Après les attentats de Bruxelles

Fanny Clain : "On a l'habitude de voir ça à la télévision, tout à coup j'étais entrée dedans"

  • Publié le 25 mars 2016 à 18:10

Fanny Clain, jeune réunionnaise de 20 ans originaire de La Possession, a été blessée dans les attentats à l'aéroport de Zaventem à Bruxelles mardi 22 mars alors qu'elle s'apprêtait à s'envoler pour les Etats-Unis. Mormone de religion, elle raconte au micro de RTL comment elle se sent, trois jours après. "J'en ai rien à faire d'en vouloir aux terroristes, ça va pas m'avancer dans la vie vous savez. Au contraire, si on décide de passer outre, alors là on peut continuer à vivre, là on guérit et on peut avoir une vie formidable."

Sur une photo d'identité prise avant les attentats, Fanny Clain sourit d'un air espiègle. Brune aux yeux marron, elle a le visage encadré par une chevelure bouclée sagement coupée au carré.  Ce même visage est maintenant à moitié caché par de gros bandages. "J'ai les mains brûlées et la tête aussi" explique la jeune fille interrogée au téléphone. "Des brûlures au 2ème degré donc, a priori, ça devrait cicatriser tout seul" précise-t-elle. " J’ai aussi eu un éclat de métal dans le tibia et un éclat plus haut dans la jambe" continue-t-elle d'énumérer d'une voix enfantine et presque détachée.

Sur le même ton elle raconte ensuite qu'elle venait d'arriver à l'aéroport de Zaventem avec ses amis et ses bagages lorsque l'explosion s'est produite. Elle allait prendre un vol pour les Etats Unis. "Quand la bombe a explosé je me suis retrouvée par terre. Au bout de ce m'a semblé être une seconde, je me suis relevée.  +Incroyable+, c'est la première chose qui m’est venue à l’esprit. On a l’habitude de voir ça à la télévision mais là tout à coup j'étais entrée dans la télévision" dit-elle doucement.

Elle ajoute avoir voulu "sortir de là". Elle se met à marcher et se souvient que des personnes l'ont conduite "à  l'endroit" où plusieurs victimes étaient regroupées. A ce moment là elle dit ne pas encore ressentir de douleur particulière. "J'ai demandé à des gens si j'étais blessée, ils m'ont dit que j'étais brûlée" rapporte-t-elle. "Une fois assise avec les autres blessés je me suis dit +ah oui au fait je n'arrive plus à me lever +, j'avais des trous dans mes jambes".

Fanny Clain est ensuite transportée à l'hôpital Stuivenberg à Anvers. Elle s'y trouve toujours. "Les infirmières sont gentilles. Ça va j'ai le moral" dit-il. Elle ajoute que pour ces brûlures au 2ème degré "cela devrait cicatriser tout seul", que les médecins ont "enlevé les morceaux de métal dans (sa) jambe" et "recousu les trous un peu gros. Mes mains sont gantées et ma tête aussi. Mais je me sens bien, ça va".

Fanny Clain a passé son enfance à Saint-Denis. Elle a ensuite déménagé pour aller vivre d'abord au Port et ensuite à La Possession. Elle est arrivée à Liège en  Belgique il y a cinq mois. Membre de l'Eglise du Christ des saints des derniers jours - l'autre nom des Mormons -, elle attendait un visa pour partir en mission dans l'Ohio aux Etats Unis. Elle venait d'obtenir ce sésame.

Lorsqu'on lui demande ce qu'elle pense du terrorisme, des kamikazes, elle murmure : "on a tous le libre arbitre, la liberté de choisir ce qu’on veut faire dans notre vie. Il y en a qui l’utilise pour faire le mal, alors ça fout un peu le bazar".

Elle n'a aucun ressentiment envers les auteurs des attentats. " J’en ai rien à faire de leur en vouloir, ça ne va pas m’avancer dans la vie" lâche-t-elle d'une voix douce. "Quand on est en colère, ça nous rend triste, on rumine ça tout le reste de notre vie. Alors que si on décide de leur pardonner ou de passer outre, alors là on peut continuer à vivre, là on avance, on guérit et on peut avoir une vie formidable" estime-t-elle.

Fanny Clain espère sortir de l'hôpital dans deux semaines. Elle ne sait pas encore si elle retournera alors à La Réunion et elle avoue "j'aimerai bien continuer ma mission (aux Etats Unis – ndlr)"

www.ipreunion.com

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