Les apiculteurs participaient à Miel Vert à la Plaine des Cafres jusqu'à l'interruption de l'événement ce mercredi 17 janvier 2018 à cause des fortes averses provoquées par la tempête tropicale Berguitta. Dommage pour eux car ils espéraient écouler leurs stocks. Ces professionnels ne produisaient en effet quasiment pas une goutte de miel de letchis en 2017. La faute à une baisse de la récolte du fruit de 85 %. Certains de ses professionnels évoquent la fin de leur activité s'ils revivent une année 2018 similaire à l'an dernier. Sans oublier la menace du varroa. Le parasite se propage dans les ruchers réunionnais. (Photo d'archives)
Comme le confirme Pascal Fontaine, installé à Bras Creux, dans le quartier tamponnais. Son fils, salarié, travaille avec lui. Ce dernier perdait une vingtaine de ruches à cause du varroa. Quant au miel fabriqué en méthode biologique à partir des letchis, Pascal Fontaine n’en avait pas eu en 2017. En 2016, il en faisait 6 tonnes. La faute à une floraison catastrophique.
Les apiculteurs participent actuellement à Miel Vert à la Plaine des Cafres. Ils espèrent écouler leurs stocks de l’an dernier car ces professionnels ne produisaient quasiment pas une goutte de miel de letchis en 2017. Le point avec Pascal Fontaine, apiculteur au Tampon. pic.twitter.com/b9uutb9foj
— Thomas Selly (@Thsly) 14 janvier 2018
Il espère bien évidemment une meilleure récolte en 2018. Le Tamponnais se désolait également de la "faible fréquentation" à Miel Vert. Et prie pour ne pas revivre une année blanche car lui et d’autres professionnels évoquent clairement le risque d’une cessation d’activité.
Joseph Francomme, producteur à Saint-Joseph, ne le cachait pas quand nous l'interrogions : si un cyclone touchait l’île, ce serait la catastrophe avec les prochaines récoltes de baie rose prévues dans les semaines à venir.
Les rafales de vent risquaient d’endommager les ruches disséminées dans plusieurs forêts du département. Lui aussi s'inquiétait de Berguitta. Étant donné les dégâts constatés dans les exploitations agricoles après le passage de la forte tempête tropicale, on peut imaginer que les ruchers ont dû être touchés de plein fouet. Autre source d'inquiétude : le varroa. Les abeilles seraient en mauvaise forme à cause de cette maladie propagée par ce parasite.
Joseph Francomme, producteur à Saint-Joseph, ne le cache pas : si un cyclone toucherait l’île, ce serait la catastrophe avec les prochaines récoltes prévues. Les rafales de vent risqueraient d’endommager les ruche disséminées dans plusieurs forêts du département. pic.twitter.com/9ut9tyGLSM
— Thomas Selly (@Thsly) 14 janvier 2018
Un avis partagé par Bruno Ariapouri. Le producteur de miel au Tampon depuis une quinzaine d’années craignait également les conséquences des fortes plues. "C’est fini si jamais on revit une année pareille ou si un cyclone nous passe dessus", commentait-il. 2018 va donc s'annoncer là encore très compliquée.
Lire aussi : la menace Berguitta se rapproche
Il revient sur sa production de miel de letchis. Une petite récolte, passée de 2 tonnes à 100 kilos. Lui aussi craint la disparition pure et simple de son activité.
Un avis partagé par Bruno Ariapouri. Le producteur de miel au Tampon depuis une vingtaine d’années s’inquiète également de l'influence de Berguitta. Il le dit : "C’est fini si jamais on revit une année pareille ou si un cyclone nous passe dessus." pic.twitter.com/cUJfZ692Km
— Thomas Selly (@Thsly) 14 janvier 2018
Il détaille les méthodes utilisées afin de lutter contre le varroa. L’absence de letchis additionnée à ce problème lui posent de grandes difficultés. Retrouvez ses explications.
Il détaille les méthodes utilisées afin de lutter contre le varroa. L’absence de letchis additionnée à ce problème lui posent de grandes difficultés. Retrouvez ses explications. pic.twitter.com/f6XbgO4buQ
— Thomas Selly (@Thsly) 14 janvier 2018
Les traitements chimiques voire même biologiques ne lui paraissent pas si efficaces. Son collègue Pascal Fontaine utilise, lui, des traitements bios. Il doit veiller à employer les bons produits. Les récents comptages dans les ruches n'annoncent pas bons. La maladie revient toucher les abeilles.
L'apiculteur Pascal Fontaine utilise, lui, des traitements bios. Il doit veiller à employer les bons produits. Les récents comptages ne sont pas bons. La maladie revient toucher les abeilles pic.twitter.com/IxtXqaDmvH
— Thomas Selly (@Thsly) 14 janvier 2018
Pour rappel, le varroa destructor représente une menace directe pour les abeilles. Olivier Esnault, vétérinaire épidémiologiste et spécialiste de l’apiculture au GDS (Groupement de défense sanitaire), déclarait fin octobre dernier : "On ne peut pas se projeter ! Sur un territoire tel que La Réunion, qui est un confetti, il est possible que l’on n’ait plus d’abeilles dans 5 ans avec le varroa."
Lire aussi : Dans 5 ans, il pourrait ne plus y avoir d'abeilles à La Réunion
2017 fut aussi une année zéro concernant les letchis. Les professionnels de la filière tablaient sur une diminution de la récolte de 85 %. Presque 10 % des 400 producteurs se voyaient menacés de disparition. La faute à un hiver trop doux et à une mauvaise floraison.
Début décembre, le conseil départemental débloquait entre autres une aide exceptionnelle à l’entretien à hauteur de 2.000 euros par hectare. La collectivité intervenait dans la limite d’une aide globale d’1 million 4 d’euros.
D’autres apiculteurs interrogés à Miel Vert aimeraient bien bénéficier d’un tel dispositif. "Nous faisons aussi partie du cycle de production des letchis. Il ne faut pas seulement aider les producteurs de letchis. Aux collectivités de nous donner un coup de pouce aussi", glisse l’un d’eux, désireux de conserver son anonymat.
ts/www.ipreunion.com