Thierry Gauliris, le leader du très charismatique groupe Baster, avant de prendre le micro, avait l'oeil derrière l'objectif. Aujourd'hui, il déterre ses archives photographiques pour raconter "la vie quotidienne" de son quartier au travers d'un livre : "Baster, Mon péi, Mon lémé", aux éditions Epsilon.
L’idée ne date pas d’hier, les photos non plus d’ailleurs. Cela fait presque trois ans que ce projet de livre a été amorcé, après la suggestion d’un ami pour fêter les 30 ans du groupe Baster, en 2013. Mais, "je n’aime pas faire pour dire que j’ai fait". On retrouve ici, les principes mêmes de Thierry Gauliris, prendre son temps, travailler, penser puis repenser, pour quelque chose "de beau", dit-il.
Et le résultat l’est résolument. "Baster, Mon péi, Mon lémé" est un livre de phonographies agrémentées de textes en créole et en français. Des mots sur les images, des textes pour raconter le derrière de la photo, "des souvenirs". Un livre d’histoire(s) emprunt de nostalgie, qui se lit et qui se voit. La plupart des photos sont en noir et blanc. Un choix esthétique ? Pas seulement, "bien sûr c’est mieux le noir et blanc pour parler d’un temps révolu", mais c’est aussi parce qu’à l’époque (entre 1986 et 1995) – où Thierry Gauliris était photographe de son métier – la couleur n’existait pas. "C’était fixateur et révélateur, pas le choix", se souvient-il.
Le lecteur qui se fait voyeur, se perd alors au fil de ses souvenirs. Quand les plus jeunes découvriront qu’il y avait un canal qui allait de l’Entre-Deux à Grand-Bois, les plus vieux ressasseront l’ambiance des kabars. La nostalgie est rejointe par l’émotion, "les photos sont si vieilles, qu’il y a des personnes, beaucoup de visages qui sont ici [dans le livre] mais qui ont disparues", souffle-t-il. Et de révéler l’histoire de cette photo d’une Moto 103, et de son jeune conducteur, "sans casque". "L’ironie, ce qui fait encore plus sens aujourd’hui dans cet instant, c’est que le jeune homme est mort peu de temps après cette photo. Tué dans une course-poursuite".
Le temps, c’est aussi un peu de ça dont il est question avec ce livre. A 50 ans, il souhaitait se souvenir mais aussi "rendre hommage", à tout ce qui a fait Baster, le groupe, et lui, l’homme, le musicien, Thierry Gauliris. "Tous sommes faits d’influence, il y a des gens qui nous ont fait, qui nous ont mis sur ce chemin". C’est eux que l’on retrouve à l’intérieur de "Baster, Mon péi, Mon lémé". Un livre à écouter. Et à retrouver en libraire.
Extraits : "Un jour on naît, un autre on n’est plus… Entre ces deux jours de notre existence chacun tente, tant bien que mal, de trouver sa place dans son corps, sa famille, son quartier, la société… Kriké, kraké".
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