Religion

Ramadan - Jeûner à La Réunion ou l'exemple du vivre-ensemble

  • Publié le 21 mai 2018 à 03:00
  • Actualisé le 21 mai 2018 à 13:10

Le jeûne du mois de ramadan a commencé il y a quelques jours pour les musulmans. Dans les pays arabo-musulmans, ce jeûne est facilité par un environnement adapté à cette période : jours de congés, horaires de travail aménagés, interdiction de manger et de boire en public, etc. À La Réunion, cette période de jeûne qui dure un mois peut être plus ou moins difficile pour les pratiquants. Pourtant, une fois encore, la société réunionnaise prouve sa capacité à permettre à chacun d'exercer son culte en toute liberté. Témoignages.

Les musulmans de La Réunion ont un avantage non négligeable sur la métropole, c’est l’hiver austral. Les journées sont bien moins longues et les températures plus douces. Le jeûne serait donc plus supportable. Mais ceux qui travaillent à l’extérieur ou qui sont en formation doivent tout de même faire face à quelques contraintes.

Horaires, patron, collègues, au travail, en stage ou à l’Université, l’expérience du jeûne est vécue bien différemment à La Réunion.

- "Le plus difficile c’est les horaires" -

Maryam a  20 ans, elle est étudiante en deuxième année de biologie à l’Université du Moufia. Elle raconte "avec les cours, mon emploi du temps est chargé, je passe mon temps à courir". Pour accomplir ses prières, entre deux cours, elle se rend chez une amie qui vit sur le campus. Maryam habite au Port et tous les jours, elle fait le trajet jusqu’à l’Université en transport. Pour rompre le jeûne, elle arrive rarement chez elle à temps "souvent je suis contrainte d’apporter quelque chose à manger avec moi, confie-t-elle, et je romps le jeûne dans la Car jaune". Elle avoue "c’est compliqué, mes horaires de cours ne sont pas du tout adaptés".

Nadia, elle, ne travaille plus mais elle dresse le même constat "le plus difficile à gérer quand on travaille, ce sont les horaires. Dans les pays musulmans, les horaires sont aménagés, mais ici, ce n’est pas le cas". Elle a la solution "pour ceux qui le peuvent, il faut poser ses congés pendant le mois de Ramadan".

- "Tu n’as pas le droit de boire non plus ? Moi, je ne pourrais pas"-

Pour Nadia, les collègues se divisent en deux catégories "ceux qui te souhaitent bon courage et attendent les gâteaux de l’Eid et ceux qui posent chaque année la même question ‘ça ne te dérange pas si je mange devant toi ?’" Chaque année, elle entend les mêmes réflexions "tu n’as pas le droit de boire non plus ? Comment tu fais ? Moi je ne pourrais pas".

Des idées reçues persistent sur le jeûne du mois de Ramadan. Elle l’avoue, elle aimerait que les gens comprennent que "ça ne fait rien, s’ils mangent et boivent" car, souligne-t-elle "le jeûne est un acte pour lequel on s’est préparé. Donc, non, manger un carri devant moi ne va pas me donner faim".

- L’essentiel, " c’est que le travail soit fait " -

Issa a 41 ans, il est plaquiste sur un chantier. Il raconte : "je débute le travail vers 8h30.  Une fois au travail, je peux prendre une pause pour accomplir la prière, je peux même me rendre à la mosquée pour accomplir la prière du vendredi. Je termine le travail avant l’heure de la rupture du jeûne".

Sur le chantier où il travaille, son patron est très compréhensif. "Il nous laisse toute la liberté quant à nos cultes. Il y a des sous-chefs musulmans, et d’autres cultes". Il poursuit "l’essentiel, c’est que le travail soit fait sur le chantier".  Son patron n’est pas musulman.

C’est aussi le cas pour Sayfdine. Il a 19 ans et a commencé le mois de Ramadan alors qu’il est en stage dans une société d’électronique pour deux semaines. Peu avant le début du Ramadan, Sayfdine a pris les devants "j’ai dit à mon patron qu’il se pourrait que je sois un peu fatigué dans les prochains jours parce que je vais jeûner, pour ne pas qu’il se pose des questions sur mon travail ".

En réaction, le patron de Sayfdine lui a proposé une solution pour que ce dernier reste actif pendant son stage "il m’a dit de venir travailler le matin, et je termine à 13 heures".

- "À La Réunion, je ne suis pas discriminé" –

Issa a vécu le jeûne en métropole avant de venir s’installer à La Réunion il y a un an. Il constate "ici, à La Réunion, l’Islam n’est pas une religion étrangère, lorsqu’on est avec un non musulman, il ne nous discrimine pas, il n’y a ni peur, ni crainte, mais une adaptation rapide". Il l’affirme, ici, il est "à l’aise".

À la différence de ce qu’il a connu quand il vivait et travaillait en métropole."En métropole, nous sommes contraints de nous cacher pour accomplir nos prières, ici nous pouvons expliquer clairement et il n’y a pas de problème" déclare-t-il.

La perception qu’avaient ses collègues de ses pratiques religieuses était moins bienveillante "en métropole, on a toujours peur du regard des collègues et il n’y a pas autant de facilité".

Mohammad Bhagatte, imam de la Grande Mosquée de Saint-Denis explique "Nous avons la chance à La Réunion de vivre sur une terre où nous bénéficions d'un vivre-ensemble et d'un faire-ensemble, nous le devons à nos aînés, qui ont oeuvré avec intelligence. Il appartient  à chacun de travailler pour maintenir cela en oeuvrant pour la paix sociale. Cela demande de multipilier les échanges". Il termine "je ne vois pas où il peut y avoir des difficultés, mais il faut rester vigilant, je suis de ceux qui vivent avec optimisme".

sjb/www.ipreunion.com

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2 Commentaires
Stupide
Stupide
5 ans

Si tout le monde pensait comme vous monsieur, ce serait come en métropole:peur, généralisation, intolérance. Bienvenue ici et ouvrez vous, vous verrez ca fait du bien.

Jose
Jose
5 ans

L'exemple du vivre ensemble...
Faut pas déconner, beaucoup se supportent parce qu'ils y sont obligés, les nuisances causées par certains rites agacent beaucoup de personnes, mais on fait avec.
Le Français est ainsi, sa résilience est sans limites, les minorités l'ont compris.