Conjoncture économique à La Réunion

Sursaut encourageant du climat des affaires

  • Publié le 25 décembre 2016 à 15:52

L'Institut d'émission des départements d'outre-mer (IEDOM) publie sa note de conjoncture trimestrielle. Après un début d'année plus hésitant, le regain de confiance des chefs d'entreprise, au troisième trimestre 2016, est rassurant quant aux craintes d'un essoufflement de l'embellie. Toutefois, le signal d'une possible accélération économique reste à confirmer.

L’indicateur du climat des affaires (ICA), qui traduit l’opinion des chefs d’entreprise interrogés sur la conjoncture, gagne près de trois points au troisième trimestre 2016. À 102,1 points, il repasse ainsi au-dessus de sa moyenne de longue période et de celle des années 2014 et 2015 (et), ce qui traduit un contexte conjoncturel bien orienté. Après deux trimestres plus hésitants, ce regain de confiance des chefs d’entreprise atténue les craintes d’un essoufflement, voire d’une inflexion de l’embellie.

L’opinion favorable exprimée sur le trimestre écoulé contribue positivement à l’amélioration générale. Néanmoins, ce sont surtout les anticipations pour le prochain trimestre qui tirent l’indice à la hausse. Le net redressement des prévisions d’investissement des entrepreneurs et les perspectives plus favorables en termes d’activité et de délais de paiement sont particulièrement de bon augure. Le signal d’une possible accélération économique reste toutefois à confirmer.

Ce regain de confiance dans le climat des affaires se retrouve dans la plupart des indicateurs conjoncturels du
trimestre. La consommation des ménages accélère à nouveau. Les échanges commerciaux sont au plus haut. La hausse des importations de biens à destination des entreprises témoigne de leurs intentions d’investir. En dépit de ce contexte favorable, le nombre de demandeurs d’emploi augmente légèrement au troisième trimestre.

Légère remontée de l’indice des prix


Comme au trimestre précédent, l’indice des prix à la consommation (IPC) progresse de 0,4 % au troisième trimestre 2016. Cette légère hausse est liée à l’augmentation des prix des services et de l’énergie. Au cours des neuf premiers mois de l’année, la croissance des prix s’établit à +0,2 % en moyenne par rapport à l’année dernière (qui avait été marquée par une contraction des prix de 0,3 % sur l’année).

Selon les chefs d’entreprise interrogés, les contraintes sur les prix de vente sont de moins en moins fortes. À noter que les cours de la plupart des matières premières progressent par rapport au début de l’année, malgré une légère inflexion à fin septembre.

L’amélioration du marché du travail marque le pas


Après avoir diminué de 1,7 % à fin juin 2016, le nombre de demandeurs d’emploi enregistrés en catégorie A à Pôle emploi augmente de 0,9 % et s’établit à 135 650 (CVS) à fin septembre. Cette hausse concerne toutes les catégories d’âge à l’exception des demandeurs d’emploi de moins de 25 ans dont la situation se stabilise (-0,1 %). En rythme annuel, le nombre de demandeurs d’emploi continue de diminuer mais à un rythme plus faible qu’au trimestre précédent (-0,7 % après -1,6 % en juin 2016).

Cette hausse des demandeurs en catégorie A est à relativiser par rapport à la nette baisse du nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie D (-25,5 % après +29,6 % à fin juin 2016). Une partie de ces demandeurs d’emploi sortant de formation et n’ayant trouvé aucun emploi ont rebasculé dans la catégorie A.

Par ailleurs, l’emploi salarié marchand reste dynamique avec une progression de 0,8 % au second trimestre après +0,2 % à fin mars 2016. Cette embellie se retrouve dans le jugement favorable des chefs d’entreprise sur l’évolution de leurs effectifs.

La consommation des ménages réaccélère


Tous les indicateurs de la consommation des ménages sont au vert au troisième trimestre. Les ventes de véhicules de tourisme sont dynamiques, contrairement au trimestre précédent, avec une hausse de 11,2 %. Les importations à destination des ménages sont également bien orientées : +1,7 % pour celles de produits courants, +4 % pour les biens d’équipement et +2,9 % pour les produits des industries agroalimentaires. Les encours de crédits à la consommation sont au plus haut niveau. Ils progressent de 1,5 % à fin septembre après +2,2 % au deuxième trimestre, soit +6,1 % en glissement annuel.

Si les professionnels du secteur du commerce perçoivent une activité mieux orientée, ils font cependant état d’une dégradation de leur trésorerie, dans un contexte de tensions des prix de vente et d’allongement des délais de paiement.

Les intentions d’investissement en net redressement


Les intentions d’investir des chefs d’entreprise sont en net redressement dans la plupart des secteurs. Les ventes de véhicules utilitaires augmentent de 0,8 % (CVS) au troisième trimestre par rapport à fin juin 2016 (+4,0 % en un an). Les importations de biens intermédiaires progressent de 5,8 % alors que celles de biens d’équipement diminuent de 14,1 % sur ce trimestre mais s’inscrivent en hausse sur l’année (+13,9 %).

Les encours de crédit aux entreprises se stabilisent mais sont bien orientés sur un an (+0,8 %), plus particulièrement ceux à l’investissement (+1,5 % en un an). L’encours des crédits à l’habitat des ménages progresse de 7 % sur un an.

Des échanges commerciaux dynamiques

Les exportations repartent à la hausse (+15,4 %, CVS), après une baisse de 16,7 % au deuxième trimestre 2016. Cette progression s’explique essentiellement par la hausse de 26,8 % des exportations des produits des industries agroalimentaires notamment celles de sucre. Sur les neuf premiers mois de l’année, les exportations progressent de 18,3 % par rapport à 2015.

En dépit d’une bonne tenue de la consommation des ménages, les importations baissent de 3,1 % (CVS) à fin septembre. La réception d’un Boeing 787 par Air Austral en juin dernier gonfle les importations totales du deuxième trimestre 2016 et explique le repli de ce trimestre. Hors avions, les importations progressent de 3,9 %.

DES PERSPECTIVES FAVORABLES DANS LA PLUPART DES SECTEURS

Après un premier semestre plus hésitant, les chefs d’entreprise semblent être plus confiants pour la fin d’année. L’activité est jugée moins dégradée dans la plupart des secteurs et l’évolution des effectifs est positive. Par ailleurs, les prévisions d’investissement se redressent nettement et les perspectives en termes d’activité et de délais de paiement sont favorables.

Les chefs d’entreprise du secteur de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage conservent une opinion négative de leur activité et de l’évolution des effectifs. Leur trésorerie se stabilise au troisième trimestre alors que les prix de vente, les charges et les délais de paiement évoluent favorablement.

Les perspectives sont toutefois mieux orientées en termes de trésorerie et d’investissement mais restent dégradées au niveau de l’activité et des effectifs. Les difficultés de la filière élevage se sont poursuivies ce trimestre, et plus particulièrement pour la volaille. Les abattages de volailles diminuent ainsi de 11 % (CVS). Plus modérément, les productions de bovins et porcins se contractent respectivement de 4,3 % et 1,3 % (CVS) mais sont bien orientées sur l’année.

En dépit d’une légère inflexion au cours du troisième trimestre, le courant d’affaires du secteur des industries agroalimentaires (IAA) ainsi que le niveau des carnets de commandes restent bien orientés. En revanche, les délais de paiement continuent de se dégrader sans toutefois impacter la trésorerie.

Les anticipations en termes d’activité et d’investissement sont mitigées, voire dégradées. Les exportations de rhum baissent de 15,6 % (CVS) à fin septembre par rapport à fin juin 2016 mais sont bien orientées sur un an (+22,4 %). Les exportations de produits IAA progressent de 26,8 % après une baisse de 16,7 % au deuxième trimestre, en lien avec celles de sucre.

Au troisième trimestre 2016, les professionnels du secteur des industries manufacturières indiquent une activité moins bien orientée. Le niveau de carnet de commandes et les délais de paiement se sont dégradés. Cependant, les professionnels du secteur ont pratiqué une hausse de leurs prix de vente et réduit leurs charges favorisant ainsi le niveau de leur trésorerie. Leur opinion sur l’évolution des effectifs reste positive. Les anticipations émises pour le prochain trimestre sont favorables en termes d’activité et d’investissement.

Le volume d’activité du secteur du bâtiment et des travaux publics ainsi que le niveau des carnets de commandes sont jugés moins dégradés par rapport au trimestre précédent qui avait été impacté par le mouvement de grève en avril. L’opinion des chefs d’entreprise sur les délais de paiement et leurs charges s’améliore. À l’exception des délais de paiement, les perspectives sont peu optimistes. Conformément à l’opinion favorable des professionnels du secteur, les effectifs salariés inscrits à la Caisse des congés payés du BTP progressent de 1,4 % (CVS).

Les chefs d’entreprise des services marchands portent un jugement moins dégradé sur leur activité du troisième trimestre par rapport aux deux premiers trimestres de l’année 2016. Leur opinion devient même positive sur l’évolution de leurs effectifs. Ils sont nettement plus optimistes pour la fin d’année notamment dans leur prévision d’investissement, de trésorerie et d’activité.

L’opinion des professionnels du tourisme sur leur activité et leurs effectifs devient favorable après avoir été négative au cours des deux derniers trimestres. Elle reste toutefois défavorable sur le niveau de leur trésorerie et l’évolution de leurs charges. Les prévisions d’investissement et de trésorerie s’annoncent favorables.

L’activité hôtelière reste dynamique avec l’ouverture de nouveaux établissements en 2015. Le nombre de nuitées progresse de 5,5 % (CVS). Le nombre de passagers aériens sur l’axe La Réunion-métropole est quasi-stable (-0,5 %, CVS) affecté par la baisse de trafic liée à l’ouverture de la ligne directe Dzaoudzi-Paris en juin dernier.

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