avirons. C'est beaucoup de paperasse. Sans secrétariat, ce sont des heures et des heures de travail en plus." Les représentants FMF s'accordent à dire que toutes les mutuelles ne jouent pas le jeu et qu'ils ne sont payés qu'après des délais très longs, quand ils sont payés… "En rendant le tiers payant obligatoire, nous serons pieds et poings liés", se désole Daniel Perriaux.

Face à une sécurité sociale qui se désengage de plus en plus, offrant toujours plus de terrain au "collier étrangleur des financeurs", la FMF veut essayer de peser davantage lors des prochaines élections de l'URML locale. Le syndicat, qui se dit "totalement indépendant des lobbies et des organismes d'Etat", espère imposer son point de vue et s'inviter à la table des négociations sur les décrets de la loi de santé.

www.ipreunion.com

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