Evénements étranges au collège Le Gol à Saint-Louis

Ancêtres, djinns, énergies... peuvent-ils prendre possession de notre corps?

  • Publié le 20 février 2016 à 06:00

Yeux révulsés, convulsions, chutes... Des "crises" étranges ont touché en une semaine 25 collégiens de l'établissement Jean Lafosse Le Gol à Saint-Louis. Crises d'hystérie ou réelles possession de leur corps par des esprits, comme semblent le croire leurs camarades? Deux dignitaires religieux de confession hindou et catholique tentent de répondre aux questions que posent ces événements inhabituels.

“Dans la tradition hindou, on dit que parfois, lorsqu’il y a eu un meurtre ou un suicide, la personne n’était pas prête à mourir, elle n’a pas accompli ses désirs et elle reste donc attachée aux lieux pendant un temps, jusqu’à ce qu’elle les réalise”, explique Swami Advayananda Sarasvati, responsable de l’ashram du Port. La semaine dernière, des phénomènes étranges se sont déroulés au collège Jean Lafosse Le Gol de Saint-Louis, 25 collégiens connaissant des “crises”, les yeux révulsés, le corps agité de tremblement. Les rumeurs sur la présence d’esprits ont fait le tour des groupes d’élèves et de leurs proches inquiets.

“Lorsque le corps meurt, le corps subtil aura besoin d’un nouveau corps physique pour réaliser ses souhaits et ce n’est donc pas impossible qu’il en récupère un”, poursuit l’hindou. Si ces phénomènes arrivent, selon lui, ce n’est pas forcément ce qu’il s’est passé dans ce collège. En fait, les hindous ne parlent pas d’esprits, explique-t-il, mais d’énergies. “Nous sommes tous énergie”, assure-t-il.

“Dans l’univers toutes les formes d’énergie ne sont pas connues. Il est possible qu’une énergie tellurique ou autre se dégage dans ce collège.” Selon lui, les énergies qu’ont peut-être ressenties ces collégiennes ne sont pas forcément négatives. Les personnes touchées seraient sensibles à ces énergies parce que habituées à croire en ces phénomènes. “N’ayant pas non plus l’éducation pour la maîtrise de soi, elles ont des crises qu’on pourrait appeler de possession ou autre.”

Pour les Musulmans ces phénomènes peuvent témoigner de la présence de djinns, c’est-à-dire d’esprits. Toutefois, aucun des dignitaires religieux réunionnais contacté par Imaz Press n’a souhaité s’exprimer à ce sujet.

Des événements cultuels codifiés

De son côté, le père Stéphane Nicaise, anthropologue et jésuite, voit deux phénomènes distincts dans les événements médiatisés cette semaine au collège de Saint-Louis. Pour lui, les deux premiers cas constatés ont certainement un sens et mériteraient d’être creusés. Pour l’heure, il affirme n’avoir aucun élément concrêt permettant d’identifier le phénomène. Il souligne d’ailleurs le fait qu’aucune des personnes concernées par ces “crises” ne s’est exprimée dans les médias. “S’il y avait eu un vrai phénomène collectif, ça se serait poursuivi voire amplifié, or on voit bien ajourd'hui que le soufflet est désormais retombé”, met-il en avant.

Pour lui, les cas suivants relèveraient davantage d’un phénomène social ou psychologique, potentiellement de l'ordre du mimétisme par exemple. “En réalité, les transes ou possessions, sont des événements cultuels et culturels codés qui se déroulent dans des lieux précis, à une fin précise. Je n’ai jamais vu de possession sauvage comme on l’entendrait ici”, relève-t-il.

“A La Réunion, nous sommes à un croisement de toutes les croyances, chacune va apporter une interprétation qui lui sera propre”, prévient Stéphane Nicaise. Selon lui, la base commune est la croyance partagée par tous de l’influence des esprits sur les vivants. “90% du temps, les rituels s’articulent autour du culte des ancêtres”, constate-t-il en citant l’exemple des repas malgaches. Les participants appellent leurs ancêtres, les invitent à partager un repas et la transe apparaît alors comme une preuve de leur présence. “Tout le monde est heureux, personne n’a peur, note le père. Il y a un vrai sens social et spirituel à cette cérémonie, une utilité. Tout le codage cultuel permet aussi de maîtriser ce qu’il se passe et de ne pas laisser la porte ouverte à n’importe qui.”

Les catholiques reconnaissent toutefois aussi certains cas de possessions maléfiques. Chez eux, celles-ci sont le fait du Malin, Satan. “Le cas de ces collégiennes n’a rien à voir avec des possessions diaboliques”, assure le père Stéphane Nicaise. “En réalité, on est très loin de la capacité de destruction diabolique.” Dans la religion catholique, chaque diocèse dispose d’un exorciste désigné par l’Eglise et seul habilité à réaliser cette activité.

L'exorcisme par... le yoga

“Certaines personnes peuvent maîtriser la situation, c’est un rapport de force, il est possible de neutraliser les énergies négatives, confirme de son côté Swami Advayananda Sarasvati. Mais il n’y a pas besoin de le faire en criant et en faisant de grands gestes. La personne s’assoit, cela se passe au niveau du mental, ça ne se voit pas particulièrement.”

“A La Réunion, on a cette tendance à pencher vers ces idées de possession, d’esprits…”, estime le jésuite. Au cours de son expérience religieuse, le père Stéphane Nicaise assure n’avoir pourtant jamais rencontré des ses propres yeux un cas de possession maléfique. Des gens viennent, bien sur, pour le rencontrer. “Ils sont tellement persuadés d’être eux-mêmes possédés qu’ils en deviennent dérangés."

Interrogé, le Père Stéphane Nicaise reconnait qu’il existe des techniques de discernement précis, permettant de déterminer si les gens sont réellement possédés ou non. “Il s’agit dans un premier temps de vérifier ce qui est à notre portée : le moment de la vie de la personne, sa santé physique et mentale… Repérer tout ce qui peut perturber une personne. Généralement, on voit que ça résulte d’un malaise tout à fait humain.”

Les hindous rejoignent les catholiques sur ce point. Pour chasser ces énergies indésirables d'une personne, le responsable de l’ashram du Port explique qu’il faut renforcer sa confiance et son “système immunitaire spirituel”, améliorer la maîtrise de soi, "en travaillant surtout sur la lumière du coeur". Bien souvent, ce travail spirituel s’accompagne d’un côté pratique qu’on oublie, le yoga notamment. "Ce n'est pas forcément une question religieuse", souligne Swami Advayananda Sarasvati. “Dans la religion hindou, le vàstu permet de contrôler ce genre d’énergies non désirées, assure-t-il. L'énergie négative partira ailleurs.” 

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2 Commentaires
Nettes différences entre le public laïc, et le privé confessionnel
Nettes différences entre le public laïc, et le privé confessionnel
8 ans

Tout d'abord, l'article est assez bien, néanmoins, plusieurs questions importantes méritent d'être posées, et surtout de trouver chacune une réponse satisfaisante.
Sachant que d'emblée, l'hypothèse d'une drogue ou d'une intoxication visant uniquement une catégorie d'élèves, est apparemment écartée par les pompiers qui lors de leur intervention aurait indiqué que les élèves ne seraient pas malades.
Aussi, de prime abord, il serait intéressant de se demander si le problème rencontré dans cet établissement public et laïc, aurait pu être réglé rapidement et dans de bonnes conditions dans un établissement privé ?
Car, en sus des problèmes rencontrés par les élèves, se pose la question récurrente de la laïcité qui une fois encore, bloque dans le domaine public, toute intervention non-laïque, tout secours non-laïc.
Puis, nous pourrions demander au chef d'établissement secondaire laïc, ainsi qu'aux sapeurs pompiers et à la maréchaussée, pour qu'elle raison ont-ils tous ont failli à leur devoir d'exercice de leur autorité publique et laïque pour l'expulsion du domaine public des choses immatérielles qui nuisent aux jeunes victimes ?
Nous concernant, nous considérons qu'ils ont commis une faute de manquement à leur devoir.
Etant souligné que toute intervention externe non-laïque s'avère, hélas, interdite à cause du principe de la laïcité.
En conséquence, seul un laïc peut agir dans le domaine public, et à la condition qu'il le fasse conformément à la laïcité.
Ainsi, constatons que des personnes physiques, en l'occurrence des élèves, peuvent souffrir dans un établissement public et laïc, et que la laïcité empêche tout secours externe non-laïc !
Plus inquiétant, supposons qu'un membre du personnel d'encadrement de l'établissement secondaire laïc, soit un croyant et qu'il propose gracieusement ses services pour secourir des élèves placés sous sa responsabilité.
Ledit croyant, membre de l'établissement public et chargé de l'encadrement (conseiller d'éducation ou conseiller principal d'éducation, etc...), se verrait malheureusement refusé toute intervention non-laïque, sur des élèves dont il a pourtant la responsabilité, et cela, toujours à cause de la laïcité !
En somme, en se basant uniquement sur la laïcité, il n'y aurait peut-être que dans un lycée laïc, qu'un professeur de philosophie pourrait, en se basant sur ses connaissances en mythologie, agir pour tenter de vaincre des êtres surnaturels, à condition toutefois qu'ils soient issus de la mythologie Grecque, Romaine, Egyptienne ou Sumérienne ?
Tout un programme mythologique et donc irrationnel, pourtant paradoxalement pas laïc ; comme c'est étrange, n'est-ce pas ?!
Puis, concernant le fait de savoir s'il s'agit d'une énergie, de l'âme d'un défunt ou d'un mauvais esprit ; sachant d'une part, qu'une énergie, comme l'énergie solaire, n'a ni volonté, ni intelligence, ni sentiment, ne pensez-vous pas qu'il s'agirait plutôt d'une âme humaine défunte ou d'un mauvais esprit ?
Etant considéré d'autre part, qu'une oppression peut être interne à la victime, mais qu'une oppression peut également lui être externe (oppression environnementale).
Dans ce cas, ne pensez-vous pas que c'est le lieu public qui serait probablement souillé et qui à son tour souillerait ses victimes ?
Ainsi, n'estimez-vous pas qu'il conviendrait, par conséquent, d'assainir spirituellement le lieu public et laïc, pour que toute chose immatérielle et maléfique cesse de causer de graves nuisances ?
Concernant un établissement public et laïc, rappelons qu'il est de la responsabilité du chef d'établissement, d'exercer son autorité publique et laïque pour l'expulsion de toute chose immatérielle et nuisible.
Une autorité se prouve et se démontre par ses effets, et donc, dans l'hypothèse où un chef d'établissement laïc serait incapable d'exercer son autorité publique et laïque au sein de son établissement, il peut en référer au recteur de l'académie.
Si le recteur de l'académie s'estime également incompétent, alors il reviendrait au préfet, voire au ministre ou au chef de l'État d'exercer son autorité publique et laïque.
Insistons sur le fait qu'au non du principe de la laïcité, il est interdit à tout croyant d'intervenir gracieusement dans le domaine public, même s'il est un membre du personnel d'encadrement (CE ou CPE).
En définitive, si l'établissement public et laïc n'intervient pas, et si en plus, il empêche toute intervention non-laïque au rétablissement de la paix ; alors, l'éducation nationale laïque commettrait une double faute de manquement à ses obligations.
Autant dire qu'à la place des parents d'élèves, nous préférerions nettement un établissement privé où une gracieuse intervention non-laïque est, elle, parfaitement possible.

radiodemys
radiodemys
8 ans

Est on sur qu'une drogue (comme la drogue crocodile) n'a pas circulé à l'insu de ces collégiens ??