Un Réunionnais vivant à Londres raconte

L'après Brexit : une aubaine pour les touristes, des craintes pour les résidents européens

  • Publié le 20 juillet 2016 à 01:00

Il y a ceux qu'une chute de la livre inquiète et ceux qui s'en réjouissent. Après la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, suite à un référendum le 23 juin dernier, les avis sont partagés. Pour les vacanciers, c'est peut-être le moment de réserver des vacances à Londres, réputée pour être une destination chère. Les résidents français qui travaillent au pays de la Reine mère sont quant à eux plus prudents. Même le FMI a revu ces prévisions de croissance à la baisse.

Près d'un mois après la décision historique des Britanniques de quitter l'Union Européenne, les secousses de ce séisme politique, économique, et même identitaire, se font encore ressentir. Panique sur les marchés asiatiques, chute de la livre, démission de Cameron et arrivée de Theresa May au poste de premier ministre, le résultat du référendum a été à l'origine d'une réaction en chaîne, dont on ne connaît pas encore l'issue. Le Royaume-Uni a deux ans pour quitter l'Europe, et les Européens prennent peu à peu conscience des impacts que pourraient avoir cette décision.

- Réservations de vols en hausse -

Il y a les bonnes nouvelles d'abord. Grâce à la chute de la livre - elle s’est dépréciée d’environ 10 % en termes effectifs nominaux entre le 23 juin et le 15 juillet selon le FMI - l'industrie touristique britannique est l'une des rares du pays à pouvoir tirer profit rapidement des conséquences du Brexit. "Le tourisme a le potentiel de bénéficier d'une livre sterling plus faible face à l'euro", juge VisitBritain, en charge de la promotion des atouts touristiques de la Grande-Bretagne.

Selon l'organisme, qui cite des données récoltées par ForwardKeys, les derniers chiffres sur les réservations de vols internationaux vers le Royaume-Uni ont montré un bond de près de 10% (+9,4%) depuis le référendum (24 juin-2 juillet) par rapport à la même période de l'année dernière tandis que les recherches en ligne de séjours ont augmenté d'après les tour-opérateurs.

- La croissance mondiale en berne -

"Pour mes vacances, c'est super bien. Elles sont moins chères à chaque minute !", se réjouit Robbert de Reus, de Middelburg aux Pays-Bas. "A part les Américains qui dépensent plus qu'avant, nous n'avons rien noté de spécial", nuance Mara Oliveira, responsable de CGX Accessories, une boutique de souvenirs. Ashik Av, vendeur chez Cool Britannia, ne voit lui que la morosité engendrée par le Brexit. "Nous ne voyons rien de positif. Les touristes sont en pleine confusion", assure-t-il.

Car depuis le Brexit, il y a les mauvaises nouvelles, et les incertitudes. Le Fond monétaire international estimait ce mardi 19 juillet que la croissance britannique devrait tomber à 1,7 % en 2016 et 1,3 % en 2017, alors que les prévisions étaient de 1,9 % et 2,2 % en avril. Mais le Brexit devrait également affecter la croissance mondiale selon le FMI. Le produit intérieur brut (PIB) mondial ne devrait plus progresser que de 3,1% en 2016 et de 3,4% en 2017, marquant un recul de 0,1 point par rapport à avril et une inquiétante stagnation par rapport à 2015.
 

- Les résidents de nationalité française dans le flou -

Des conséquences économiques mais aussi "pratiques" que redoutait déjà Salim, dès l'annonce du résultat du référendum. Ce Réunionnais de 31 ans, qui vit à Londres depuis deux ans et demi, avoue avoir été choqué en apprenant la victoire du Leave. "J'ai trouvé que la campagne n'abordait pas du tout les questions de fond. Elle s'est surtout centrée sur l'immigration, la restauration des frontières, la fierté nationale. Beaucoup de mensonges ont été dits, notamment sur le budget, par le camp du "Leave". Mais les arguments du camp "Remain" n'etaient pas forcement mieux, jouant sur la peur et n'expliquant pas clairement les consequences d'une sortie".  Ces conséquences d'ailleurs, même après le résultat, restent encore floues pour les résidents européens. "Les negociations vont durer deux ans, on ne sait pas si il va falloir un visa pour travailler, s'il sera lié à l'entreprise qui nous emploie comme aux US, ou si nous serons libres de changer de poste facilement ? On ne sait pas non plus si on aura toujours accès gratuitement à la NHS (l'équivalent de la sécurité sociale)", se questionne Salim.

- Des histoires de double-nationalité -

Elsa, jeune maman de 31 ans, professeur de Français à Southend-on-Sea et mariée à un Anglais, n'est quant à elle, "pas vraiment triste du resultat", puisque, "la bonne nouvelle, c'est que David Cameron dégage", et puis, "la chute momentanée de la livre va me permettre de transferer les euros que j'avais encore en France sur mon compte anglais, ironise-t-elle. En revanche, ça m'embête pour mes enfants car il va peut-être falloir que je me soucie des histoires de double-nationalité. Après, je ne pense pas que le Royaume-Uni va "virer" les Européens, ils sont nombreux à travailler dans la santé et l'éducation publique, et le pays a déjà du mal à recruter. Mais ce qui me fait le plus râler, c'est que la plupart des chefs de partis qui jubilent aujourd'hui sont d'extrême-droite". 

Et ce n'est pas la nomination de l'ancien maire de Londres, Boris Johnson, contesté pour ses approximations ou ses boutades de mauvais goût, qui devrait rassurer. Salim se veut néanmoins positif.  "Londres a voté massivement pour le remain,  je ne sens pas d'hostilité dans cette ville et je vais continuer à adorer cette qualite de vie".

www.ipreunion.com

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