Saint-Denis - Ils se réunissent sous le baobab de Champ Fleuri

Nuit Debout Réunion : responsabilisation citoyenne et éducation populaire

  • Publié le 21 mai 2016 à 09:54

Les mouvements Nuit Debout se poursuivent à Paris et dans plusieurs villes françaises depuis le 31 mars dernier. Le passage en force du projet de loi travail par le 49-3 a ravivé les flammes de la contestation et continue de remplir les rues de manifestants. A La Réunion aussi, les citoyens se mobilisent le soir venu, et créent le mouvement Nuit Debout Réunion, réparti entre Saint-Pierre, Saint-Leu, Saint-Paul et Saint-Denis. Plusieurs fois par semaine, des personnes venues de tous horizons se rassemblent en agora "pour discuter, échanger et débattre" sur plusieurs sujets de sociétés. Une trentaine de personnes se réunit à Champ Fleuri pour maintenir le mouvement autour de la "responsabilisation citoyenne".

Lorsque l'on évoque le mouvement Nuit Debout, ce sont les casseurs, les affrontements entre manifestants et policiers place de la République à Paris qui émanent de la pensée collective. A La Réunion, les idées reçues tendent vers une vision plutôt dépourvue d'intérêt pour les rassemblements. Cela fait pourtant 50 jours que des citoyens se réunissent autour du baobab situé sur le parvis des droits de l'Homme de Champ Fleuri pour "tenter de changer les choses par en-dessous". "Les solutions ne viendront pas du gouvernement ou des grandes multinationales mais du citoyen. Nous voulons sensibiliser les gens à trouver eux-même des solutions. Tout le monde a le droit de parler, a des richesses, des compétences et des idées. Il faut libérer la parole" explique Sébastien, en marge du cercle formé d'une vingtaine de personnes assises sur la pelouse en face du théâtre de Champ Fleuri.

Les agoras - dont le terme lui-même renvoie aux fondements de la démocratie - se tiennent généralement à partir de 20h00 sur le parvis des Droits de l'Homme. Pas de meneur ni de porte-parole, mais des avis mitigés sur le mouvement parisien, bien différent des réunions dionysiennes. 

"Les médias nous manipulent et nous montrent ce qu'ils veulent" lance Fabienne dans l'assemblée, tandis que plusieurs lèvent les mains en silence par approbation. Parmi les médias il y a Facebook, dont l'utilisation a par ailleurs servi à créer le mouvement réunionnais. "Les commentaires sur la page Nuit Debout La Réunion ne sont pas représentatif de ce que l'on fait vraiment" lance un autre participant. "Facebook ne cultive que le narcissisme donc l’individualisme. Cela va à l’encontre de ce que l’on voudrait faire. Mais on l’utilise pour communiquer aussi. Ce réseau social ne devrait servir qu’à cela" exprime Bruno, médecin d'une cinquantaine d'années.

Un mouvement bien différent de celui de Paris

Le mouvement Nuit Debout se veut local, "un peu différent de ceux de Saint-Leu, ou de Saint-Paul" et se concentre sur les problématiques réunionnaises. "Beaucoup de sujets viennent sur la table, ce sont les préoccupations des gens et c’est une bonne chose d'en parler. Gouvernement, emploi précarité violence… Mais nous sommes là que pour donner notre avis et derrière il y a des jeunes qui viennent avec leurs problèmes personnels. On discute avec eux et on essaye de les aider" confie Jean, qui estime par ailleurs qu'il n'y a pas assez de participants réunionnais lors des agoras. 

Les agoriens tentent de mettre en place plusieurs projets, pour aider les personnes en difficultés des quartiers. Fondée sur l'éducation populaire, le mouvement du baobab tente de mettre en place des actions concrètes, tels que des potagers collectifs. "On veut essayer de travailler avec les jeunes notamment ceux qui viennent régulièrement pour voir ce qu’on peut faire pour les aider" explique Stéphanie, par ailleurs gérante d'un restaurant.

Dans les discours reviennent évidemment la situation politique liée au passage par l'article 49-3 du projet de loi de Myriam El Khomri, mais aussi les difficultés économiques de la France, le taux de chômage ou la défense des droits des salariés. "Nos salariés sont essentiels. Il faut réussir à leur donner leurs place pour qu’ils aient envie de venir travailler. Cela me choque quand un salarié me dit que son patron abuse et qu’il n’est pas payé pour les heures qu’il fait en plus ou qu'il n'a aucune reconnaissance" confie Stéphanie.

Une volonté de changer les choses se dégage du groupe intergénérationel Nuit Debout de Saint-Denis. Les participats se sont par ailleurs rattachés à plusieurs manifestations telles que celle devant les locaux du Médef à Saint-Marie, ou celle des policiers. Le mouvement compte perdurer jusqu'à la signature d'une convention d'actions, comme l'a fait le groupe de Saint-Leu il y a peu, tout en continuant les échanges sous le baobab dionysien.

www.ipreunion.com

 

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