Tribune libre de Monique Orphé

Marre des publicités sexistes

  • Publié le 17 mai 2017 à 16:31

À l'approche de la fête des mères, le magasin réunionnais Vogue a cru faire le plus beau des cadeaux aux mamans, aux soeurs, aux cousines, aux adolescentes et plus généralement à toutes les femmes : il a parsemé sur toute l'île des publicités sexistes présentant une femme dans une posture aguicheuse absolument pas naturelle, en sous vêtements, en sous-titrant le tout par trois petits mots au ton soi-disant libertaire et pourtant lapidaire" Allumeuse, et alors ? ".

Et alors ? Et alors, une fois de plus le corps de la femme est utilisé à outrance pour promouvoir un objet de consommation comme si les deux étaient nécessairement liés. Les publicitaires nous imposent ainsi leur normes et leurs fantasmes et les femmes ne sont plus disposées à laisser faire cette association d’images. La vigilance doit être de mise à tous les instants. D’abord parce que la publicité a nécessairement un impact sur l’image et le rôle de la femme dans la société. Elles incitent nos jeunes filles à la boulimie, l’anorexie, le recours à la chirurgie esthétique et nos jeunes hommes à développer des comportements machistes ou de violence sexuelle.

Ensuite, il n’y a rien de plus sexiste que d’utiliser le terme d’ " allumeuse " pour une femme. Allumeuse pourquoi ? Parce qu’elle porte des sous-vêtements ? Dirait-on qu’un homme est un allumeur parce qu’il porte des sous-vêtements ? Le sous-vêtement est présenté là comme un objet de fantasme pour les hommes, hors il est d’abord un vêtement de confort et de maintien pour les femmes. Nous portons des sous-vêtements avant tout pour nous-même.

Ces publicités ne doivent pas être prises à la légère : tolérerait-on des affiches homophobes ou racistes ? Bien sûr que non. Le sexisme doit provoquer la même indignation car ce sont les rapports femme-homme qui sont en jeu et donc l’équilibre même de notre société. Il faut continuer à lutter pour que la publicité ne propage pas les stéréotypes de genre, pour qu’elle ne banalise pas la sexualité qui rend les femmes plus vulnérables à la violence, pour qu’elle n’impose pas de normes de mensurations corporelles portant atteinte à l’estime d’elles-mêmes, enfin elles ne doivent pas être axées sur des valeurs de séduction, de charme et de sexe qui ciblent principalement les fillettes et les adolescentes contribuant ainsi à leur hypersexualisation.

Le maire de Londres a agi dès son élection en 2016 pour limiter les publicités associant le corps des femmes à des objets de commercialisation en passant des contrats avec les afficheurs publicitaires. En 2017, la maire de Paris Anne Hidalgo, lui a emboîté le pas en faisant interdire les publicités sexistes dans la capitale.

A la Réunion, à l’avant garde, nous avons dès 2009, signé une charte contre les publicités sexistes qui fleurissaient alors sur l’île. Je constate aujourd’hui que certains commerciaux se laissent aller à certaines dérives que nous ne laisserons pas passer. J’appelle les maires réunionnais à agir pour refuser ces affiches sexistes. J’appelle donc les femmes et les hommes de notre île à boycotter ce magasin à l’origine de cette publicité qui porte atteinte à la dignité des femmes.

 

Monique Orphé

Députée de la 6ème circonscription de la Réunion

Vice-Présidente de la Délégation aux Droits des Femmes à l’Assemblée nationale

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