Saint-Louis (actualisé à 18 heures)

Affaire du "Gourou" présumé : la mairie "se désengage et décline toutes responsabilités", l'État se mobilise

  • Publié le 10 octobre 2015 à 15:58

Face aux derniers débordements survenus à Saint-Louis, la Préfecture affirme assurer la sécurité de tous, et dit se mobiliser. Patrick Mallet, maire de Saint-Louis, lui, fait savoir dans un communiqué daté du 10 octobre 2015, que la Mairie n'étant pas en mesure de reloger M. Sane, se désengage et "décline ainsi toutes responsabilités directes ou indirectes dans les évènements futurs".

La Préfecture a elle aussi publié un communiqué, à son tour, samedi 10 octobre, plus tard dans la journée. Dans celui-ci on peut lire que "l'État est fortement mobilisé pour assurer la sécurité de tous à Saint-Louis".

"Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2015, les gendarmes ont dû intervenir à Saint-Louis pour rétablir l'ordre, à la suite d'attroupements résultant à l'origine de la volonté d'un père de famille de récupérer sa fille mineure qui se trouvait avec une vingtaine de personnes dans un logement dans lequel se tiennent des enseignements coraniques. Ces désordres ont perduré les nuits suivants, nécessitants de nouvelles interventions des forces de gendarmerie.

Dès ce moment, l'action de l'État a porté sur trois domaines : assurer la sécurité de tous, assuré la médiation et proposer des solutions d'urgence aux occupants du logement, et la recherche d'éléments administratifs permettant de déterminer une dérive sectaire éventuelle".

Le maire se désengage de l'affaire

Le maire de Saint-Louis fait savoir au Préfet de la Réunion, qu’il a épuisé toutes ses capacités d’actions. Rappelant "l’arrêté préventif pris interdisant toutes manifestation et tous rassemblements de plus de dix personnes dans un périmètre de plus de 300m autour de l’église. L’objectif était ici de limiter la présence de personnes non intéressées par cette affaire".

Le maire explique ainsi que suite aux évènements particulièrement ceux de vendredi, une réunion de crise s’est tenue à la gendarmerie avec la directrice du Cabinet du Préfet, qui a négocié ensuite, avec l’avocat de M. Sane. Mais que "ces négociations n’ont elles aussi rien donné".

Patrick Mallet écrit ainsi : "force est de constater qu’il s’agit d’une impasse avec l’intervention de l’Etat qui se limite au déploiement des forces de l’ordre pour assurer ma sécurité des biens et des personnes, les familles ne veulent rien d’autre que récupérer les femmes du groupe" mais que "ces dernières refusent d’être séparées estimant être dans leur bon droit".

A côté de cela s’ajoute le problème de M. Sane, le "gourou" présumé, qui "reste ferme sur sa volonté d’être relogé avec ses fidèles".

Le Maire de Saint-Louis explique donc que la commune n’est pas en mesure d’assurer ce relogement, "le parc locatif  ne contient pas de logement suffisamment grand pour accueillir une vingtaine de personnes". Et d’enfoncer le clou en affirmant que "reloger le groupe ne fait que déplacer le problème".

C’est au vu de tous ces faits et face à la dégradation des locaux d’habitation, que Patrick Mallet demande à ce que le logement de M. Sane, soit "reconsidérer comme Établissement Recevant du Public (ERP)".

Patrick Mallet, maire de Saint-Louis termine son communiqué en déclinant "toutes responsabilités directes ou indirectes dans les évènements futurs", et "se désengage, ainsi que les services municipaux, de cette affaire".

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Mairie de Saint-Louis et familles : irresponsables?
Mairie de Saint-Louis et familles : irresponsables?
8 ans

Il me semble que :

- le maire reste responsable de l'ordre public dans sa commune et il doit veiller à faire appliquer son propre arrêté municipal: il ne donc peut se "désengager" comme ici ; s'il le fait, il est donc fautif.

- les femmes qui suivent le "gourou" sont adultes et majeures (pour la jeune femme mineure c'est autre chose..), et libres de vivre avec lui; donc je ne vois pas ce qui peut être fait à ce niveau par les familles pour les obliger à revenir;

- les familles n'ont pas le droit de se rassembler tous les soirs à proximité, elles créent un trouble à l'ordre public et n'avaient encore moins rentrer dans cette maison et casser;

- la préfecture a écrit à la MVLUDES et recherche des témoignages pour agir: que fait la mairie en ce sens? Que font les familles en ce sens?

Selon la MVLUDES (http://www.derives-sectes.gouv.fr/quest-ce-quune-d%C3%A9rive-sectaire une dérive sectaire se définit ainsi:

"Il s'agit d'un dévoiement de la liberté de pensée, d'opinion ou de religion qui porte atteinte à l'ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l'intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en oeuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d'exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d'une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société."

Toutefois, ce n'est pas simple d'agir car le droit français reconnaît aux personnes adultes et majeures le droit de vivre en communauté pour partager une croyance; seuls les abus et dérives semblent être interdits et réprimés (voir http://www.derives-sectes.gouv.fr/quest-ce-quune-d%C3%A9rive-sectaire/que-dit-la-loi/le-dispositif-juridique-fran%C3%A7ais.

Ne faut-il donc pas parvenir à établir par témoignages l'existence d'une "sujétion psychologique ou physique" de ces femmes pour pouvoir agir? Là me semble être la question.

- quant au relogement, il n'appartient pas à l'Etat ou à la commune de Saint-Louis de le faire; ce n'est pas de leur responsabilité et cela relève du domaine privé; d'ailleurs, un relogement, comme le dit le maire (là je suis d'accord) ne fera que déplacer géographiquement le problème sans le régler.