Salon de la maison : les "objets miracles" des démonstrateurs

"Ce produit va changer votre vie, mesdames et messieurs !"

  • Publié le 5 mai 2016 à 05:20

Balais, couvercles, couteaux, aiguiseurs... Les "produits malins" sont nombreux à jalonner les allées du salon de la maison. L'événement qui a démarré ce vendredi 29 avril 2016 accueille chaque année des vendeurs à la criée, prêts à enchaîner démonstrations et discours percutants pour vendre leurs "objets miracles".

Clins d’œil complices, gestes accueillants, discours ensorcelants : les vendeurs de "produits malins" ont la part belle au salon de la maison. Entre balais magiques et aiguiseurs révolutionnaires, les visiteurs découvrent un monde où le bonheur s’achète pour vingt euros… ou plus.

Derrière son stand rempli de découpes artistiques de légumes, Roger Busatta se targue d’être le seul à vendre sa râpe multifonctions : "Vous ne voyez ça que chez moi ! J’ai confiance en ma râpe, j’ai même mon adresse derrière". Son discours, précis et percutant, est préparé à l’avance, il ne s’en cache pas. Mais, selon lui, l’essentiel est "d’aimer son produit". Même son de cloche du côté de "Nico, le roi des carreaux". Tout en nettoyant une vitre (déjà extrêmement propre) avec sa raclette, il débite un discours en béton : "Je ne vends pas un prix, je vends un résultat, ça fait trente ans que l’appareil a été breveté, celui qui s’en prive, il est soit maso, soit fauché !". De l’humour et de la tchatche, soit le cocktail gagnant des démonstrateurs.

Mais derrière ce discours bien rôdé et ces techniques savamment exécutées, se cachent des vendeurs souvent expérimentés. Preuve en est au stand de "l’aiguiseur" où Martine Boyer exerce depuis près d’une vingtaine d’années sur quasiment toutes les foires et salons de l’île. Elle indique modestement vendre près d’une quarantaine d’appareils par jour et émaille ses réponses de précisions commerciales (l’habitude, sans nul doute) : "Un gain de temps", "Pratique pour les vieilles personnes, les femmes comme les hommes". Sans oublier la fameuse étiquette du "numéro 1 en Europe". Mais comment retrouver ce produit aiguisant aussi bien les couteaux que les taille-ongles ? "Il n’y a pas de magasin, mais nous sommes basés à Saint-Joseph" souligne la démonstratrice.

Mais le leimotiv de ces vendeurs à la criée est bien de faire acheter un discours plutôt qu’un produit. Alors qu’il râpe ses carottes et courgettes, Roger Busatta l’admet : "Même mes intonations de voix sont préparées à l’avance, je monte le ton quand je dis cadeau et je le baisse quand je dis prix !". Avant de se rattraper en précisant que le prix reste par ailleurs très abordable.

Alors arnaque ou produit malin ? Parmi les clientes amassées devant le stand du "balai magique", pas d’illusions. "Je l’ai acheté parce que j’en ai besoin, mais pour moi, c’est un balai comme les autres" affirme l’une d’entre elles.

Selon Nico, "le roi des carreaux", ce n’est pas de la magie qu’il faut vendre, mais plutôt de la logique. Il le démontre d’ailleurs à tout moment, armé de son éponge et de sa raclette : "Le petit kit complet, on le vend à 40 euros, ça peut paraître cher, mais c’est largement ce que vous avez dépensé avant en chiffons et raclettes inefficaces". Il ne tarde pas non plus à signaler que l’appareil "fabriqué en Allemagne" et qu’il est donc tout ce qu’il y a de plus fiable.

La notoriété joue également un rôle non négligeable. Roger Busatta, le "râpeur de légumes" est dans le jeu des produits malins depuis sept ans. "Les gens savent que je fais de la qualité, ils viennent prendre mon produit parce qu’ils l’ont vu chez la tatie, la grand-mère" garantit le démonstrateur, tout sourire. Il tient aussi à rassurer ses clients sur son honnêteté : "Je ne pourrais pas regarder les gens dans les yeux en leur vendant de la camelote".

Du côté du "balai flex", le ton est lucide. Tout en admirant la démonstration de son collègue, Christine Dealmeida n’est pas dupe. "Son discours est toujours le même et ça marche à chaque fois" s’amuse t-elle. Selon elle, il n’y aurait d’ailleurs pas de vente sans ces beaux arguments.

Ou quand le business des outils du quotidien devient un art du spectacle. 

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