#KozSéryé

Jean-Paul Virapoullé n'est pas contre un carri avec Paul Vergès

  • Publié le 7 juillet 2016 à 14:07

Au début de chaque mois, Imaz Press vous propose un nouveau rendez-vous, #KozSeryé. Une interview long format, volontairement "cash", avec une personnalité réunionnaise. Le second à se prêter au jeu, c'est Jean-Paul Virapoullé. Figure de la droite réunionnaise, il est revenu sur son combat avec son adversaire éternel, Paul Vergès, et n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il s'agit de juger la classe politique actuelle.

Pourquoi avoir accepté de figurer sur la liste de Didier Robert pour les Régionales de 2015, après être allé au clash lors de la campagne des régionales en 2010?

Nous avons trouvé un accord politique et je le remercie pour cela. Nous nous sommes entendus sur une vision de La Réunion et sur des projets. Le poste de vice-président qu’il m’a donné me donne une légitimité. J’ai un mandat, donc l’écoute à Paris est meilleure.

"En 2010, j'ai fait l'enfant gâté"

En étant son vice-président, vous prenez votre revanche ?

Pas du tout. La vérité c’est qu’en 2010, Didier Robert a voulu se réconcilier et j’ai refusé. Depuis, j'en ai parlé avec mon épouse. C’était une erreur, j'aurais dû accepter la réconciliation. J'ai fait l’enfant gâté. Du coup, quand en 2015, il est revenu vers moi bien avant la campagne en me disant “tes idées, on en a besoin”, j’ai accepté.

Vous avez pourtant eu des mots durs à son égard. Didier Robert fait-il partie de cette nouvelle génération de politiques “bling bling” selon vous ?

Regardez comment il est habillé, on ne peut pas dire qu’il est bling bling (rires).

L’un des derniers grands projets de Paul Vergès, avant qu’il perde son siège à la pyramide inversée, c’était le tram train. Didier Robert l’a enterré dès son arrivée à la tête de la Région en 2010. Vous avez vivement critiqué le projet, était-ce par pure stratégie politique ou étiez-vous réellement convaincu de la nécessité de l'enterrer?

Paul Vergès avait une bonne vision tactique. Le tram train était un projet utile mais il n’était ni financé ni finançable. S’il a capoté, c’est parce qu’il n’était pas équilibré financièrement, pas parce que je m’y suis opposé !

 

Pas de tram train... mais pas d'autres projets sur les rails

Quelles alternatives proposez-vous au tout-voiture ?

Il y a des études, pour le monorail soutenu par Didier Robert ou encore le téléphérique à Saint-Denis. Mais c’est vrai que nous sommes assez nuls en matière de liaisons publiques...

Aucun autre “grand” projet de transport en commun ne sera donc sur les rails dans les années à venir...

Les bus ne sont pas une solution parce qu’ils se retrouvent dans les embouteillages. Les liaisons par la mer ne sont envisageables qu’entre Saint-André, Saint-Denis et Saint-Paul...et encore pas toute l’année…

Si la majorité régionale sèche, selon vous, existe-t-il de bonnes idées du côté de l'opposition, du côté de Thierry Robert par exemple ?

Il a de bonnes idées et on peut tomber d’accord. D’ailleurs, lors de la dernière assemblée plénière le 23 juin, c’est ce que j’ai dit à Thierry Robert, mais aussi à Huguette Bello et je le redis aujourd’hui : s’ils veulent échanger pour qu’on avance, ils sont les bienvenus. Je dis la même chose à Paul Vergès.

Le Jean-Paul Virapoullé de l'époque était beaucoup plus virulent à l'encontre de l'opposition. Vous semblez désormais apaisé. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a plus d'opposition ?

Non.

Etes-vous nostalgique des débats musclés de l'époque ?

C’était passionnant et certains les comparaient à des matches de foot. J’aimais débattre avec Paul Vergès parce qu’il connaissait bien ses dossiers. Aujourd’hui, il n’y a plus de débats de ce niveau. On est plus dans la critique personnelle que dans le débat de fond.

 

En 2008, les gens ont cru que je voulais faire la place trop vite pour mon fils

A votre époque, les élections étaient souvent violentes, et on n’hésitait pas à avoir recours à des nervis pour casser la figure de ses opposants. Aujourd’hui, comment “casse-t-on” ses adversaires ?

Le suffrage suffit. Beaucoup entrent en politique pour avoir une petite place, pour faire une carrière". Domoun lé pa kouyon, zot va vot pou zot in foi, pas dé…

Faites-vous référence à votre défaite en 2008, vous avez été battu par ce genre d'adversaire ?

J’ai été battu parce que j’ai fait des erreurs. La première, est de ne pas avoir mis Serge Camatchy sur ma liste. Il s'est présenté contre moi et il est parti avec les 10% qu’il m’a manqué pour remporter l’élection. Dès le lendemain de cette élection perdue, j’ai pris conscience de mes erreurs. J’en ai discuté avec mon épouse, j’ai entendu les critiques. Les gens ont dit “il veut faire la place trop vite pour son garçon”. J’ai compris qu’il fallait que je respecte leur tempo. Les Saint-Andréens voulaient aussi qu’on diminue le train de vie des élus, nous l’avons fait dès notre retour à la tête de la commune en 2014. Il faut écouter les gens quand on fait de la politique, il faut avoir des sentiments.

 

Clientélisme ? Virapoullé préfère parler d'humanisme

En disant ça, on pourrait vous accuser de pratiquer le clientélisme…

Il faut distinguer clientélisme et humanisme. Le clientélisme, c’est donner pour avoir une voix. En tant qu'humaniste, on peut apporter son aide, les gens sont ensuite libres de voter comme ils l’entendent.

Vous êtes donc un humaniste complètement désintéressé…

J’ai 72 ans, je ne vis pas de politique, je vis de convictions. Je suis content quand l'une de mes convictions l’emporte.

Cela fait 43 ans que vous faites de la politique. Quand vous regardez dans le rétro, quel est votre plus grand regret ?

Après les Régionales de 1998,  Paul Vergès et moi aurions dû trouver un accord pour travailler ensemble. Nous avons dépensé beaucoup d’énergie à nous opposer l'un à l'autre alors que nous aurions dû mettre cette énergie dans la construction d'un projet commun pour l'île.

Et votre plus grande satisfaction ?

C’était le jour en mars 2000 où en arrivant à l’Assemblée nationale, j’ai appris que le projet de loi sur la bidépartementalisation, auquel j’étais opposé, avait été retiré.

 

"Je voudrais finir cette longue vie de combat politique par un repas fraternel" avec Vergès

Quand passerez-vous la main ?

Certains disent que je mourrai en politique. Je suis branché avec la population pour voir à quel moment je vais passer le relais à Saint-André. Pour ce qui est de mon engagement au Conseil régional, j’irai au bout de mon mandat, parce qu’il y a encore beaucoup de choses à faire.

Que reste-t-il de votre combat avec Paul Vergès ?

Le combat a eu lieu, ce n’est pas un ennemi, c’est un adversaire politique. Lui voulait décoloniser par la sortie, moi par l’intégration. Les Réunionnais ont choisi et aujourd’hui, il n’y a plus de partisans de l’autonomie à La Réunion. Maintenant que le combat est fini, l’animosité doit cesser.

Seriez-vous prêt à manger un kari avec lui ?

S’il est disponible bien sûr, j’aimerais organiser cela avec Pierre Vergès. Je voudrais finir cette longue vie de combat politique par un repas fraternel. Ce serait une occasion de montrer aux Réunionnais qu’on peut s’opposer de manière très dure tout en se respectant, parce qu’au fond, on a une même vision, une même volonté : celle de voir la Réunion réussir.

www.ipreunion.com

guest
8 Commentaires
Le malbar
Le malbar
7 ans

Ça me donne envie de vomir même ds un interview il arrive même pas à dire la vérité ça confirme pour être un bon politicien il faut être un bon menteur lui il a le prix de l'excellence tout le monde c bien qu'il c réconcilié avec le king par intérêt personnel il faut d'abord arrêter de prendre le peuple pour des cons pour pouvoir nous respectés

Annie
Annie
7 ans

Oui la France & la Reunion se meurent du non renouvellement de la classe politique, des vestes retournées... des ententes qui finissent par des mésententes... Des passe-droits, des copains d'abord... Et j'en passe ... Quelle information ressort de l'interview ? Ah si, qu'il faut qu'il pense à demander à sa femme ... Bref, rien de nouveau sous le soleil !

TAGOUN
TAGOUN
7 ans

Y'en a marre de ces hommes politiques vieillissants, dont l'avenir est derrière eux qui larmoient, qui font les "humanistes" et donneurs de leçons, allez hop à la retraite et qu'ils créent une asso d'anciens hommes politiques et qu'en se réunissant ils mangent un kari et radotent sur leur passé.....

Tata
Tata
7 ans

OUBLIER LES FRAUDES ELECTORALES LES BOURRAGES D URNE.......

ca mem , depuis son mobile
ca mem , depuis son mobile
7 ans

Le Boug la point la honte il c'est fait piller par le globe trotter en2010 et maintenant il lui fait des courbettes vir ca

Zéro kalbass
Zéro kalbass
7 ans

"Zéro kalbass la fimé granbwa..." de crédibilité pour Mr Virapoullé. Il ne peut pas prétendre défendre les intérêts de La Réunion lorsqu'il vote un projet comme celui de la route du littoral dont plusieurs spécialistes qualifient de gabegie.

Gouffre
Gouffre
7 ans

S'il est vraiment soucieux des intérêts de La Réunion comment Mr Virapoullé peut-il siéger aux côtés de Didier Robert qui, notamment, avec son projet de route sur la mer est en train d'entraîner La Réunion vers un gouffre financier et écologique.

CHABAN
CHABAN
7 ans

Très belle interview, un habillé pour l'hiver.

Pas de transport collectif, c'est dit !!!

Ps Mme benssala (lol), merci pour le RTL de ce matin, la classe..