Au Piton de La Fournaise (actualisé)

Ils veulent un accès à l'enclos pendant les éruptions

  • Publié le 9 mai 2018 à 09:54

Les accompagnateurs et guides en moyenne montagne de La Réunion désirent accéder à l'enclos du Piton de la Fournaise lorsqu'il est en éruption. Ils ont lancé le projet il y a plus d'une décennie mais aujourd'hui, ils n'ont toujours pas obtenu de dérogation de la part de la préfecture.

Le projet est dans les cartons depuis de longues années. Pour obtenir une dérogation de la préfecture qui leur permettrait d'accéder à l'enclos du Piton de la Fournaise lors des éruptions, les accompagnateurs en moyenne montagne ont participé à une formation en 2010. Menée auprès de l'organisme de formation le SUFP de la faculté de La Réunion, cette formation intitulée "Risques Volcan" a été suivie par vingt accompagnateurs.

Mais cette formation n'a pas été reconnue par l'organisme de tutelle du syndicat national des accompagnateurs en montagne, la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de La Réunin. De quoi mettre le projet en sommeil. 

"Il y a trois ans, nous avons relancé le sujet" rappelle Arthur Taillebois, membre du collectif Rando Volcan. L'idée étant de créer un groupe de professonnels qualifiés d'accompagnateurs sur site en éruption. Aussi, l'Association sécurité volcan (ASV) a été créée en 2016 "pour géer la logistique de sécurité car le projet demande beaucoup de moyens" explique le président de l'association, Thierry Chambry. 

47 accompagnateurs se sont formés l'année dernière

L'année dernière, 47 accompagnateurs en moyenne montagne de La Réunion ont participé à une seconde formation qui a duré quinze jours et qui a été financée par la Région. Puis, lors de la dernière éruption de 2017, le 14 juillet, la préfecture leur a donné l'autorisation d'accéder à l'enclos pour organiser un test grandeur nature. Des membres de l'ONF, du Parc national ou encore des journalistes ont été accompagnés. 

Cette expérimentation a permis à la préfecture de mettre en lumière des points à améliorer. "Notamment les conditions de la reconnaissance du site, la gestion des accès à l'enclos, la chaîne de compte-rendu et l'emplacement de la zone d'accueil du public" peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé en novebre 2017.  S'ajoute une problématique supplémentaire : "le dispositif (...) nécessite également un investissement en matériel et une structuation de l'ASV qui porte ce projet". 

Un important investissement financier

"Il y a tout un protocole à mettre en place résume Arthur Taillebois. Par exemple, lorsqu'on a fait le test grandeur nature, on n'avait pas de réseau dans l'enclos". Depuis, l'association a investi plus de 10 000 euros. Notamment dans une station de radio numérique qui comporte un système de géolocalisation. "Pour que le coordinateur qui se situerait sur le parking Foc Foc puisse communiquer avec chaque personne qui se trouve dans l'enclos" précise Thierry Chambry. Il ajoute : "on a amélioré notre système. Sur l'éruption actuelle on aurait 100% de couverture radio".

80 personnes pourraient être accueillis dans l'enclos

Selon lui, si le projet se concrétise, 80 personnes maximum pourraient être accueillis dans l'enclos. Et chaque guide pourrait accompagner maximum sept personnes. Dans l'espoir d'avancer sur le dispositif, les accompagnateurs en montagne ont souhaité profiter de l'éruption qui s'est déclenchée le 27 avril 2018 pour réaliser une seconde phase de test. Ils ont adressé une demande à la préfecture de La Réunion. Mais ils n'ont pas otenu de réponse : "s'ils ne nous appellent pas c'est qu'ils ne nous autorisent toujours pas l'enclos pour le moment. Alors aujourd'hui, on patiente. Cela dit, nous, on se sent vraiment prêt à aller dedans " explique Thierry Chambry. 

"On n'attend que ça"

Organiser des visites au plus près de l'éruption serait, pour les professionnels, une aubaine : "ça a un intérêt touristique très important ajoute le président. C'est ce qui nous est le plus demandé". Ce que confirme Arthur Taillebois : "les deux premiers jours de l'éruption qui est en cours, mon répondeur était saturé". L'accompagnateur en montagne insiste : "pouvoir accéder à l'enclos, on n'attend que ça (...) Ça fait des années que ça traine. Ça fatigue un peu".

Le dispositif n'est pas "opérationnel"

Du côté de la préfecture, on indique ne pas avoir "eu le temps de recontacter les accompagnateurs suite à leur demande" : "il faut faire le point sur les investissements qui ont été réalisés depuis le test grandeur nature du 14 juillet dernier. Le dispositif n'est pas tout à fait opérationnel mais cela ne veut pas dire que le projet ne se fera pas".

Patience donc. 

sw/www.ipreunion.com (mis en ligne mercredi 9 mai 2018 à 3 heures - actualisé)

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4 Commentaires
Gerard
Gerard
5 ans

Quand les gens seront civilisés comme l'étaient nos anciens, et qu'ils ne chercheront pas à se défausser en cas de soucis, voir à pousser l'Etat en justice, là sans doute nos libertés seront envisagées. Dans les années 70, l'enclos était ouvert au peuple, même lors des éruptions, et il n'y avait pas de problème. Et plus il y aura de monde, plus il y aura de kamikazes, de téméraires, d'inconscients, de trompe la mort !

Pob
Pob
5 ans

Encore une fois on remarque que dès qu'un lieu PUBLIC présente un intérêt quelconque (plage, volcan, etc), beaucoup de professionnels "bien intentionnés" y voient un "un intérêt touristique très important" et sous couvert de cet intérêt, en demandent la jouissance sans limites. Je ne savait pas que "touristique" voulait dire financier. Que suis-je bête. On essaie encore de privatiser ,sous couvert des institutions, l'espace public. Après les restaurants de l’Hermitage, voila le tour du Volcan.
N'oublions pas, aussi, les raisons pour lesquelles l'enclos fût interdit au public. On pourra, bien sur, argumenter que le professionnalisme des spécialistes empêchera tout accident mais n'oublions pas aussi que le volcan, même sous surveillance, reste imprévisible et dangereux. Mais bon le prix "dérisoire" qui sera demandé pour ces excursions vaudra bien un ou deux "accidents" acceptables.

pas besoin de balisage
pas besoin de balisage
5 ans

L'utilité de baliser pourrait se comprendre pour les non initiés qui veulent precisement se passer d'accompagnateurs. Mais si les accompagnateurs ne sont meme pas capable de suivre une trace GPS qui a le merite de ne pas salir, c'est une raison supplementaire de ne pas leur laisser faire leur commerce à cet endroit. On se souvient de la grenouille à gros jabot qui a laissé en 2015, 100 metres de rubalise sur le flanc du piton de la fournaise. C'est qui qui est monté ramasser les dechets???? pas les accompagnateurs

vérité , depuis son mobile
vérité , depuis son mobile
5 ans

Je vais vous dire la vérité je travaille aux côté de ces décideurs . La faute est à l'ONF qui refuse de faire le balisage. Ils l'ont fait pendant 50 ans et maintenant ces fonctionnaires ne veulent plus travailler. C'est juste eux qui bloquent